Citations de Michel Camus (14)
L’éclair n’est-il plus vif que le feu…
L’éclair n’est-il plus vif que le feu
L’éther n’est-il plus subtil que l’air
Le rêve n’est-il plus fluide que l’eau
Que dire du dieu caché du silence
Angoisse-et-jouissance d’ouvrir les yeux
dans la nuit d’une énigme infinie
Le silence est l’acte de présence du silence….
Au regard de Narcisse, le silence est mortel.
Au regard du bavard, insoupçonnable.
Au regard du profane, calamiteux.
Seul celui qui se tait,
ressent l’identité infinie
du « QUI ? » et du « QUOI ? ».
Fulguration de la vie nue,
poussière et cendre des mots.
Le silence est l’acte de présence du silence.
Il y a du silence
dans la musique de la langue
comme dans l’arbre et la pierre
et le feu et le vent,
qui l’entend ?
Qui a jamais vu l’informelle substance du silence.
Fertile abîme.
Cordon ombilical du merveilleux
Et si le silence était sans métaphore
notre seul transport dans l’infini
L’art n’est pas le seul langage du silence,
mais l’univers, l’œil, l’extase et la beauté
Comme des fenêtres ouvertes
aveuglées de soleil
Le silence
Écoutez-le.
Il vous écoute
comme s’il était votre souffle
Regardez-le.
Il vous regarde
comme s’il était votre regard
Si l’on s’en approche, il s’approche
Si l’on s’en éloigne, il s’éloigne
Si l’on prend racine en lui,
c’est en nous qu’il s’enracine
Signe inouï de merveilleux,
le silence
S’ouvrir et attendre que s’écrive,
Non pas un poème,
Mais ce qui traverse et dépasse
“L’homme troué”
Qui n’est pas quelqu’un,
Mais une goutte de lumière,
Un grain de silence,
Un noyau fermé sur soi
De transpoésie inconnue :
Quelque chose d’infiniment ouvert
Seulement vers l’intérieur,
Quelque chose d’abyssal à quoi
Grâce à sa lumineuse ignorance
Il se sent verticalement relié.
Si l'écriture poétique est un art d'éveiller la conscience à l'énigme du sens, ou de faire abruptement allusion au secret du sens du sens au-delà du sens, avec le minimum de mots, autrement dit un art de l'intensité et de la densité, elle n'est pas seulement le résultat d'un savoir-faire (toujours impossible et toujours remis en question), mais surtout le fruit d'un ascétique processus de transformation intérieure qui se nourrit à tout instant de l'expérience la plus consciente et la plus immédiate de la vie.
l’absolue poésie…
Aussi l’absolue poésie
est-elle l’accueil du silence.
Sa demeure hors les mots
en la nuit du dedans-sans-dehors
dans l’Indéterminé
Aussi l’absolue poésie
échappe-t-elle
à l’emprisonnement de la langue,
aux épaisseurs de ses murs,
à la fausse profondeur de ses ombres
Aussi l’absolue poésie
est-elle aussi virginale
aussi silencieuse
que la mort toujours présente
à la racine aveugle du regard
Notre propre infini nous échappe
silence …
Et si le poème s’écrivait sans sortir du silence
Le silence s’écrirait sans sortir du poème
LES LIVRES QUE L’ON N’OUVRE PAS…
Les livres que l’on n’ouvre pas sont
murés dans leur silence
Il arrive qu’ils nous fassent signe
et nous émerveillent tandis que la
mutité des murs nous repousse
Il arrive aussi que les murs l’éclair
d’un instant deviennent comme des livres
des fenêtres ouvertes dans l’infini
Vide de soi, voire par miracle
merveilleusement vide de soi
l’homme-du-silence se souvient-il
du silence d’avant l’homme
Une flamme de silence
Il y a en tout homme
une flamme de silence
qui sait ce que son ombre
ne sait pas
Plus la connaissance du monde se développe plus celle du sujet s'atrophie et par ricochet celle du sens de notre existence. Pour la première fois de son histoire le sujet a le pouvoir de s'autodétruire.
Etant la naissance et la mort
je suis le monde et l'antimonde
L'avant-naissance et l'après-mort
et puis la vie qui les traverse
j'ai l'âge des premières étoiles
et je suis l'enfance de la femme
Etant loin d'être ce que je suis au fond du puits
étant dejà au fond du puits
ce que je ne suis pas encore
je suis moi et je ne suis pas Moi
Etant l'arbre et l'oiseau
je suis la terre qui porte l'arbre
et l'arbre qui porte l'oiseau
Etant unique - étant multiple
horizontale et verticale
je suis le jour - je suis le nuit
et autre chose entre les deux
jardin perdu - retrouvé - reperdu
Etant humaine et inhumaine
je suis l'eau et l'ange transparent de l'eau
et le feu et l'ange transparent du feu
lumière de son épée flanboyante
son sourire inexorablement muet
Etant fixe et volatile
je suis sensible et insensible
et le secret qui lels unit
Etant la folie qmoureuse des atomes
dans le vide crucial de la nuit
je suis la terre je suis l'éther
je suis l'éclair entre les deux
N'étant pas Dieu - n'étant au fond
tout au fond
n'étant pas autre chose que Dieu
Qui suis-je, ô Lilith, qui suis-je ,
si Dieu lui-même est jamais inachevé
Peut-être ne suis-je ouverte qu'à l'Ouvert
sans nom et sans visage ?
Peut être ne suis-je que " QUI SUIS-JE ? "
"En célébrant les noces du feu charnel et du silence, l'acte d'amour rend à l'opacité de l'ombre sa lumineuse transparence.
En délivrant l'homme de sa langue
l'amour délivre l'homme de soi
L'amour qui n'humilie jamais le sexe, s'éclaire à son feu secret." Michel Camus
L’éclair passe sans porte …
Si le corps est le véhicule du silence
le silence est sa dernière demeure
L’éclair passe sans porte
Toute réponse est une autre question