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Critiques de Michelle Gallen (20)
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Ce que Majella n'aimait pas

Majella a 27 ans, elle travaille dans un “fish and chips”, vit encore chez sa mère, adore regarder de vieilles cassettes vidéos de Dallas blottie sous sa couette en mangeant du poisson pané, sort boire quelques verres au pub le week-end et s’envoie en l’air épisodiquement avec son collègue.

Sa vie pourrait sembler monotone et pourtant je ne me suis pas ennuyée une seule seconde en suivant le quotidien de cette jeune femme qui n’a pas d’autres perspectives d’avenir que de travailler jour après jour dans l’odeur de graisse, qui s’occupe comme elle peut de sa mère alcoolique, qui doit vivre sans savoir ce qui est arrivé à son père porté disparu depuis des années et qui n’a pas de rêve qui l’emmèneraient plus loin que sa ville située en Irlande du Nord.

J’ai dévoré ce roman, porté par une plume enjouée, décrivant un quotidien sombre, monotone, où tous les habitants semblent englués dans le gras, celui du poisson pané, des beignets de poulets et d’oignons, des frites molles et des coupelles de mayonnaise à l’ail qu’ils dévorent tous chaque jour.

L’auteure mélange les petites anecdotes du quotidien à la vie politique en Irlande du Nord et cette juxtaposition donne un roman d'apparence légère et drôle mais qui aborde des thèmes profonds.
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Ce que Majella n'aimait pas

Imaginez une petite ville misérable, à la frontière entre les deux Irlande. Imaginez un fish and Chips, un peu crado, ouvert de 18h à 2h du matin. Au comptoir et à la friteuse , Majella, une jeune femme de 27 ans en surpoids, célibataire et plutôt renfrognée. Dehors, la pluie.

Non, vous n'allez pas lire une chronique misérabiliste mais découvrir le portrait d'une héroïne du quotidien terriblement attachante, terriblement courageuse et touchante.



Majella a besoin de routines pour se sentir en sécurité : elle écrit des listes, mange chaque soir du poisson pané et des frites et chaque midi des toasts et de la confiture. Elle est sensible à la lumière et au bruit. Elle n'est pas à l'aise dans les relations sociales et elle doit décoder ce que les gens disent et plus encore ce qu'ils veulent dire . Alors elle fait semblant, répète chaque soir les mêmes plaisanteries des mêmes clients.

"Majella était fière d'avoir su développer une telle maîtrise de soi. Se balancer, claquer des doigts, sucer son pouce étaient des gestes qu'elle contrôlait et auxquels elle se livrait en douce. Sa daronne, elle, était incapable de se maîtriser. Les clopes, l'alcool, les mecs. "

Elle a trouvé le moyen de faire ce qu'elle aime sans qu'on vienne l'importuner et a construit un rempart autour de sa différence. Elle va chercher du plaisir quand elle en a envie, avec son collègue dans la réserve ou le dimanche soir après le pub.





Si le conflit entre catholiques et" réformés "est terminé depuis 5 ans, si les routes sont de nouveau ouvertes, la séparation est toujours effective. Les gens ont été habitués pendant des décennies à vivre dans les conflits , à être sur la défensive, à ne faire confiance à personne de peur des dénonciations. L'oncle Bobby aurait explosé avec la bombe qu'il était en train de poser, et le père de Majella a disparu sans laisser la moindre trace. Le soir, après quelques pintes, les bagarres continuent. D'autant que du côté catholique le chômage atteint des proportions invraisemblables. Les familles sont de plus en plus pauvres, de plus en plus alcoolisées.

Michelle Gallen se dispense de longues descriptions ou de portraits : toutes ces informations passent par le prisme de Majella qui, de son observatoire nourricier, comprend l'essentiel.



Pour accentuer l'aspect routinier de la vie de Majella, l'auteure a choisi de réduire le temps du récit à une semaine et pour exprimer sa singularité de compartimenter chaque segment en fonction de ce que Majella aime ou n'aime pas.

On découvre ainsi une jeune femme qui, si elle parle très peu, a une vie intérieure très riche. Riche de ses souvenirs d’enfance avec son père, des relations avec sa grand-mère, de l'obligation morale qu'elle ressent envers sa mère dépressive et alcoolique, de sa connaissance des failles de chacun. Riche aussi de l'humour qu'elle met dans le récit de ses expériences, comme celle du premier frottis chez le gynécologue ou le fatalisme avec lequel elle considère la répétition quotidienne des blagues graveleuses de ses clients.



