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Citation de Nadiamilan


Je ne bouge plus, je reçois l’émotion intense de cette allée qui a été pour moi la plus somptueuse du monde, l’émotion de l’arrivée dans mon paradis perdu, peut-être. Je compte tous les arbres, je remarque tous les trous où ils ont été remplacés par une génération spontanée d’aloès et de figuiers de barbarie. Au niveau du petit pont qui enjambe, au milieu de l’allée, l’imprévisible oued Saïda toujours à sec sauf les jours de grande crue, non seulement les arches ne sont plus curées mais je ressens un manque : les bords de la route sont nus. Le souvenir oublié des arbres manquants me revient alors et pour un instant, leur redonne vie : c’étaient de grands trembles aux feuilles argentées qui prospéraient dans l’humidité du sol. Comment ont-ils pu mourir ? Le sol a pourtant dû rester humide. Un peu plus loin, très loin pour la petite fille que j’étais (mais ce n’était peut-être qu’à une centaine de mètres, en réalité) il y avait, dans le lit de l’oued, un autre bouquet de trembles où, avec mon petit couteau, j’avais gravé mes initiales sur l’un des troncs pour mettre, moi aussi, ma marque dans ce lieu enchanté et pour que les trembles, toujours, se souviennent de moi .
Les arbres ne nous oublient pas. Ils meurent.
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