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Citation de Blandine54


Partie du discours de Salvadore Allende prononcé le 11 septembre 1973

"Mes amis c'est la dernière fois que peux m'adresser à vous. La force aérienne a bombardé les tours de Radio Portales et de Radio Corporacion.
Mes paroles ne sont pas maquées d'amertume mais la déception et ces paroles seront le châtiment moral de ceux qui ont trahi leur serment : les soldats du Chili, les commandants en chef titulaires...et l'amiral Merino, qui s'est promu lui-même, sans oublier monsieur Mendoza, général perfide qui, hier encore manifestait sa fidélité et sa loyauté au gouvernement et qui, aujourd'hui, vient de s'autoproclamer directeur général des carabiniers.

Devant ces faits il n'y a qu'une seule chose que je puisse dire aux travailleurs je ne démissionnerai pas !
Placé à un tournant historique, je paierai de ma vie la loyauté du peuple.
Ils ont la force, ils pourront asservir, mais les processus sociaux ne s'arrêtent ni avec le crime ni avec la force.

L'Histoire nous appartient et ce sont les peuples qui la font. Travailleurs de ma patrie, je tiens à vous remercier de votre loyauté de toujours, de la confiance que vous avez déposée en un homme qui ne fut que l'interprète des grands désir de justice, qui donna sa parole de respecter la Constitution et la loi, et qui l'a tenue.

Dans cet instant ultime, le dernier où je puis m'adresser à vous, je vous demande que vous mettiez à profit cette leçon. Le capitalisme étranger et l'impérialisme unis à la Réaction, ont créé le climat pour que les forces armées rompent avec leur tradition.

Je m'adresse tout d'abord à la modeste femme de notre terre, à la paysanne qui a cru en nous, à l'ouvrière qui a travaillé plus, à la mère qui a compris notre préoccupation pour les enfants.
Je m'adresse aux travailleurs des professions libérales qui ont eu une conduite patriotique à ceux qui ont agi contre la sédition encouragée par les organisations professionnelles, organisation de classe qui n'ont fait que défendre les avantages d'une société capitalise profitant à quelques-uns.
Je m'adresse à la jeunesse, à ceux qui chantèrent et communiquèrent leur joie et leur esprit de lutte.
Je m'adresse à l'homme du Chili, à l'ouvrier, au paysan, à l'intellectuel, à tous ceux qui seront persécutés car dans notre pays le fascisme s'est déjà fait connaître depuis longtemps dans les attentats terroristes faisant sauter les ponts, coupant les voies ferrées, détruisant les oléoducs, bénéficiant du silence de deux qui avaient l'obligation d'assurer la défense. L'Histoire les jugera !

Radio Magallanes sera sûrement réduite au silence et le son tranquille de ma voix n'arrivera plus jusqu'à vous. Le peuple doit se défendre, mais pas se sacrifier. Le peuple ne doit pas se laisser cribler de balles ni écraser mais il ne doit pas non plus se laisser humilier.

Travailleurs de ma patrie, j'ai foi en mon Chili et en son destin. D'autres hommes sauront dépasser ce moment gris et amer où la trahison prétend s'imposer. Aller de l'avant et sachez que dans un avenir plus proche que lointain s'ouvriront à nouveau les larges avenues par où s'avancera l'homme libre pour construire une société meilleure.

Vive le Chili ! Vive le peuple ! Vivent les travailleurs !
Celles-ci sont mes dernières paroles.
J'ai la certitude que mon sacrifice ne sera pas inutile.
J'ai la certitude tout au moins qu'il sera une leçon pour châtier la félonie, la couardise et la trahison.
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