Le meurtre de sa grand-mère va attirer sur elle une attention qu'elle redoute. Mais puisant dans sa force mentale, son intuition et sa perspicacité, elle saura repousser les curieux, décrypter les calculs d'un fermier qui convoite son héritage et faire des projets que Michelle Gallen nous laisse le soin d'imaginer

Le ton est souvent cru, la langue truffée d'expressions patoisantes, l'humour est noir et grinçant mais Majella est un personnage tellement convaincant qu'il sera impossible de l'oublier.
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Ce que Majella n'aimait pas

Dans la petite bourgade d'Aghybogey, en Irlande du Nord, les distractions ne sont pas très nombreuses, on va au pub bien sûr et puis en face chez Salé, pané, frit ! où, bien qu'on la connaisse par cœur on regarde longuement la carte avant de commander la même chose que d'habitude. Derrière le comptoir, Majella attend patiemment, anticipe parfois le choix sans rien en laisser paraître, sert, encaisse, remercie et souhaite une bonne soirée à des clients dont elle sait à peu près tout. Impassible, ou presque. Personne pour remarquer les claquements de doigt qui viennent parfois trahir un léger agacement et son effort pour le juguler. Personne pour porter un brin d'attention à ce que peut ressentir cette jeune femme un poil boulotte, serrée dans sa combinaison rose en nylon et de plus en plus transpirante au fil des heures passées dans les effluves brûlants du fast-food.



Et pourtant, il s'en passe des choses dans la tête de Majella qui s'est créé une sorte de rempart psychique pour se protéger du monde ; des listes des choses qu'elle n'aime pas et une, beaucoup plus courte de celles qu'elle aime bien. Peu à peu se dessine le portrait d'une jeune femme qui à force de se retenir de tout n'est pas très loin de l'explosion, métaphore presque cocasse de ce qui se passe autour d'elle à la frontière des deux Irlande. Depuis ce mini point de vente qui sent le graillon (quelle idée géniale ce décor !) apparaît le quotidien des affrontements, des rivalités, des disparitions ou des arrestations. La famille de Majella n'a pas été épargnée, les hommes ont disparu et même sa grand-mère semble avoir été la victime d'un meurtre odieux que l'on ne sait à qui ou à quoi imputer. Majella a grandi vite, inversant les rôles auprès d'une mère dépressive et alcoolique.



Ce personnage emporte tout sur son passage, son côté brut d'où affleure une sensibilité volontairement étouffée. Cette carapace de chair et de graisse qui semble la rassurer. Sa façon de jouir des dernières bouchées de frites imbibées de vinaigre. Le culte voué à Dallas qui fait de JR Ewing un mentor parfaitement qualifié pour affronter les entourloupes de ses congénères. Son goût pour le sexe, sans prise de tête apparente. C'est une bombe à retardement Majella et on se demande au fil des pages comment elle fait pour résister, si elle est vraiment aussi costaud qu'elle en a l'air. Un personnage singulier, fort, original et attachant qui nous tient jusqu'à la fin et autour duquel s'orchestre un petit théâtre qui en dit long sur la folie et la bêtise des hommes.



Tout ça donne un premier roman détonnant, au langage plein de surprises qui a dû ravir la traductrice Carine Chichereau. Souvent cash, désespéré mais pas sordide, saupoudré d'un humour noir qui souligne les contrastes et affûte les points de vue. Une vraie découverte !
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Ce que Majella n'aimait pas

« C'était une ville où on ne pouvait se cacher nulle part, aussi les gens planquaient leurs secrets en pleine lumière »



Ce que Majella n'aimait pas est un roman original, authentique et persillé d'humour, porté par un souffle à part : où d'autres plumes auraient dérapé dans un misérabilisme poussif, l'autrice nord-irlandaise Michelle Gallen réussit au contraire, du début à la fin, à naviguer en douceur, d'une plume légère et pleine d'acuité. Et surtout, ce roman est porté par une figure que je ne suis pas près d'oublier : Majella, tellement attachante et incarnée, à qui on ne peut s'empêcher de souhaiter le meilleur.



« Se lever tôt, ça signifiait que la journée serait d'autant plus longue. Des heures et des heures à s'emmerder, à traîner à la maison en écoutant sa mère se plaindre de sa gueule de bois. »



Il ne se passe pas grand-chose, dans ce roman. C'est « juste » la vie. Une semaine de vie, du lundi au dimanche. La vie de Majella, la vie de sa petite ville d'Irlande du Nord située en bordure de frontière avec la République d'Irlande (Donegal), qui a pris cher avec les Troubles (le roman se passe cinq ans après à peu près), une petite ville où les quartiers catholiques et protestants sont toujours séparés par un pont, et où le taux de chômage chez les catholiques avoisine les 90 %… Une semaine de vie qui, on le réalise assez vite, contient de nombreuses autres semaines, car à Aghybogey, tous les lundis se ressemblent, tous les mardis sont pareils, et le reste à l'avenant. Majella travaille le soir dans un fish and chips qui, avec le pub, est l'attraction incontournable du quartier catholique d'Aghybogey (la seule ?!), et invariablement, comme le soleil se couche, untel vient manger un pané frites après avoir bu ses neuf pintes (!!!) et unetelle commande des pois au curry et des frites au vinaigre. Et toujours les mêmes gens, les mêmes blagues, tous les soirs, de tous les jours, de toutes les semaines…



Toujours pareil ? Non, en fait non, car le roman s'ouvre sur un drame : la grand-mère de Majella vient d'être assassinée, rouée de coups dans sa caravane, et la pauvre est décédée quelques jours plus tard à l'hôpital.



