Il entoura sa taille de son autre bras et enfouit son nez au creux de son cou pour respirer l’odeur de ses cheveux, le parfum de sa peau. Quel bonheur de goûter encore aux sensations d’un être vivant. Yuno connaissait la valeur d’une vie et il tenait à profiter de l’instant présent, car il était certain que cela ne pouvait pas durer. Il se laissa alors sombrer dans un état proche du sommeil.
La soif de pouvoir doit être éternelle et, en tant que méchant de l’histoire, vous vous devez de continuer sur la même voie. Ceux qui vous ont combattu vont s’en mordre les doigts. Maintenant, au lieu de régner d’une main de fer sur un pays d’êtres de chair et de sang, vous allez asseoir votre pouvoir sur un monde de morts…
Et comment leur en vouloir ? Lui-même n'avait véritablement saisi l'enfer du feu que le jour que le jour où il avait subi son premier bombardement. Avant cela, la guerre avait pour lui une aura de gloire, un peu abstraite. Il s'imaginait les batailles comme celles des tableaux du Louvre, épiques et éclatantes de bravoure. Mais non. La réalité, c'était les corps hachés par la mitraille, ensevelis et recrachés par les explosions. C'étaient les nerfs tendus à craquer par la peur des obus, la puanteur de la mort, la fatigue et la faim. Les chasses aux rats, les langues boueuses qui s'infiltraient, le grondement des canons partout autour, tout le temps.
Les secrets ne servent à rien quand on est mort.
L’idée de Descartes est que nous connaissons Dieu par la raison, mais nous ne le pénétrons pas de part en part…
En général, les fantômes sont des âmes perdues qu’il faut aider. Certains ont une mission qui les retient sur Terre, puis ils s’en vont lorsqu’ils l’ont accomplie. Et la dernière catégorie est la pire de toutes. Ces fantômes sont mauvais, ils ne cherchent qu’à tuer, faire souffrir et torturer.
Elle portait une robe d’organdi dont le corsage soulignait la finesse de sa taille et la générosité de ses courbes. Elle paraissait avoir vingt ans mais elle avait encore l’attitude gauche d’une adolescente. Ses bandeaux noirs et brillants étaient agrémentés de fleurs roses et blanches dont le parfum se mêlait à celui, plus subtil, de sa peau. Son visage semblait être fait de porcelaine et seule une légère rougeur colorait ses pommettes. Ses yeux étaient sombres, et l’on n’y distinguait pas l’iris de la pupille. Il avait déjà vu ces yeux-là, il l’aurait juré. Au premier abord, elle ne se montrait pas bien différente des autres jeunes filles à marier qui hantaient la piste de danse, avides de mettre rapidement la main sur un bon parti.
Il existe des personnes possédant un don qui peut paraître inutile, mais si on rassemble ces pouvoirs en une seule entité, alors cette dernière devient toute-puissante. Chaque fois qu’une lignée s’éteint, le don ne peut être transmis.
Maintenant qu’elle l’avait rencontré, elle pouvait dire adieu à son apparente perfection. Le masque vertueux qu’elle affichait allait s’effriter jusqu’à dévoiler sa véritable nature ; une nature bien moins pure que ce qu’elle pensait.
C'était la première fois que Maximilien faisait l'expérience d'un tel silence. Un silence presque palpable. Un silence dense, étouffant, une sorte de créature lugubre bien décidée à prendre possession des lieux.