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Citations de Melissa Albert (32)


Everyone is supposed to be a combination of nature and nurture, their true selves shaped by years of friends and fights and parents and dreams and things you did too young and things you overheard that you shouldn’t have and secrets you kept or couldn’t and regrets and victories and quiet prides, all the packed-together detritus that becomes what you call your life.
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« Un jour glacial, dans un royaume fort lointain, naquit la fille d'une reine et un roi. Ses yeux étaient brillants et noirs, entièrement noirs. La sage-femme qui la déposa dans les bras de la reine s'enfuit aussitôt du château. La reine vit les yeux noirs et luisants comme des carapaces de scarabée de la fillette, et la détesta au premier regard. L'enfant était minuscule et ne faisait pas un bruit, pas même un cri le jour de sa naissance. Certaine qu'elle ne survivrait pas très longtemps, la reine refusa de lui donner un nom. Au début, la prédiction sembla se révéler exact : les mois passèrent, le bébé ne grandissait pas. Mais elle ne mourut pas non plus. Deux printemps fleurirent, fanèrent, et elle restait toujours aussi petite et silencieuse qu'au jour de sa naissance. On la nourrissait de lait de brebis car la reine refusait de lui donner le sein. Un matin, quand la nourrice entra dans sa chambre, elle découvrit que la petite avait grandi durant la nuit - elle était à présent grande comme une enfant de sept ans. Ses bras et ses jambes étaient frêles comme des pattes de grenouille, mais ses yeux étaient toujours du même noir provoquant. On décida donc qu'elle vivrait. Le roi supplia son épouse de lui donner un nom. Alors la reine choisit un nom petit et sans envergure, un nom inconvenant pour une princesse. Elle l'appela Alice. Enfin, Alice se mit à parler, et d'emblée par phrases complètes. Elle ne parlait qu'aux autres enfants, la plupart du temps pour les faire pleurer. Et une fois de plus, elle arrêta de grandir. Les années passèrent, et la famille royale commença à penser qu'elle resterait une enfant toute sa vie, à jouer des mauvais tours à ses frères et sœurs, et à effrayer les servantes avec ses yeux noirs. Jusqu'à un matin, si glacial que le souffle se figeait aux lèvres de ceux qui osaient mettre le nez dehors, où une gouvernante vint réveiller Alice et découvrit une fillette de douze ans endormie dans son lit. C'était une créature toute en pointes et en angles, un poulain à peine capable de se tenir sur ses nouvelles jambes. Il se murmurait parmi les domestiques que l'enfant avait été échangé pendant son sommeil, mais ses yeux étaient plus noirs que jamais, et son caractère restait inchangé : elle parlait plus et apparaissait là où on ne l'attendait pas. La cour avait bien du mal à conserver ses serviteurs, et les suivantes de la reine tenaient la princesse pour responsable. La gouvernante chargée de l'éducation d'Alice craignait le jour où elle trouverait à nouveau une étrangère dans le lit de l'enfant. Le matin où elle découvrit dans la chambre d'Alice une jeune fille de dix-sept ans, la femme maudit les dieux et quitta à son tour le château à jamais. Bien que jeune, la princesse était devenue très belle et avait au moins l'air d'avoir atteint sa majorité. Le roi, qui ne s'adressait que fort rarement à elle, posait à présent sur elle un regard avide. Les présents qu'il lui offrait n'étaient pas destinés à une fille dont il serait le père : une attache en forme de libellule en métal rouge pour son manteau, une fleur de verre soufflé qui ressemblait à un scorpion. La reine prit alors une décision : il était temps de marier Alice. Parce qu'elle était fille de roi dans un monde où ces choses-là se faisaient, la jeune fille demanda à ses prétendants d'accomplir un exploit. Elle accepterait d'épouser celui qui parviendrait à lui offrir de la glace provenant des lointaines cavernes du royaume pour en remplir sa pochette de soie. S'ils échouaient, ils mourraient. Bien évidemment, la plupart des prétendants étaient des imbéciles. Ils chevauchèrent jour et nuit pour satisfaire la demande de la princesse et remplir sa pochette de soie, mais chaque fois, elle fondit sur la route. Ils rapportèrent de la glace d'un cours d'eau gelé à un mille du palais mais Alice déjoua immédiatement la supercherie. Ou alors il lui faisait cadeau de diamants, espérant que la glace était une métaphore, et cette erreur leur coûtait la vie. Les hommes qui résolurent l'énigme étaient deux frères venus du Nord, à la peau aussi pâle que la glace qu'ils apportaient. Ils l'avaient enveloppée de sciure et taillée en morceaux avant de pénétrer dans le hall royal. Quand le frère aîné montra à Alice ce qu'ils avaient accompli, cette dernière se pétrifia. La couleur quitta son visage. Cela fit sourire le prétendant. "Mais lequel d'entre vous épousera-t-elle ?" demanda le