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Citations de Michèle Perret (68)


Quant à la légende, elle est toujours vivace : allez en terre poitevine et vous verrez la haute falaise sur laquelle s’élevait la forteresse aujourd’hui détruite, vous verrez les ruines de la puissante abbaye de Maillezais, vous verrez des dizaines de châteaux dont on vous dira qu’ils ont été construits par la bonne dame qui transportait, la nuit, les pierres dans son tablier, et sur le bord de la fenêtre de l’un d’entre eux, on vous montrera même l’empreinte qu’elle laissa de son pied, le jour où elle s’envola pour ne plus jamais revenir.
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— J’ai une idée, qui serait bien meilleure pour vous que de retourner dans le faubourg, avec le danger et toute la misère qui vous attendent. Dans quelques jours, début septembre, le parlement va accorder de gros crédits (comprennent-elles le mot crédit ?), voter des moyens, de l’argent, pour envoyer des colons de l’autre côté de la mer, sur une terre vierge, très riche,
où le blé produit des rendements étonnants. Vous y recevrez des terres, que vous devrez cultiver. La France vous donnera les outils nécessaires, une petite maison. Si vous êtes travailleurs, comme vous me l’affirmez,
en quelques années vous serez riche. Léonie n’en croyait pas un mot mais ce discours la berçait, la faisait rêver, elle si terre à terre.

(p. 59-60)
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Les arbres peuvent mourir, les maisons tomber en ruine, mais la lumière, elle, ne change pas. Et nul, s'il ne l'a vécu, ne peut imaginer ce qu'est la lumière dorée d'un soir d'octobre dans la campagne d'Algérie, quand les ombres s'allongent et que l'herbe est déjà grasse. (P24)
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Leïla est repartie légère, presque immatérielle.
Elle est vite allée se cacher du jour, avant que ne paraisse l'aube. Et elle se recouche sagement dans son lit de sable et de pierres, sous les lauriers roses au bord de l'oued.
Là où ses frères l'ont enterrée en secret il y a dix ans.
Tuée à coups de caillasses, lapidée une nuit magique d'été - une nuit de solstice - pour une question d'honneur.
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Le lendemain, les festivités recommencèrent et durèrent quinze jours. Mélusine combla de joyaux de prix les dames et les demoiselles, les chevaliers et les écuyers. Et tous reconnurent que Raymondin avait fait un noble et puissant mariage.

- Mais dites-moi, demanda encore une fois le Comte de Poitiers, à quel lignage appartient votre femme. Lorsque le vieux chevalier nous a accueillis, il nous a indiqué que sa maîtresse s'appelait Mélusine d'Albanie. Je vous prie donc de nous dire quel est ce lignage ? Elle doit être de très noble origine.

Les frères de Raymondin manifestèrent la même curiosité. Mais le jeune homme leur répondit :

- Jamais je ne me suis posé sur ma femme autant de questions que vous venez de le faire. Mais je peux vous assurer qu'elle est la fille d'un grand roi.

La parenté de Raymondin dut se satisfaire de cette réponse.
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Elle a oublié quelque chose - comme un jouet enterré. L'appelle Madja sa complice, l'appelle un souvenir enfoui, l'appelle l'appel du vent qui passe, l'appelle la chaleur de l'été, l'appelle le chant de l'eau, le cristal pépiant du matin d'avril, l'or d'une abeille dans les fleurs d'or des caroubiers.

Elle a oublié quelque chose, elle doit retourner là-bas. Ne culpabilisez pas la douceur de son enfance, laissez-là retourner dans la bulle, monde disparu, monde aboli, jardin à l'abandon, jardin labouré, jardin redevenu champ de blé, jardin effacé, jardin prisonnier de la bulle, comme elle.

Elle connaît le chemin du rêve, du souvenir, du vent tiède.
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— Des cailloux, des cailloux et encore des cailloux, grinçait Raoul en contemplant sa sinistre concession.
— Nous sommes partis pour trouver une vie meilleure, lui rappela sa femme.
— Eh bien, crois-moi, Jeanne, ce n’est pas ici que nous la trouverons.
Jeanne haussa les épaules. Les vies meilleures toutes faites n’existent pas. Elle était d’avis qu’il fallait essayer d’en construire une.

(p. 177)
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Imaginez, mais imaginez ces femmes du peuple de Paris, jeunes mères, futures mères, matrones ou vieilles femmes. Elles avaient parfois élevé une ou deux poules et quelques lapins dans d'arrière petit jardin des faubourgs, mais que connaissaient-elles de la campagne ? Que connaissaient-elles des pluies et des sécheresses, de la fécondation des truies ou des brebis, de la conduite des bœufs ? De la plantation des pommes de terre, des herbes sauvages comestibles, des prédateurs, de la nuit africaine et même d'une étrange douceur de temps qui fait rêver d'amour ?