« Juste » la vie ? Certes, mais Ce que Majella n'aimait pas raconte une vie à part. le père de Majella a disparu il y a des années, et Majella vit aujourd'hui seule avec sa mère belle, futile et colérique, dépressive et alcoolique. Majella est très corpulente et l'assume avec panache, tout en ayant développé une technique de caméléon pour ne pas être remarquée. Sans que cela soit vraiment dit, on la devine atteinte de troubles du spectre de l'autisme. Elle a appris les codes et les clefs pour vivre en société, les attitudes à avoir, les choses à faire et à dire pour passer la plus inaperçue possible dans ce monde trop étriqué pour elle à tous les niveaux. Majella a des marottes et des routines, et elle fait des listes. Il y a les choses qu'elle n'aime pas, avec en tête : le bavardage, les contacts physiques et le bruit ; et les choses qu'elle aime : manger et la série Dallas, son père et sa mémé, la Smithwick's et faire le ménage, le sexe et les sèche-cheveux. Des listes avec des sous-catégories, par exemple, objet 3.7 : Bruit – les trucs qui se cassent (Ca m'a fait rire, ces listes détaillées).



« Majella trouvait ça vraiment dommage que Peadar doive grandir. Dans quelques années, il serait comme les autres, assis au bar à glousser, arborant une bedaine engraissée à la bière, trop bourré pour bander correctement. »



Les pages de Ce que Majella n'aimait pas se tournent au fil des jours à Aghybogey et au prisme des listes de Majella… et ce roman fut incontestablement un coup de coeur. Je vous en recommande vivement la découverte !
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Ce que Majella n'aimait pas

Décidément j'aurais passé beaucoup de temps en Irlande du Nord ces premiers mois de 2023. Et voici mon troisième coup de coeur irlandais... du mois d'avril !!! 🤗 J'ai bouffé pendant 6 jours au fish and chips d'Aghybogey, petite ville d'Irlande du Nord, quelques années après les accords de paix. C'est là que travaille 6 soirs sur 7 Majella, la vingtaine bien entamée, beaucoup de kilos que les autres diraient en trop et des idées bien arrêtées sur ce qu'elle aime ou pas. Ça se résume en deux listes données au début de l'histoire et heureusement,  je vous rassure,  on ne va pas vous tanner le cerveau avec ça pendant 341 pages !

Pendant 7 jours, du lundi au dimanche,  vous allez suivre la vie monotone et morne de Majella. Sans que ce soit triste pour vous. Elle vit avec sa mère alcoolo, dépressive, addict aux cachetons. surtout depuis que le papa a disparu. On peut dire qu'elle est chiante et égoïste,  sa mère.  Toujours à se plaindre et à rouscailler sur son sort alors qu'elle passe ses journées vautrée comme une loutre dans son canapé à rien glander, si ce n'est se bourrer la gueule et parfois à vomir tout autour. Il n'est pas rare que Majella la retrouve dans son gerbos quand elle rentre de bosser ou qu'elle se réveille le matin. Un bonheur,  vraiment,  cette bonne femme ! 😂 Majella fait avec parce que c'est sa daronne, elle veille sur elle et se tape toutes les corvées. Elle a peur de la retrouver clamser un de ces quatre. C'est presque un bonheur d'aller bosser au fish and chips tout graillon.

Au moins, au fish and chips, à part Madame Connasse, il y a son collègue Marty avec qui elle s'entend bien. Elle adore faire cuire les frites et la bouffe, de toute façon. Ça se passe bien au fish and chips, c'est presque sa deuxième maison,  avec toujours les mêmes personnes qui viennent commander le même plat, font les mêmes remarques. La routine,  quoi ! Majella aime bien la routine. Ou du moins compose avec. Il n'y a rien d'autre à faire à  Aghybogey, de toute façon. Traîner dans les rues, aller au pub picoler, se prendre le chou avec les reformés quand tout le monde est bien alcoolisé, entendre toujours les mêmes conneries et regarder Dallas. Majella kiffe Dallas !

Au moment où commence le récit, il vient pourtant de se passer quelque chose de grave dans la vie de Majella : sa mémé adorée, qui vivait dans une caravane à quelques encablures, vient d'être sauvagement assassinée. La seule personne qui comptait pour Majella,  avec son papa. La ville fait ses pronostics sur qui, quoi, pourquoi, comment...

Michelle Gallen raconte avec beaucoup de précision la vie routinière de son héroïne. Mais elle incise cette routine avec un élément perturbateur : le décès de sa grand-mère. Ce n'est pas décoratif. Majella est une jeune femme intelligente et mûre, certains essaient de profiter d'elle de diverses façons (elle n'est pas contre le sexe mais j'ai trouvé que les mecs en profitaient un max voire sont carrément crados). Elle n'a pas pleuré depuis des années,  ses sentiments sont anesthésiés. Du moins le croit-elle.

