Mais tout cela était dérisoire. Les colonnes de blindés allemandes avaient dû, déjà, par les grandes routes et les larges ponts, enjamber les rivières de France, et peut-être avaient-elles rejoint Bordeaux où le gouvernement, comme en 1870, s'était réfugié.
Alors un pont de plus ou de moins !
Il s'était pourtant redressé. Et il avait commencé à remonter la pente.
Miner et faire sauter ce pont, c'était peut-être le dernier acte qu'il devait accomplir, comme un geste de fidélité aux camarades morts, à ce qu'avaient été les espoirs de sa vie, et tout simplement parce que c’était l’ordre reçu et qu'il devait l’exécuter.
« Puisqu'il faut, ô mon Dieu, qu'on fasse la bataille, nous vous prions pour ceux qui seront morts demain : mon Dieu, sauvez leur âme et donnez-leur à tous, donnez-leur le repos de la paix éternelle », avait dit la Jeanne de Péguy.