C'est une peinture, de toutes manières, qui parle avec ses mains, une peinture de conteur oriental bavard qui passe sans transition de la fougue passionnée au burlesque, de la pitrerie à la mélancolie, glissant vite à l'angoisse.
Un personnage de bouffon revient souvent dans ses souvenirs.Et dans ses personnages priant, mains tendues, il y a également du clown tragique, des clowns de Dieu.Malheur aux sacrilèges, mais n'y a- t- il pas quelque pitrerie sublime dans les gestes de tous les prêtres, qu'ils soient fétichistes, israélites ou catholiques ?
Et le judaïsme, plus que tout autre, avec ses lamentations, ses cris, ses imprécations, ne comporte-t-il pas une part de boufonnerie tragique.Il me semble que Mané- Katz s'en soit fait l'écho, peut-être involontairement d'ailleurs, et dans sa peinture, et dans sa vie.
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