Certes on devine en filigrane que Majella a un handicap. Mais finalement j'ai trouvé qu'à peu près tous les autres sont comme elle, dans cette petite ville d'Irlande du Nord où l'ambiance peu vriller assez rapidement. Le sectarisme est toujours présent, on balance des clichés, les habitants font les choses selon un rituel précis. Aller au fish and chips commander le même plat, à la même heure, avec les mêmes mots... Majella a un petit TOC quand elle sort de sa zone de confort : elle claque des doigts et se balance d'avant en arrière. On devine une forme d'autisme (absolument jamais nommé comme  tel) mais pour ma part, il m'a fallu beaucoup de pages avant de me rendre compte de son petit problème. Tout simplement parce que ce n'est pas très visible. C'est elle qui mène la barque chez elle et que finalement,  sa mère est bien plus handicapée qu'elle, avec son addiction à l'alcool etc. Finalement,  c'est elle qui s'en sort le mieux. A ce titre, j'ai adoré la fin !

Un roman plein de vie, de réparties,  d'humour, souvent  noir, sans tabous. Si en filigrane il y a un drame familial bouleversant, Michelle Gallen suggère au lecteur un bel avenir pour Majella.

A vous de découvrir ce roman et de me faire un retour sur le sujet ! Attention,  crises de fou rire à prévoir... Normal,  c'est de la littérature irlandaise et c'est ce mélange de drame et d'humour qu'on aime en elle.





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Ce que Majella n'aimait pas

Majella vit dans la ville (inventée) d'Aghybogey, en Irlande du Nord. Elle a une vingtaine d'années, travaille six jours sur sept au Fish'and chips pour s'offrir un verre au pub, le dimanche soir. Son univers se réduit à sa chambre d'enfant, où elle se réfugie pour regarder en boucle des épisodes de Dallas parce qu'elle habite chez sa mère, qui passe son temps à boire sur le canapé depuis la disparition de son mari.

L'existence de Majella est ponctuée des choses qu'elle aime faire et qu'elle n'aime pas faire, et dont elle a dressé une liste. On peut en lire les dix premiers items au début du roman construit en sept parties qui correspondent aux sept jours de la semaine, parties divisées elles-mêmes en chapitres qui reprennent des goûts et dégoûts de Majella :



0h59

Liste des trucs bien

Objet 8. Nettoyer



9h45

Objet 17.1. Douleurs - Les maux de tête



18h42

Objet 1. Bavardages, commérages et autres conneries



Majella commence son service en fin d'après-midi jusqu'à une heure du matin. Employée par "Mrs Connasse", elle voit passer les gens d'Aghybogey au comptoir, en compagnie de son collègue Marty avec qui elle couche quelquefois. La vie est morose, le quotidien respire la médiocrité et la saleté. Et, fait divers qui fait naître les commérages : la grand-mère de Majella vient de se faire assassiner dans sa caravane...

Le soir, inlassablement, elle se fait réchauffer au micro-ondes, rapporté du fast-food et offert par les patrons, son menu poisson-frites qu'elle avale au chaud sous sa couette. À force de se nourrir de hamburgers et de frites, elle est grosse, mais sans véritable complexe ; elle ne s'offusque pas souvent, en apparence. Les gens autour d'elle, elle les connaît depuis toujours : curieux, jaloux, malveillants ou désireux, pour les garçons, de coucher avec elle. Tout semble passer sur Majella : on suit de l'intérieur (point de vue interne 3e personne) un quotidien banal et difficile dont elle ne se plaint pas.



Dans son premier roman, Michelle Gallen nous donne à voir la vie d'une jeune fille pour qui l'horizon est bouché, prisonnière de sa condition sociale et de son environnement, dans un contexte de lutte entre Irlandais et "Rosbifs", de division entre catholiques et protestants. La structure est originale et permet de faire passer la pilule... parce que ce que mange et vit Majella est plus que gras et indigeste... Comme sur la couverture choisie par l'éditeur, son existence sent le graillon. Les détails que nous raconte l'auteur et le langage des personnages n'élèvent pas Majella, à laquelle on s'attache pourtant parce qu'on le sent victime de ce contexte contre lequel elle lutte en allant travailler, sans s'apitoyer sur son sort, mais auquel elle ne pourra sans doute pas échapper...

Or, lorsque "c'te grosse andouille", comme l'a appelée sa tante chez le notaire, hérite des terres de sa grand-mère, un espoir d'ailleurs s'ouvre à elle : les vendra-t-elle, partira-t-elle? Ou bien s'enterrera-t-elle pour toujours dans un microcosme étouffant, sans espoir d'épanouissement où elle risque de finir comme sa mère, ivre à longueur de temps et mourant à petit feu ?...


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Ce que Majella n'aimait pas

A force de mauvaises nourritures, de bières du dimanche soir et le reste du temps de sodas trop sucrés, Majella a matelassé et enseveli son corps sous la graisse et sous les joggings informes - sans doute pour s’éviter de trop souffrir des quolibets, des plaisanteries salaces, des chagrins.

Elle est coincée dans une petite ville déglinguée, déprimante, à la frontière entre les deux Irlandes. L’hostilité entre les Catholiques et les Réformés n’y a pas totalement désarmé;la détestation des Anglais, ces «Rosbifs » y est toujours d’actualité.

Coincée auprès d’une mère non moins déprimante, puisqu’alcoolique, sale et paresseuse, et constamment geignarde.