roi. L'aîné sourit de plus belle. La cour commençait à comprendre que quand les frères souriaient, cela n'augurait rien de bon. "Nous ne voulons pas d'épouse, déclara l'aîné. Nous voulons une servante. Elle fera cuire notre pain, tiendra notre maison, et portera les enfants qui nous serviront après sa mort." La jeune fille ne dit rien. Au lieu de cela, elle saisit sa pochette et versa toute la glace dans sa gorge. En quelques instants, le givre s'épanouit le long de ses bras. Sa peau prit une teinte bleue, ses yeux se glacèrent et elle gela. Son père cria, sa mère hurla, les deux frères protestèrent mais finirent par accepter de l'emmener telle qu'elle était et de décider ce qu'ils allaient faire d'elle en route. Ils partirent cette nuit-là, les deux frères et la jeune fille attachée à un cheval que le roi leur avait offert en guise de dot. Sa mère la regarda s'éloigner, et ce fut comme si l'éclat de glace qui s'était logé dans son cœur le jour de la naissance d'Alice avait fondu. Les frères poursuivirent leur chemin jusqu'à ce que les étoiles dans le ciel aient presque disparu, puis ils établirent un campement. Ils étendirent leurs couches à même le sol, déposèrent la jeune fille immobile sous un arbre, et s'endormirent. Le plus jeune frère fit des rêves affreux, d'un renard avec des trous à la place des yeux, et d'un enfant qui riait en se noyant dans une mare glaciale. À son réveil le lendemain, alors que le soleil rouge se coulait à l'horizon, il trouva son frère mort. La peau de l'homme était hérissée de givre et ses yeux ouverts, gelés, affichaient une expression d'horreur. La fille était toujours aussi immobile. Son corps froid ne répondit pas quand le dernier frère le cogna violemment de sa botte. Il réfléchit à toute vitesse. Il laissa son frère où il était, leva le camp, et attacha les mains et les pieds de pierre de la jeune fille à l'aide d'une épaisse corde… juste au cas où. Il l'abandonna avec son frère pétrifié, et éperonna son cheval, comme s'il avait le diable aux trousses. Tandis qu'il chevauchait, un bruit lui résonnait dans les oreilles, comme le vent dans les branches gelés, et des pas dans la neige mouillée, glissant dans la nuit. Il accéléra. Quand son cheval fut couvert d'écume et qu'il se sentit trop affamé et trop épuisé pour continuer, il s'arrêta et établit son campement. Il resta assis toute la nuit, un couteau contre sa poitrine, entretenant un petit feu. Rien ne lui arriva ce soir-là, et il se trouva idiot. Jusqu'à ce que le soleil se lève et qu'il se tourne vers son cheval. L'animal était mort, une membrane de givre sur ses yeux, des cristaux de glace dans sa crinière. Le jeune frère continua son chemin à pied. Les arbres parmi lesquels il avançait étaient si épais que la lumière du soleil ne s'y infiltrait pas. Il ne rencontra personne en chemin. L'air qu'il respirait lui glaçait la gorge et lui gênait douloureusement les yeux alors qu'autour de lui débutait la fonte des neiges printanière. La nuit tombait à peine quand il s'allongea pour se reposer, si fatigué qu'il n'avait même plus la force d'avoir peur. Au moment où il ferma les yeux, la jeune fille sortit de derrière un arbre couvert de lierre rampant. Elle posa les mains sur ses yeux et sa bouche sur la sienne. Quand il fut mort, elle se redressa de toute sa hauteur. La glace était toujours en elle, et des nuages de brume tournoyaient dans ses yeux. Elle fit volte-face. Des effluves de lilas frais flottaient dans l'air, un gel tardif sur une floraison précoce. C'était l'odeur du parfum de sa mère. La princesse aux yeux noirs sentit battre le lointain château de ses parents comme le cœur d'un animal qu'elle voulait éliminer. Elle se mit en route. » pg 101 à 105.
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Je me souvenais moins de ma propre vie que des livres que j'avais lu...
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L'Hinterland ne racontait pas de gentils contes.
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Tout le monde est censé être un mélange d'inné et d'acquis. Notre personnalité est forgée par des années de relations amicales, de disputes, de parents, de rêves et de choses faites trop jeune, ou qui n'auraient pas du être entendues. Par des secrets gardés ou révélés, des regrets, des victoires et des fiertés refoulées. Un vaste tas de détritus compacts qui devient ce qu'on appelle notre vie.
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J’étais déjà le genre de fillette qui tâtonnait, les yeux fermés, au fond des meubles, à la recherche de portes secrètes comme dans Narnia, ou qui faisait des vœux en regardant la deuxième étoiles à droite au fond du ciel façon Peter Pan, chaque fois que la nuit le permettait.
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Encore une leçon de conte de fées : ne jamais regarder en arrière.
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" Cherche les feuilles que le rouge mordore

