22- Exception malheureuse à cette tactique : Le cas d'Avaricum
A l'unanimité, cet avis est approuvé. En un seul jour, plus de vingt villes des Bituriges sont incendiées. On fait de même dans les états voisins : de toutes parts on ne voit qu'incendies.
(...)
On délibère dans l'assemblée commune sur le cas d'Avaricum (2) : convenait-il de la brûler ou de la défendre ? Les Bituriges se jettent aux pieds des autres Gaulois ; ils demandent qu'on ne les force pas à mettre le feu de leurs propres mains à une ville qui est la plus belle peut-être de toute la Gaule, et l'ornement et la force de leur Etat ; ils disent qu'ils la défendront facilement, par sa position même, une place entourée presque de tous côtés par une rivière(3) et un marais, et qui n'a qu'un accès unique et fort étroit.
On se rend à leurs instances, Vercingétorix, qui les avait combattues d'abord, cédant enfin à leurs prières et à un sentiment de miséricorde pour le peuple. Les défenseurs qu'il lui faut sont choisis pour la place.
1. Vercingétorix n'a-t-il pas eu tort de céder ici à des prières et à un sentiment de pitié ? - 2. Pourquoi n'eût-il pas dû revenir sur sa décision première ? - 3. Quels traits ce chapitre ajoute-t-il à ce que nous savons : a) du caractère de l'homme ; b) de l'action du chef ?
(2) Bourges
(3) L'Yèvre autrefois Avara, d'où la ville d'Avaricum tirait son nom.
L'homme d'un seul livre : La personne qui, n'ayant lu qu'un livre, est extrêmement ferme et intransigeante sur les opinions qu'elle soutient.
Un proverbe latin dit : Timeo virum (kominem) unius libri ("Je crains l'homme d'un seul livre").
642 - [p. 236]
13 novembre 1805 - Occupation de Vienne par les Français. Napoléon s'installe à Schoenbrunn.
27 octobre 1806 - Entrée de Napoléon à Berlin.
19 décembre 1806 - Entrée de Napoléon à Varsovie.
2371 – [3ème de couverture]
« La Folie est la seule chose qui arrête la jeunesse dans sa fuite et retarde l’arrivée du dernier jour. »
Le plaisir alléche d'abord le lecteur, et, après l'avoir alléché, le retient. En général les goûts sont différents. Le plaisir flatte également tout le monde, à moins que l'on ne soit trop stupide pour être accessible au sentiment du plaisir littéraire. Et bien! ceux qui se choquent d'un livre où on ne publie aucun nom me paraissent tout proches de ces commères qui, si on dit du mal des femmes de mauvaises vie, se fâchent comme si l'outrage concernait chacune d'elles, et qui en revanche, si on loue les honnêtes femmes, s'applaudissent comme si l'éloge d'une ou deux concernait toutes les femmes.
Partout où les fleurs s'étiolent, l'homme ne peut vivre.
On prévint Sylla dictateur. Le général en chef sortit de sa tente, mais lorsqu'il eut vu le captif surpris et suppliant les deux légionnaires, il leur enjoignit de le délier et le reçut avec mille marques de respect. Sylla avait reconnu un Faune, un des derniers fils de Faunus dont la longévité maintenait encore sur la terre la race divine, déjà presque éteinte.
Il le considéra avec respect :
- Ô Faune, dit-il, salut, dernier des Faunes ! Comme je regrette que tu ne puisses me comprendre ni me parler ! Je t'aurais demandé de me conter ta vie depuis le temps où, l'Âge d'Or disparaissant du monde, votre race s'est peu à peu clairsemée... Que de choses, ô vieux Faune, tu as pu connaître, toi qui vis déjà depuis des millénaires !
Le Faune qu'encadraient les deux soldats poussa alors des cris gutturaux qui firent trembler sur l'autel du prétoire les grands vases de bronze servant pour les offrandes...
Sylla, pensif, le regarda longtemps. Le corps du Faune aux poils déjà blanchis par sa longue existence avait une couleur de feuille morte et de cendre.
Le dictateur écarta les deux soldats et, conduisant le Faune à la porte du camp :
- Tu es libre, ô Faune, lui dit-il.
Et il lui montra la forêt, la montagne voisine.
Le Faune comprit, bondit, disparut vers l'ombre de la nuit, emportant avec lui les secrets inconnus de l'Âge d'Or.
Deux obstacles principaux empêchent de réussir aux affaires : l'hésitation, qui trouble la clarté de l'esprit, et la crainte, qui montre le péril et détourne d'agir. La Folie en débarrasse à merveille ; mais peu de gens comprennent l'immense avantage qu'il y a à ne jamais hésiter et à tout oser.
Essais, livre III, chap. II,
Du repentir - 1580.
Je ne peins pas l'être, mais le passage.
On n'est pas homme sans être faible.