Dans l’ambiance graisseuse du «Fish & Chips » dans lequel elle travaille six jours par semaine, Majella voit défiler les échantillons variés / avariés d’une humanité passablement bancale: chômeurs, poivrots , célibataires à la dérive, jeunes femmes en perdition. Et jusqu’à cet enfant battu que Majella, sur ses propres deniers, gratifie aussi souvent que possible d’un repas gratuit. Son collègue Marty, d’une curiosité insatiable, est la voix-off qui la renseigne sur les petits secrets bien ou mal dissimulés de chacun.



Peu d’événements saillants dans cette vie monotone. Tout de même, au début du récit, la mort violente de sa grand-mère- mais Majella s’interdit de se sentir concernée par l’enquête . Car elle vit barricadée dans une forteresse de « tocs » et de rituels à connotations autistiques ( se balancer d’avant en arrière ; sucer son pouce; faire claquer ses doigts quand elle se sent trop bouleversée ).

Et ce n’est que par de subtils détails que l’on commence à entrevoir qu’elle est en fait profondément atteinte dans sa sensibilité : par exemple lorsque, à l’église, elle exige abruptement de faire partie des personnes qui vont porter le cercueil de la grand-mère; ou bien encore lorsqu’elle éprouve brusquement le désir de s’acheter une nouvelle couette, et un oreiller bien douillets.



J’ai aimé dans ce récit la description méthodique de ces métiers sans gloire, et néanmoins éreintants, qui sont ceux du « fast food» et de la vente à emporter; les informations qu’on y glane sur la société et sur l’histoire récente de l’Irlande catholique. Et aussi, bien sûr, le portrait de cette grosse jeune femme mal fagotée, et terriblement attachante.

Aimé la manière dont le récit nous désigne comme le plus-que probable-criminel un personnage aperçu de façon récurrente, dans un contexte plutôt farcesque. Et cela néanmoins sans trompettes ni flons-flons , ni commentaires, et pour ainsi dire sans y toucher (« J’ai appris l’arrestation à Jimmy »).



Moins aimé en revanche le caractère un peu longuet de certains passages. Et pas du tout aimé le choix de conduire le récit au passé composé («La voix de sa mère a retenti dans le couloir d’en bas. Majella a tiré la couette par-dessus sa tête, l’a plaquée sur ses oreilles et a fermé les yeux »).

Bien sûr, le choix du très littéraire passé simple ( retentit…tira…plaqua…etc) aurait fait un trop grand contraste avec le caractère particulièrement relâché des dialogues (« Majella, tu bosses pas, c’soir? »).

Mais alors, pourquoi pas un récit au présent?

Et puis, je l’avoue , je suis restée un peu perplexe devant cette fin très ouverte: Majella, bien au chaud sous sa nouvelle couette, a comme une révélation ( « Ne jamais oublier. Ne jamais pardonner, S’en prendre aux autres avant qu’ils s’en prennent à nous »). Elle se promet de prendre dès le lendemain rendez-vous chez le notaire. Mais pour quoi faire au juste?

Moi, Lectrice, j’aurais bien aimé le savoir.
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Ce que Majella n'aimait pas

On suit pendant 1 semaine le quotidien de Marjella, 27 ans, qui vit avec sa mère dans un patelin d'Irlande du Nord. Elle travaille dans un fish and ship où elle sert les habitants du village. Sa mère, elle, noie son chagrin dans l'alcool depuis que son mari a disparu un beau matin. Le style est déroutant. Le quotidien de Marjella est banal, répétitif, mais je me suis attachée à son histoire. Finalement il ne se passe pas grand chose. L'alcoolisme, la pauvreté, la misère sociale, la méchanceté rythment le livre. Une histoire des petits gens, on est en plein dans le 'feel bad'. Un roman cru, j'en sors le cerveau poisseux et déboussolé. L'histoire de Marjella me titillera un moment, pour sûr.
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Ce que Majella n'aimait pas

Je vais être honnête, je ne suis pas allée au bout de ce livre. Pourtant au début j'ai plutôt accroché au ton impertinent et à l'originalité de cette jeune fille. Cette anti-héroïne au quotidien rythmé par son job dans un fish&chips et par les aléas de sa mère.

Mais cela n'a pas suffit à m'entrainer jusqu'à la fin. J'avais l'impression que cela n'avançait pas vraiment et surtout un sentiment de répétition. Je me suis lassée des histoires de friture et ça a presque fini par m’écœurer, au sens propre.
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Ce que Majella n'aimait pas

Le surnom de Marjella est Jelly, parce que le corps de la jeune femme boudine sa combinaison de travail qu’elle enfile tous les soirs en tirant un peu sur les coutures. Avec Marty, que ses rondeurs ne rebutent pas, elle prend les commandes dans le fish and chips » Salé, Pané, Frit » qui donne sur la place de Aghyboguy, un patelin d’Irlande. Le travail y est rare, même si les routes ont été rouvertes depuis la fin de la guerre et le marché local a retrouvé quelques stands. Le temps des martyrs est passé, à présent on rend hommage aux combattants, comme l’ami du pére de Marjella, Bobby, tué par une bombe qu’il transportait, une histoire de détonateur mal réglé, auquel le père ne semblait pas vraiment croire. Toujours est-il qu’après Bobby, il a disparu, laissant sa femme et sa fille en tête à tête dans la maison que la crasse a envahie.



