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Critiques de Mary-Jane Rubenstein (1)
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Worlds without End

Un livre qui se concentre sur la notion d'infinité physique dans la culture occidentale. Le monde est il fini ? A t-il eu un début ? Aura t-il une fin ?



C'est surtout l'époque comtemporaine qui a retenu mon attention, même si les Epicuriens, les Stoïcistes et, plus tard, Nicolas de Cuse et Giordano Bruno ont certainement dit leur mot. Et ce que j'ai découvert m'a vraiment frappé.



Bien sûr, le débat contemporain se situe d'abord en sciences naturelles plutôt qu'en philosophie. Alors : petit résumé des développements en deux disciplines qui ont marqué la seconde moitié du 20ième siècle :



En physique fondamentale, l'on développe pendant les années 1970 un modèle dit "standard" qui explique toutes les interactions entre particules élémentaires. Réalisation superbe, mais on lui trouve deux défauts : il faut y rentrer une vingtaine de paramètres sans explication ( les constantes fondamentales aux valeurs très précises) et il n'intègre pas une des 4 forces fondamentales : la gravité. L'on cherche alors à developper une théorie encore plus puissante : c.à.d. un modèle qui ferait plus avec moins. Dans les années 1980 émerge une ébauche de théorie qui prétend n'avoir qu'une seule constante fondamentale, et qui intègrerait la gravite. Une ébauche car elle prend plusieures formes, en fait une très grande quantité de formes, peut-être même une infinité. C'est la Théorie "M" qui aurait, dit-on, à titre indicatief seulement, 10 à la puissance 500 formulations. Ou une infinité.

Les années passent, la Théorie M devient de plus en plus complexe, son nombre de formulations possibles ne diminue certainement pas, et elle n'arrive pas à établir le contact avec l'observation ou avec l'expérience. Bref, 20 ans, 30 ans après des débuts si prometteurs, il devient de plus en plus difficile de nier qu'on est parti dans un banc de brouillard. Difficile mais pas impossible. Car il y un os. L'écrasante majorité des experts en physique fondamentale y a cru. S'est spécialisé en ce domaine. En, fait, y a effectué toute sa carrière. Et chaque année des petits nouveaux viennent rejoindre les rangs. Que faire maintenant ? Et bien ... redoubler d'efforts !



En cosmologie, la théorie du big bang s'est étoffé d'un complément, la théorie de l'inflation cosmique. Ceci afin de résoudre quelques problèmes que rencontrait le big bang. L'adjonction de l'inflation résout ces problèmes mais en pose d'autres. En particulier, l'inflation suppose l'existence d'un volume spatial (situé hors de notre univers observable) ou a lieu une production exponentielle continue d'espace et d'énergie. Ici ou là une bulle remplie de cette énergie se condense en matière et en rayonnement, son expansion exponentielle s'arrête et un univers est formé. Mais la création d'espace et d'énergie est beaucoup plus rapide que la condensation En d'autres termes, pour résoudre les problèmes du big bang l'on a du poser la création continue d'une infinité d'univers tous à jamais inconnaissables - car situés hors de notre volume observable ( notre univers).



Nous avons donc 2 communautés de chercheurs qui ont des problèmes :

les physiciens fondamentaux et les cosmologistes. Mais le problème de l'un ne serait il pas la solution de l'autre ? En d'autres termes, si l''infinité de formulations possibles de la théorie M concernait l'infinité d'univers prédits par la théorie de l'inflation.... il n'y aurait plus de problèmes ? A chaque univers sa théorie !



Bien sur, ceci est une instance de ce que les philosophes appellent la sous-détermination des théories. Souvent, un ensemble d'observations pourrait être expliqué par nombre de théories. Et il appartient à le communauté scientifique de déterminer laquelle est la meilleure, laquelle est censée représenter la réalité. Mais en absence de critères de sélection - qui en science empirique doivent être basés sur des observations, ou mieux, des expériences - comment choisir ? Que dire, quand la communauté répond : et bien, il y en a une infinité, ou tout au moins 10 exposant 500, et elles sont toutes vraies ?



De plus, les conséquences philosophiques de ces spéculations sont remarquables. En effet, s'il y a une quantité infinie d'univers, et seulement une quantité finie de façons d'organiser la matière, tout agencement devra se répeter un nombre infini de fois. Supposons que mme. A lise ces lignes. Il y a alors nécessairemet une quantité infinie de mesdames A. Toutes identiques. Il n'y a ni original ni copies, toutes sont interchangeables. L'homme n'a plus d'individualité - il n'y a plus de personne humaine. Il n'y a plus non plus de valeur de l'action humaine.Tout choix que vous ferez sera également fait par un nombre infini d'autres mmes.A. Ce que vous faites n'a donc rien d'unique, rien de personnel. Pourquoi le faire ? Ou est la valeur de votre acte - il a déja été accompli un nombre infini de fois ? Au fond, ou est votre responsabilité morale ? Supposons que mme. A tue mr. B. Et alors ? Il reste une infinité de mrs. B en vie. Ou est le problème ? D'ailleurs, puisque toutes les A ont tué "leur" B, pourquoi punir celle-ci ? Parce que la vie humaine a de la valeur ? Pas dans ce schéma.



Je lis ceci dans le prolongemant du livre de Lee Smolin ( "Rien ne va plus en physique" ). Et je dois dire que je trouve ces développements très inquiétants pour la science, et donc aussi pour la société.

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