Et il semble qu'elles aimaient ça, malgré tout, si dure soit-elle, cette espèce de liberté, cette vie communautaire, aussi rude mais gaie, qu'elles n'avaient jamais connues à Paris.

page 209
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Antoine voyait trimer ses belles, Léonie, Jeanne et Louise et devenait de plus en plus un féministe avant la lettre : ce pays cruel ne tiendrait que par les femmes, continuait-il à penser.

Page 198
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Deux ou trois pauvres bougres par chaland, déjà usés à vingt ans, attelés aux barges par des bricoles (courroie de cuir utilisée pour le halage) en cuir, marchaient lentement, voûtés, ne s'arrêtant qu'aux écluses. Ils buvaient comme des trous pour se procurer un peu d'énergie. Et ils continuaient à avancer. Parfois l'un d'entre eux trébuchait et tombait et quand ils se dételaient enfin, ils marchaient un grand moment pliés en deux, le dos cassé. Des esclaves, des galériens, des bêtes de somme. "Des bêtes seraient mieux traitées " avait pensé Antoine à qui cette misère rappelait les deux mois d'esclavage qu'il avait vécus comme débardeur de bois au quai Saint-Nicolas. Il essaya de s'adresser à l'un d'eux mais l'autre lui cracha sur les pieds.
- On est toujours le bourgeois de quelqu'un avait remarqué un brave cordonnier qu'Antoine avait connu dans l'agitation du faubourg.
- Combien gagnent-ils ? avait demandé Antoine à un employé de la compagnie,
- Rien, un franc par lieue et leur temps d'étape dure près de trente heures. Et tu me croiras ou pas, ils se battent pour avoir le travail,
- Misère de ce monde, dit Antoine songeur, en pensant aux morts de la grande barricade.

Page 100
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Raymondin répondit qu’il ne pourrait jamais croire qu’une chose pareille soit vraie car il était injuste qu’une trahison soit récompensée.
– Et pourtant c’est vrai, dit le comte. Les étoiles ne mentent jamais.
– Eh bien moi, répondit Raymondin, je ne le crois pas, ce serait un péché que de le croire !
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Le soleil jouait dans les branches, l’eau clapotait dans le petit bassin qu’elles avaient créé, des oiseaux commençaient à s’époumoner, non loin d’elles les
enfants riaient et plaisantaient. Toujours les mêmes : Ti-Pierre, Lisette, Rosalie et le petit Ali. Ceux-là, au moins, avaient échappé au choléra : ils étaient l’Algérie de demain. Jeanne Sabour sourit : « Allons, allons, Jeanne de quoi te plains-tu ? Les enfants sont là, le printemps revient, la vie recommence. »

(p. 238-239)
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Seuls les hommes prétentieux ne croient pas au surnaturel.
En effet, notre pauvre intelligence humaine ne peut comprendre les mystères de toute la création divine, visible et invisible. Contentons-nous de faire acte d’humilité, d’admettre qu’il existe des choses surnaturelles qui nous échappent et de nous en émerveiller !
Ainsi je suis convaincu que certains prodiges, comme par exemple ceux qu’on attribue aux fées, sont bien réels. D’ailleurs, récits populaires et livres savants en portent témoignage et nos anciens nous ont souvent rapporté des rencontres avec ces créatures nocturnes qu’on appelle « lutins », « enchanteurs » ou « bonnes dames ». Aujourd’hui encore on dit en avoir vues ici ou ailleurs.
On raconte que les lutins entrent la nuit dans les maisons sans ouvrir les portes, enlèvent les bébés, les estropient ou les jettent dans le feu, et qu’à leur départ, ils les rétablissent en aussi bonne santé que si rien ne s’était passé[…]
On voit aussi parfois, la nuit, au coin du feu, des femmes qui ont l’air de petites vieilles ridées et rabougries. Elles accomplissent complaisamment les tâches ménagères et disparaissent au matin.
On dit qu’il arrive que ces êtres fantastiques prennent l’apparence de très belles femmes, et que plusieurs hommes en ont épousé. Elles leur font jurer de respecter certaines conditions : de ne jamais les voir nues ou de ne jamais chercher à savoir ce qu’elles font le samedi ou encore de ne jamais chercher à les voir pendants leur couches si elles ont des enfants. Tant qu’ils observent ces conditions, ils jouissent d’une situation élevée et d’une grande prospérité […]
Mais trêve d’anecdotes. Je ne les ai proposées, moi Jean d’Arras, qui commence cet ouvrage le mercredi avant la saint Clément, en l’an de grâce 1392, que parce que mon récit à pour objet l’histoire de la fondation de la noble forteresse de Lusignan en Poitou par une créature surnaturelle, par une fée. Et cette histoire est la pure vérité, tirée de chroniques authentiques, sans y ajouter d’inventions ou de digressions.[..]
Préface de JEAN d’ARRAS (Novembre 1392)
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Maman ne sait pas que sa sœur et son beau-frère sont morts, elle ne sait pas que son bien aimé Rodolphe Delbois est mort. Elle parle même, maintenant, de sa propre maman et de son papa comme s’ils étaient encore vivants.
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- Mon cher frère, je ne dois pas vous cacher votre déshonneur. Le bruit court partout que votre femme se livre à la débauche tous les samedis. Et vous, vous êtes si aveugle à son égard que vous n'osez pas chercher à savoir où elle va ! D'autres soutiennent que votre femme est un esprit enchanté qui fait sa pénitence le samedi. Je ne sais que croire, mais je ne puis tolérer ces murmures et je suis venu ici pour vous en informer.
À ces mots, ivre de colère, Raymondin repoussa la table, se précipita dans sa chambre pour chercher son épée et courut vers l'endroit où il savait que Mélusine se retirait tous les samedis.