Marjella fait avec, trace sa route ordinaire, elle compose avec le monde et si son poids et son corps sont des refuges douillets, comme sa couette, sa chambre, et les épisodes de Dallas qu’elle se repasse en K7, fouillant jusqu’au fond de l’emballage les grains de fritures vinaigrées, elle doit de temps en temps faire face aux peurs qui pourraient la clouer au sol, si elle les laissait faire.



Au fish and chips, c’est toute une humanité bancale qui défile, celle de la misère de ce coin d’Irlande. La sonnette de la porte n’annonce pas de surprise, devant le comptoir s’enchainent les mêmes clients, les mêmes commandes, les mêmes blagues : les ivrognes qui sortent du pub voisin, les petits vieux contents d’avoir gagné au loto municipal, les gosses livrés à eux mêmes par des mères devenues mères trop jeunes. La fin de la guerre n’a pas tenu ses promesses …



Mais Marjella lutte, autiste qui s’ignore, elle fait avec les autres, avec quelques souvenirs lumineux de sa grand-mère, de son père, d’une enfance bancale où sa mère prenait déjà toute la place. A présent, celle-ci ne quitte plus guère son canapé défoncé dans le salon, abrutie d’émissions de téléréalité, de mauvais whiskie et de tramadol. Et pourtant Marjella fait toujours face … Même si le jour de l’enterrement de sa grand-mère, retrouvée assassinée dans sa caravane, elle a failli laisser tomber l’armure.



Alors évidemment, cet univers est d’une telle déprime redondante et poisseuse qu’il donne envie de passer sa lecture sous la douche, pour enlever le gras qui colle. Cette possibilité me paraissant quand même quelque peu exagérée, parce que Marjella mérite mieux que de finir en pages gondolées collée à une bonde noircie d’encre. Elle palpite comme elle peut, se prépare comme un petit soldat pour aller boire ses huit pintes dominicales au pub, faisant rempart de sa forteresse à tout ce qui pourrait la faire vaciller, exploser. Si son univers est étriqué, il y a des choses qu’elle aime : le sexe, sans complexe, sa nouvelle couette, se sécher après la douche, le timing de la cuisson des frites, qu’elle maitrise à la perfection … Ce n’est pas grand chose mais la vraie tristesse tient dans le tableau social misérabiliste que le microcosme du fish and chips révèle , ses scènes rejouées et sans issue.
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Ce que Majella n'aimait pas

Majella est une jeune femme d’à peine 30 ans qui vit dans une petite bourgade d’Irlande du Nord. Elle travaille dans un Fish and chips, habite encore chez sa mère alcoolique, son père a disparu quand elle était jeune et sa grand-mère vient d’être assassinée dans la caravane où elle vivait. Un peu associable, elle gère sa vie dans une sorte de routine immuable. Mais surtout elle fait des listes de ce qu’elle aime et de ce qu’elle n’aime pas. La liste des choses qu’elle aime est plutôt courte mais celle des choses qu’elle n’aime pas est longue et pourrait se résumer simplement aux autres.

Dans ce roman, on suit Majella pendant une semaine dans son quotidien qui semble sans espoir dans une petite ville où tout le monde se connait où chômage, religion, alcool se mélangent sur fond des échos encore frais des Troubles.

Michelle Gallen décrit avec autant d’humour que de poésie les réflexions et rêveries de Majella sur le monde qu’il l’entoure dans un style vif et parlé avec un vocabulaire argotique délicieux (et on ne peut que remarquer le talent de la traduction par Carine Chichereau) et dresse les portraits d’une galerie de personnages tout autant attachants que touchants dans leur manière d’affronter le monde dans lequel ils survivent tant bien que mal.

Un premier roman drôle et profond sur notre monde avec un personnage féminin à l’humanité percutante que je ne suis pas prêt d’oublier car une fois qu’on entre dans l’univers de Majella on n’a plus envie de la quitter et on voudrait passer encore quelques jours avec elle une fois le livre refermé.
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Ce que Majella n'aimait pas

Un livre que j'étais curieuse de découvrir !

Majella habite à Aghybogey, une petite bourgade d'Irlande du Nord, où il n'y a pas grand-chose à faire. La jeune femme habite toujours chez sa mère, alcoolique notoire, et s'interroge régulièrement sur la mystère de la disparition de son père. Elle travaille à Salé, pané, frit, un fish and chips, où elle voit les mêmes personnes, prenant toujours la même chose. L'univers de Majella n'est donc pas très étendu, ses seuls loisirs étant d'aller boire un verre le week-end et de regarder en boucle des rediffusions de Dallas.

Contrairement à la couverture très colorée, ne vous attendez pas à ce que ce livre soit aussi joyeux. Au contraire ! Ce que Majella n'aimait pas décrit une vie morose, entre sa mère alcoolique, sa grand-mère récemment décédée, un métier sans avenir mais qui a le mérite de lui rapporter de l'argent... Et tout ça dans une petite ville sans futur, en train de périclité, et le contexte politique très agité de l'Irlande.

