Citations de Michel Aglietta (93)
Bref, le développement inclusif et soutenable est la finalité hors de laquelle notre civilisation pourrait périr.
Le système monétaire hiérarchisé qui conforte la confiance dans la monnaie se dégrade en système homogène lorsque le poids des dettes s'accroît sans cesse parce que l'émission continue de liquidité permet qu'elles ne soient jamais réglées.
Le système Bitcoin rassemble une communauté porteuse d'un projet politique qui est la réminiscence de l'école autrichienne de l'ordre spontané, chère à Hayek : libertés individuelles, marché libre, rationalisation supposée des échanges par une procédure centralisée, mais supposée anonyme, qui rendrait cohérents les émissions et les transferts de monnaies privées en réalisant la finalité des paiements. Il s'agit d'une variété d'anarcho-libéralisme prétendant naturaliser la monnaie.
S'il s'agit d'un monopole privé de type du consortium que Facebook veut assembler, cela conduit à un pouvoir politique antidémocratique de la pire espèce.
Alors qu'en Allemagne, le suffrage universel découle du droit, en France il institue le droit.
Les régimes internationaux peuvent donc aider les États à réduire la gamme des comportements anticipés par l'adhésion à un principe supérieur commun d'ordre éthique (la croyance commune sur le devoir-être) et par le respect des normes et des règles qui en résultent. [p. 561, argumentation dogmatique]
La monnaie fiduciaire a l'avantage de la finalité immédiate du paiement, mais elle requiert la rencontre des échangistes ; ce qui peut être coûteux. Son avantage macroéconomique est inégalable puisque c'est le support de la politique de la monnaie.
La b-monnaie est peu coûteuse dans les transactions, mais elle est grevée de primes élevées et de délais de règlement au détail. Son défaut majeur se trouve donc dans les coûts de transaction à cause des rentes que les banques tirent de la licence bancaire.
La concentration atteint aujourd’hui des gaz à effet de serre (GSE) est inconnue depuis 800 000 ans, d’après le rapport du GIEC de 2014.
Il faut donc au niveau planétaire il y ait une baisse programmée de la consommation d’énergie.
Pour remplacer les 2 milliards de véhicules individuels existant sur la planète par des véhicules électriques, il faudrait un doublement de la production de cuivre et un quadruplement de la production de cobalt.
La concurrence des réseaux est la nouvelle forme de la concurrence des monnaies. Or la concurrence de réseaux est un processus hautement instable. Les banques ne sont plus maîtresses des règles de sécurité des paiements au détail. L’utilisation des réseaux électroniques ouverts les rendent dépendantes de la compétence et de la prudence d’autres opérateurs : les serveurs d’information, des experts de codage, des fournisseurs de logiciels spécialisés, des vendeurs de systèmes de compensation privée, des entreprises de télécommunication. Ces opérateurs ne sont pas tenus aux mêmes obligations prudentielles que les banques.
La monnaie s'apparente à un langage, celui de la comptabilité ; la monnaie est un système, le système de paiements qui la relie à la technologie ; la monnaie est surplombée par un principe de souveraineté qui lui confère une légitimité commune dans l'espace de souveraineté considéré.
La stabilité de l'économie mondiale est menacée par la dégénérescence de l'hégémonie du dollar parce que la prolifération de la liquidité est devenue anarchique et tolère l'accroissement indéfini des dettes privées. Les caractéristiques de la globalisation financière ont transféré l'inflation sur les marchés d'actifs. On devrait se préoccuper de l'anomalie selon laquelle, après une crise financière majeure, les prix des actifs financiers, que ce soient des titres de dettes ou des actions, n'ont cessé de progresser.
Le système hybride du semi-étalon dollar est incapable de fournir le bien public global qu'est la stabilité macroéconomique, parce qu'il ne remplit pas les fonctions qui en sont les attributs : régler l'offre de liquidités en fonction des besoins des économies réelles du monde entier ; promouvoir un régime de changes induisant des ajustements symétriques des balances de paiements ; fournir une assurance collective contre les chocs financiers globaux qui assaillent les pays.
Le surcroît de bien-être produit par les investissements européens selon le plan Juncker rénové, appelé Invet Eu, par rapport à ce que pourrait faire chaque pays séparément si tous le faisaient, est une valeur ajoutée européenne. Ce serait une importante contribution à l’éveil d'une identité européenne dans les sociétés civiles nationales.
Les engagements de la COP21, pour lesquels l'Europe a joué un rôle leader, impliquent d'engager un programme d'investissements en infrastructures dans les perspectives ouvertes par la transition climatique.
La zone euro est minée par l'incapacité des États à définir un intérêt européen.La zone euro, ou un sous-ensemble de nations refondant le pacte européen, ne peut se constituer en puissance publique incarnant n intérêt européen que si elle se dote d'un budget de plein exercice.
Pour financer les biens publics d'intérêt européen, il faut coordonner les grandes banques publiques de développement existant en Europe et impliquer les grands investisseurs institutionnels L'Europe doit s'affirmer comme puissance publique en tant qu’emprunter et investisseur. Il faut un dispositif faisant interagir financement public et privé avec une armature plus solide que le plan Juncker existant Il faut réformer le plan Juncker en lui donnant une assise publique de garantie budgétaire fournie par le budget européen et une stratégie industrielle entièrement tournée vers la soutenabilité vis-à-vis des limites environnementales planétaires. Hormis la création envisagée d'un fonds souverain européen, l'intermédiaire structurant de l'investissement à long terme ne peut être qu'un réseau de banque de développement régionales, nationales et multilatérales coordonnées par la Banque européenne d'investissement (BEI).
... il faut conduire des politiques cohérentes sur des durées de trente à cinquante ans pour financer chaque année des centaines de milliards de dollars d'investissements bas carbone dans le monde. Ces politiques ne peuvent réussir sans un are support citoyen dans l'ensemble des pays. Elles doivent donc être compatibles avec les principes de justice sociale énoncés plus haut.