Chapitre 11.
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Une curieuse façon d'étudier l'origine des langues.

La question de l'origine des langues s'est posée très tôt. Ainsi, selon Hérodote, un prince égyptien voulant savoir si la langue originelle était l'égyptien ou le phrygien fit enfermer deux enfants dès leur naissance, en interdisant qu'on leur adresse la parole. En observant leurs premiers balbutiements, on crut remarquer que l'un d'entre eux avait prononcé le mot "becus", qui signifiait "pain" en égyptien. On en conclut donc, à la grande joie du prince, que l'égyptien était la mère de toutes les langues. (P14)
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Koman on c mi ds 7 galr ?
Le « langage texto », pour reprendre une expression qui date un peu, langage des échanges rapides par SMS surtout mais aussi par mail ou sur les réseaux sociaux, relève, de façon volontairement amusante de ces mêmes besoins de brièveté et d’expressivité, souvent en opposition, d’ailleurs. Si certaines notations, comme C pour c’est ou 7 pour cette permettent d’accélérer l’opération un peu longuette de tapoter sur son portable, si l’envoi d’un émoticone ( :) etc.) en dit autant qu’un long discours, l’utilisation sur quelques phrases de ce langage demande aussi une agilité, une créativité et des connaissances qui ne sont pas des plus « économiques » linguistiquement parlant. On peut admettre avec J. Anis que sur ce sujet aussi « transgresser les règles suppose de les maîtriser » (J.Anis, Parler texto, Le cherche midi, 2001 )
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... comme une inondation, les vagues de l'oued vont déposer partout de vieux déchets qu'on récupère et rafistole. Une grande colère de la terre, tout est emporté, roulent boueux les pauvres objets où nous nous accrochions.
Là où le flot est passé, la terre est redevenue pure, le soleil commence à craqueler de grandes plaques d'argile. Nulle ombre, nulle trace.
Plus tard repoussent d'autres herbes.
Terre des ombre, terre du vent, terre prêtée le temps d’un songe…
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Ce n’est plus du tout la même
Algérie et celle qui m’accueille est aussi très différente de
celle de mon enfance, de celle que j’ai connue lors de nos
deux voyages éclair et surtout de celle qu’on nous présente
en France. Est-ce l’effet du temps qui a passé, est-ce l’air
plus léger des provinces de l’ouest ? L’Algérie entre ciel et
terre, comme se plaît à le dire Daoud26 semble vouloir
retrouver cette vocation du bonheur si présente encore dans
les souvenirs des Pied-noirs. Certes, trop de corrompus ont
encore accès aux allées du pouvoir, certes, le nombre de
désœuvrés dans les rues est impressionnant, certes, les
imams ont tendance à prêcher une religion vétilleuse...
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- Mélusine, toi, l'aînée, tu aurais dû être la plus raisonnable, mais c'est toi, je le sais bien, qui as eu l'idée de ce méfait. Aussi, tu seras la première punie. Je te condamne à devenir serpente, tous les samedis, du nombril au bas du corps. Si tu rencontres un homme qui veuille bien t'épouser et qui accepte de ne jamais te voir le samedi, tu couleras les jours d'une femme normale, tu auras des fils de grande valeur et de grande renommée et, le jour venu, tu pourras connaître le repos de la mort. Mais s'il manque à son serment, tu redeviendras serpente jusqu'à la fin des temps.
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