Pour mettre de la distance entre elle et le monde, Majella s'est construit une épaisse carapace, qui laisse malgré tout passer des choses. Elle dresse des listes de choses qu'elle aime ou déteste ; elle se réfugie dans la série TV Dallas ; elle claque des doigts pour se calmer quand elle est énervée... Majella arrive à tenir grâce à toutes ces petites choses, grâce à la carapace de chair qu'elle s'est construite à force de manger les restes qu'elle ramène du boulot. Plus on plonge dans son quotidien, plus on se demande comment elle va s'en sortir. Personne ne s'occupe véritablement de Majella, engoncée dans sa combinaison de travail. C'est une bombe à retardement, et viendra le moment où elle explosera. Elle résiste, elle encaisse, mais pour combien de temps ? C'est en tout cas un personnage très marquant et frappant, originale et attachante.

Ce que Majella n'aimait pas est une lecture qui nous fait vivre de sacrées émotions, souvent négatives avec toute cette morosité. Mais c'est ce qui fait de ce roman une histoire frappante ! Michelle Gallen a réussit a faire de Ce que Majella n'aimait pas une lecture inoubliable.

Je suis impatiente de découvrir les prochains romans de cette auteure !
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Ce que Majella n'aimait pas

Qu'est-ce qui fait l'intérêt de ce roman ?

D'un roman où il ne se passe rien, où le personnage principal, Marjella, 27 ans, trop enrobée à son goût, se trouve rarement à son avantage, habite à la frontière irlandaise avec les protestants, chez une mère alcoolique et chouineuse qu'elle supporte (à tous les sens du terme) vaillamment, travaille dans un fish and chips à la nourriture bien grasse où la patronne est surnommée la connasse, se fait belle le dimanche soir pour aller au pub, baisouille de temps en temps sans trop d'exigence, dont la grand-mère vient de décéder à la suite d'une violente agression, quant au père, il a disparu un beau jour depuis plusieurs années.

Marjella utilise des astuces pour libérer la pression : claquer des doigts, se balancer. À pratiquer évidemment le plus discrètement possible, on a si vite fait d'être jugée dans ces petites villes.

Bref une vie de "merde", apparemment sans aucun intérêt.

Malgré tout, comme elle est attachante cette Marjella !

Elle a la volonté de vivre qui nous la rend chère, avec cette petite liste tristoune de ce qu'elle aime, ce qui nous fait imaginer la longue liste de ce qu'elle n'aime pas, même si cela doit se résumer à : "les autres", mais ce n'est pas si simple.

Nous la suivons pendant une semaine au premier abord semblable aux précédentes, mais qui pourtant est porteuse d'un espoir et d'une libération.

Qu'est-ce qui fait l'intérêt de ce roman ?

L'écriture et l'empathie de l'auteur pour ses personnages.

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Ce que Majella n'aimait pas

" Parfois Majella pensait qu'elle devrait condenser la liste complète des trucs qu'elle n'aimait pas trop en la réduisant à un seul : - les autres."



Mais dans ce qu'elle aime, il y a Papa (hélas parti il y a dix ans), Mémé (qui vient d'être tabassée à mort), les antidouleurs, nettoyer, les sexe, Dallas, etc.



A vingt-sept ans, Majella habite depuis toujours dans une petite ville d'Irlande du nord proche de la frontière et travaille chez Salé, Pané, Frit!- Fast food traditionnel, avec son collègue Marty. De 17 h à 1 h du matin. A demander aux habitués ou non ce qu'ils désirent manger.



Quand elle rentre à son domicile, elle ignore ce qu'elle va trouver. Au mieux, sa mère n'a pas trop bu.



Cependant ... inutile de sortir les mouchoirs, ce roman a priori désespérant réussit à être drôle, avec ces personnages hauts en couleurs et son héroïne atypique. Majella traverse cette vie en se débrouillant du mieux possible, fidèle au poste avec cette mère là, et ces clients là. Parfois un peu de tendresse ressort. Une lueur d'espoir et de changement?



Un roman surprenant que je recommande.
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Ce que Majella n'aimait pas

J'ai lu 13%, soit 33 pages sur 250. Et je vais arrêter. Le langage est vulgaire, ordurier : cul, fesses, merde, en veux-tu en voilà. "J'veux une portion d'frites, putain de merde". "Putain de chiotte de bordel de merde..."

Je n'appelle pas cela de la littérature. Je ne vais pas perdre mon temps, je passe mon tour.

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Ce que Majella n'aimait pas

Michelle Gallen nous emmène dans l'Irlande du Nord profonde et miséreuse à la rencontre d'une reine.


