La Revue de Belles-Lettres & hommage à Pierre Chappuis
Avec David André, Manuel Cajal, Michel Collot, Sylviane Dupuis, Marion Graf, Martin Rueff & Jonathan Wenger
Lecture par Claude Motchidlover
Pour ses premiers entretiens de l'année 2024, la revue Po&sie accueille une revue consoeur, une belle aînée, La Revue de Belles Lettres, fondée en 1862. L'entretien portera sur les orientations et les temps forts de la revue. Nous évoquerons la figure et l'oeuvre de Pierre Chappuis (1930-2020) auquel Po&sie avait rendu hommage dans son numéro 177/178.
Avec Marion Graf, David André et Jonathan Wenger pour la RBL, Martin Rueff pour Po&sie et, pour rendre hommage à Pierre Chappuis, Manuel Cajal, Michel Collot et Sylviane Dupuis. L'acteur Claude Motchidlover lira des textes du poète.
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TABLE DES MATIÈRES
Introduction : Modernité et altérité.
Première partie :
JE EST UN AUTRE
Autobiographie et fiction dans l’oeuvre de Rimbaud.
D’un lyrisme objectif.
Le pluriel d’ALCOOLS.
« Cette émotion appelée poésie » (Pierre Reverdy).
Le bestiaire intérieur de Jules Supervielle.
Deuxième partie :
AU CŒUR DU MONDE
A l’entour : le coeur-espace.
Aspects du lyrisme dans Les Fleurs du Mal.
SUJET, MONDE ET LANGAGE DANS LA POÉSIE MODERNE
Claudel et le paysage chinois.
Supervielle l’européen.
le parti pris des lieux.
Troisième partie :
FORMES ET SENS
Rimbaud et la question du sens.
La conquête de l’espace.
ODE SECRÈTE.
Le vers dans PAROLES.
Un « fatras » inclassable.
Proêmes de Francis Ponge.
La poésie serait-elle mieux en mesure, conformément à l’adage qui l’égale à la peinture, de réconcilier le langage avec l’image ? Malgré l’importance, évidente, de cette dernière dans la poésie nervalienne, il semble que le rôle essentiel y soit dévolu, non pas aux figures du voir, mais à celles de la voix, autre support de l’Imaginaire, plus archaïque encore. C’est souvent le chant qui engendre la vision : …(p.116-117)
Pour Jean-Pierre Richard *
Extrait 3
Effleurant le duvet de la peau, la main amoureuse ranime
l’arborescence intime des sensations. Sous l’écorce trans-
paraît le palimpseste inscrit dans la chair et le grain de la
voix. Texture de la terre. Un regard aiguisé démêle lente-
ment les lignes de la page, démultiplie leur sens et les
recueille dans l’unité d’un paysage.
* Jean-Pierre Richard est décédé à Paris le 15 mars 2019, à l’âge de 96 ans.
Même quand il se rapproche du monothéisme et du christianisme, Nerval ne respecte guère la transcendance de Dieu; loin de se soumettre à sa Loi, il tend à s'assimiler à Lui. Ainsi, le narrateur d'Aurélie, partant de la révélation orthodoxe que Dieu est "en tous" (792), en arrive à s'identifier au Christ (il guérit Saturnin), et à Jéhovah (il arrête le Déluge). Cette dévotion (à l')imaginaire peut dès lors aboutir à une véritable déification de soi, comme le montre l'exemple du calife Hakem: "Je n'adore personne, puisque je suis Dieu moi-même! le seul, le vrai, l'unique Dieu, dont les autres ne sont que les ombres (NP1, II, 532)." A force de s'identifier à ses objets, mystiques ou érotiques, le sujet risque de perdre son identité. Il est vrai que celle-ci semble elle-même essentiellement construite sur un mode propre à aliéner le sujet à ses Doubles. (p.43)
Pour Jean-Pierre Richard *
Extrait 1
Le ciel n’est plus qu’un volume d’air translucide, un seul azur.
Diapason diaphane qui vibre, déployant la gamme infinie des
couleurs : l’œil écoute.
* Jean-Pierre Richard est décédé à Paris le 15 mars 2019, à l’âge de 96 ans.
Dans la logique réversible de l'Imaginaire, le combat contre son double ne peut que se retourner contre le sujet. Le suicide guette celui qui, incapable d'égaler un Moi Idéal tout puissant, se sent "à jamais destiné au désespoir et au néant" (784) (p.53)
Pour Jean-Pierre Richard *
Extrait 2
Relief changeant de la lumière : la paroi rocheuse en révèle les
plis et les replis, ourlés d’ombres profondes, qui en recèlent les
ramifications secrètes. Les arbres passent sa chevelure au peigne
fin de leurs ramures. Dans les feuillages, la brise fait trembler ses
facettes mobiles. Aux ressauts de la pente, le torrent la disperse
en mille éclats de verre. Chaque brin d’herbe en détaille les nuan-
ces chatoyantes.
* Jean-Pierre Richard est décédé à Paris le 15 mars 2019, à l’âge de 96 ans.