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Citation de Henri-l-oiseleur


[Les "routes de la soie" n'existent pas]
Ainsi, la soie a fait l'objet d'un commerce à l'intérieur de la Chine : cela ne fait aucun doute. Mais, à la périphérie, elle sert principalement de cadeau diplomatique : l'essentiel de ce que l'on trouve lors des fouilles montre qu'elle échappe au système des échanges. On ne peut exclure qu'il y ait aussi des achats, mais ils ne sont attestés ni par les textes, ni par l'archéologie, et il serait imprudent de s'imagine un commerce de la soie que rien ne documente. En revanche, on perçoit très bien, à partir des tombes de type Kourgan dispersées dans toute la Sibérie sud-orientale jusqu'en Asie Centrale, que les versements de l'empereur chinois sont ensuite largement redistribués aux membres de la cour Xiongnu [hunnique], aux féodaux locaux, qui eux-mêmes peuvent l'utiliser à leur gré...

La soie qui parvenait en Méditerranée était donc acquise ailleurs qu'en Chine, probablement en Asie Centrale et dans le bassin du Tarim chez les Sères [Tokhariens], où il s'agit pour une part importante de la soie chinoise offerte ... et revendue... De plus, Rome se procure une partie non négligeable de la soie qui lui est nécessaire en Inde du Nord-Ouest, dans les ports de Barbarikon et de Baryzaga... Les populations d'Inde du Nord-Ouest, largement habituées aux productions grecques ou hellénisantes, fournissaient une clientèle sensible aux importations venues de la Méditerranée. Leurs achats de vins, d'étoffes, de bijoux et de vaisselle en métal etc, compensaient les dépenses effectuées par les marchands romains pour la soie...

Si la soie vient bien de Chine, ce n'est pas là que les Occidentaux se la procurent, mais au Sinkiang ou en Inde pour l'essentiel. De plus, pour les Chinois, ce n'est guère un produit de commerce, et les routes qu'elle suit à la sortie de la Chine, reflètent surtout les relations diplomatiques de la cour des Han. L'idée de "routes de la soie" où s'activerait tout un peuple de caravaniers et de marchands pressés de répandre le produit phare de l'artisanat chinois convient peut-être à un régime plus soucieux de propagande que de vérité historique. Mais l'historien peut l'apprécier autrement et essayer de montrer la complexité d'un processus où s'entremêlent diplomatie et commerce.

pp. 221-224
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