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Ce que Majella n'aimait pas

Ce que Majella n’aimait pas commence un lundi dans la petite ville de Aghybogey, à la frontière nord-irlandaise ; la jeune fille de 27 ans va «bosser», comme six soirs par semaine dans le fish and chips de Madame Conasse. Elle aime astiquer la boutique et connaît la clientèle par cœur, comme Jimmy Neuf-Pintes qui réclame chaque soir son menu saucisse à sa sortie de l’usine de volailles de Strabane. Sa mère est alcoolique, son père a disparu et elle vient d’enterrer sa grand-mère assassinée. Le tableau paraît peu engageant, mais la force de ce premier roman tient à l’intensité émotionnelle de cette drôle de fille, complexée et assumée.
Lien : https://www.liberation.fr/cu..
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Ce que Majella n'aimait pas

Une belle découverte que ce roman irlandais qui se démarque de mes autres lectures de l’année. Par l’intermédiaire de Majella, l’auteure donne une voix à toute une génération de nord-irlandais en situation précaire et met en lumière une société où la violence est encore omniprésente.



Le lecteur est amené à suivre Majella pendant une semaine (le roman aurait tout aussi bien pu avoir pour titre 168 heures dans la vie de Majella) rythmée par son travail au Fish & Chips d’Aghybogey, une ville fictive à la frontière avec la République d’Irlande, et pendant lequel elle voit défiler toute une galerie de personnages plus ou moins hauts en couleurs, qui essayent eux aussi de survivre. Outre ses horaires décalés et son salaire de misère, Majella vit tous les jours dans l’odeur de friture et doit composer avec la misogynie des clients et une patronne particulièrement antipathique, qui ne fait son apparition qu’à la fermeture du fast-food, soit environ minuit, pour récupérer la caisse.



Autant dire que sa vie n’est pas de tout repos, surtout qu’elle doit également s’occuper de sa mère alcoolique en rentrant la nuit à la maison. Pour couronner le tout, son père a disparu (peut être tué par les loyalistes, c’est en tout cas ce que le lecteur est amené à supposer lorsqu’il apprend que ce dernier était impliqué dans l’IRA) et sa grand-mère a été massacrée dans sa caravane (des représailles de loyalistes là encore, ou bien un simple fou qui aurait profité de l’endroit isolé où elle vivait pour s’attaquer à une personne âgée ? Michelle Gallen ne nous le révèlera pas). Son oncle également membre de l’IRA est mort des années auparavant, lorsqu’une bombe artisanale qu’il comptait faire exploser lui éclate au visage.



Privée de ses seuls appuis familiaux qu’étaient pour elle son père et sa grand-mère, éloignée de sa meilleure amie partie faire des études ailleurs, sans personne à qui se confier, Majella doit prendre sur elle et supporter les commérages des habitants d’Aghybogey quant à la mort de sa grand-mère et l’héritage qu’elle a laissé derrière elle.



Majella devient une héroïne du quotidien, menant une lutte de chaque instant contre les différents individus malveillants, malfaisants ou tout simplement égoïstes qui font partie de sa vie. Si elle semble accepter son sort, et malgré un accès à l’éducation limité, elle se révèle aussi pleine de ressources (notamment quand un fermier locataire de sa grand-mère essaye de la manipuler pour la convaincre de lui vendre ses terres) et fait preuve d’un sens de la repartie remarquable (indispensable pour survivre derrière le comptoir du Fish & Chips).



En toile de fond l’auteure esquisse également une réflexion sur la malbouffe et ses conséquences (Majella, dans son contrat, a droit également à un Fish & Chips gratuit tous les soirs). Sont aussi abordés le chômage, l’addiction aux paris et jeux, le suicide et les contrôles de police à la frontière, l’entre-soi et le racisme des deux camps (Majella est catholique et se demande parfois à quoi rime cette séparation entre catholiques et réformés) mais aussi l’ennui mortel des petites villes où rien ne se passe, et où l’accès à la culture et aux loisirs est quasi inexistant.



Le lecteur s’échappe avec Majella de son quotidien lors de quelques épisodes de flash-backs où Majella se souvient de son papa (une figure aimante mais un peu mystérieuse du fait de ses activités secrètes par-delà la frontière), d'une réunion des alcooliques anonymes où elle avait emmené sa mère ou encore de l’école (la cantine, les cours). J’ai trouvé très touchant le passage des premières vacances à la mer malgré le fait qu’elles se retrouvent gâchées par la présence d’un individu peu recommandable).



La romancière réussit à merveille à nous décrire l’ambiance qui règne dans la maison de Majella, mais aussi au Fish & Chips. Je n’ai eu aucun mal à m’imaginer la moquette tapissant les chambres ou encore le néon clignotant de la salle du Fish & Chips. Il faut dire que la plupart des phrases sont dédiées à la description de gestes très simples comme le réchaud d’un plat au micro-ondes ou l’ouverture de paquets de frites.



Au fil de cette semaine plutôt banale, rythmée par le boulot, le visionnage de la série Dallas et une virée shopping pour aller s’acheter une nouvelle couette, un évènement va venir bouleverser le quotidien de Majella : la lecture du testament de sa grand-mère, où elle apprend qu’elle hérite de ses terres et de sa maison. Malgré un côté très déprimant, le roman se finit sur une touche d’espoir.
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Ce que Majella n'aimait pas

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Ce que Majella n'aimait pas

Le portrait d'une jeune femme disgraciée et formidable à la frontière de l'Ulster.
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