AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enzo92320


A l’extérieur du Familistère, l’ire gagne à nouveau certains esprits lorsque, le 15 novembre 1885, l’assemblée générale de la Société du Familistère décide à l’unanimité de demander à Godin qu’il accorde à l’entreprise un prêt de 3 millions de francs au taux de 4 %. Dans la lettre qu’il fait placarder dans les rues de Paris en réaction à l’événement, un « antispéculateur » se gausse du fondateur dont le traitement « ferait vivre un régiment » !
Lettre de l’antispéculateur à Godin, de Guise
Paris, le 29 novembre 1885,
Minuit et demi
Monsieur Godin,
J’ai sous les yeux le numéro 327 du journal Le Devoir du dimanche 29 novembre 1885, et c’est sa lecture qui me dicte cette lettre.
De quelle jouissance inconnue vous venez de priver vos vieux jours !
Songez que l’on a que celles que l'on sait se donner, et que l’autre monde n’est qu’une chimère.
Quoi ! en quelques mois votre journal socialiste a fait connaître votre verve et prononcer votre nom dans le monde entier.
Quoi ! vous touchez chaque année pour votre travail personnel un traitement qui ferait vivre un régiment !
Quoi ! vous avez édifié un familistère, fondé une association, organisé la mutualité, et plutôt que de saisir l’occasion de couronner un si bel édifice, de franchir d’un seul bond tous les degrés qui empêchent le spéculateur de s’élever jusqu’au travailleur, vous préférez prêter 3 millions à 4 % d’intérêt.
Quoi ! vous avez laissé échapper l’occasion d’être le premier à montrer à la face des spéculateurs du monde entier que leur dieu capital, valeur d’intérêts, n’était entre vos mains qu’un outil que vous saviez vous faire rendre tel que vous l’avez prêté.
Moi, depuis la dernière période électorale d’il y a quatre ans, j’ai économisé, sou par sou, quelques centaines de francs, afin de profiter de celle-ci pour pouvoir seulement afficher sur les murs de Paris cette vérité, et je ferai de même, en attendant l’autre, pour pouvoir recommencer, n’ayant que mon travail au jour le jour, pour subsister.
Ah ! mon pauvre Monsieur Godin, malgré vos millions, en face de vous, comme je me sens riche ! J’en pleure de joie, et comme je vous plains ! Apprenez que le millionnaire qui spontanément eut été capable de faire cela, eût été digne de présider une véritable république ; et sachez-le, Monsieur Godin, elle viendra, cette république-là ! .
GLOIRE AU TRAVAIL
MORT AU SALARIAT ET À LA SPÉCULATION
L’antispéculateur
Certifié conforme à l’original
Stumph, candidat
Commenter  J’apprécie          00









{* *}