Recouds les mondes au fil d'or.

Si ton voyage reste inachevé,

Crains du soleil le lever."

Ses paroles me traversèrent comme une bourrasque de vent glacial. Les comptines me faisaient toujours cet effet, même les plus inoffensives. Celle-ci n'avait pas du tout l'air inoffensive.
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En cas de doute, la réponse c'est toujours la Mort. Avec un grand M. C'est le grand truc de l'Hinterland...
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La vie n'est jamais telle qu'on se l'imaginait enfant. Tout est plus petit qu'on le croyait, ou alors trop grand. Tout sent un peu bizarre et rien ne va parfaitement.
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Ça n'a jamais été mon histoire. C'était la vôtre.
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Son expression reflétait mon sentiment : le trou noir d'épuisement qui survient à la suite d'un traumatisme. Quand votre monde change du tout au tout, et que votre esprit chamboulé part dans des dérives intersidérales... c'est là que votre corps et tous ses besoins primaires s'imposent pour vous extirper de la folie.
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Danse avec nous ou va t'en, rêveuse.
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« Le monde était radieux, et la douleur inconnue. »
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- Tu es la petite-fille d'Althea. Va dans les bois. S'ils veulent que tu les trouves, tu les trouveras.
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Une faible lueur vacilla au bord de la route devant nous. C’était la lampe frontale d’un homme affublé d’un cycliste ridicule. Il courait sur place, les doigts sous son menton pour prendre son pouls. C’était si absurde que ça me fit sourire. Mais soudain, une femme à la peau mate en robe couleur neige se matérialisa à ses côtés et posa sa bouche sur la gorge de l’homme. Notre voiture les dépassa à toute allure et la route, le coureur et la femme disparurent dans l’obscurité derrière nous.
— Tu as vu ça ? m’écriais-je.
Finch sursauta et la voiture fit une embardée.
— Quoi ?
— Il y avait un joggeur…une femme…
Qu’avais-je vu exactement ?
— Est-ce qu’il y a des vampires dans l’Hinterland ?
Ses mains se crispèrent sur le volant.
— Pas tout à fait…
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Il s’effondra sans bruit et la créature se posa lourdement sur sa poitrine. Ses ailes dissimulaient ce qu’elle était en train de faire. Mon regard se posa sur la fille. J’étouffai un cri et serra la main de Finch. Les cheveux noir et blanc de la femme étaient parsemés de reflets rouges. Sa peau pâle prit une teinte pêche, ses lèvres se retroussèrent et sa cicatrice disparut. Mais le pire était l’impression de son visage. Un genre de… d’extase égoïste. L’oiseau se détacha de l’homme, se replia jusqu’à reprendre sa forme de cauchemar miniature et vola vers sa cage. La fille referma la porte et recula dans l’ombre de la haie.
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Parfois, je m’effrayais du peu de souvenirs que j’avais. Quand je regardais en arrière, ma vie se résumait à un long flou artistique de pluie sur le pare-brise. Si je tournais les yeux d’un côté, je voyais des gouttes d’eau sur la vitre. Si je les tournais de l’autre, c’était l’autoroute trempée qui s’étendait tout droit. Il ne me restait que les endroits intermédiaires, même pas ceux où nous nous arrêtions. Je n’avais plus que les autoroutes, les chemins de terre, les routiers. Les motels et leurs piscines tiédasses encrassées de feuilles mortes. Un verger où nous nous étions arrêtées sur un coup de tête en allant à Indianapolis, pour ramasser des pommes qui avaient le goût de banane, de bonbons et de fleurs.
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Si on n'a pas le livre que l'on veut, autant vouloir celui qu'on a sous la main.
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La vie n’est jamais telle qu’on se l’imaginait enfant. Tout est plus petit qu’on le croyait, ou alors trop grand. Tout sent un peu bizarre et rien ne va parfaitement, comme quand on enfile la chemise de quelqu’un d’autre.
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