J'ai connu mon père avant moi-même. Je suis donc un peu lui. En l'absence de mère, la poitrine osseuse de Silvestre Vitalicio fut mon unique giron, sa vieille chemise mon mouchoir, sa maigre épaule mon oreiller. Son ronflement monocorde fut mon unique berceuse.
Pendant des années, mon père fut une âme douce, ses bras faisaient le Tour de la Terre et en eux résidaient les plus anciennes quiétudes. Bien qu'il fût la créature étrange et imprévisible, je voyais dans le vieux Silvestre l'unique connaisseur de vérités, le devin solitaire de présages.