Mikkel Ørsted Sauzet

Arh ! Que c'est beau ! Fétiche est une BD de Mikel Orsted Sauzet, portant sur le thème de la révolte. La révolte dans les plantations de canne à sucre, ou les hommes enchaîné par un noir esclavage font éclater leur rage et prenne les armes contre les exploiteurs. Mais aussi les révoltes modernes, comme dans les manifestations, ou des gens crie leur colère de manière plus pacifiste. Le message est simple, l'insurrection, la révolte est là, elle à toujours était là, elle est résonne en nous.



Le tout sans textes, uniquement avec des images, d'une très grande puissance, dessiné au stylo Bic. Du rouge pour les récoltes de canne à sucre, du noir pour les révoltes actuel. C'est beau, le message passe.

À la fin du XVIIIème siècle, la révolution des esclaves gronde en Haïti. Ici, on suit tout d’abord l’une de ces esclaves ; une femme sans nom, sans identité. Un anonymat dû avant tout à l’absence de texte mais qui colle parfaitement avec le fait que cette femme ne soit que une esclave. Une parmi tant d’autres. Une femme qui accouche d’une petite fille… à la peau claire. Récupérée par les colons, confiée aux soins d’une nourrice, cette enfant grandira dans ce monde clivé pourrissant.

Une BD sans paroles (comme ces esclaves qui n’ont pas de voix), où tout se joue sur la couleur, les expressions, les mouvements. Les deux premiers tiers de l’histoire sont dessinés au stylo Bic rouge uniquement ; rouge comme le sang des esclaves versé, comme la révolte, les sacrifices, la douleur, la haine. Malgré l’absence de texte, le récit est rythmé par la musique des tambours, par les coups de fouet, par les remous de la colère. Une musique primitive qui gronde et grogne.

Le dernier tiers se passe à notre époque où d’autres révolutions se jouent, avec en arrière-fond ces tambours sourds qui résonnent du fins fonds des ruelles underground. Que deviennent nos révolutions aujourd’hui avec les moyens dont nous disposons ? Peut-on les comparer aux révolutions précédentes ? Deux questions esquissées par le jeu de miroir entre ces deux parties, à chaque lecteur d’y répondre.

C’est beau, c’est fort, c’est dense. Une BD qui se lit avec les tripes.
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Le moi noir est une libre adaptation de la nouvelle de Anton Tchekhov écrit en 1893.



Dans un futur proche, le réchauffement climatique rend la vie difficile à la surface de la terre.

Nous suivons l’histoire de An Kov, qui surmené, se voit conseiller de se mettre au vert quelque temps afin de se refaire une santé. Il rejoint donc dans le désert sur leur lieu de résidence son ancien tuteur Gor et sa fille Tani. Là-bas, il profite de la présence de Tani, de l'ambiance près de la piscine, dort peu et commence à avoir des visions l'entrainant dans des discussions avec Le Moi Noir...



Ce livre est un superbe objet grâce à sa reliure japonaise et son fourreau couleur orange brique. Quel plaisir de l'avoir entre les mains, de le toucher et de tourner ses pages. L'ambiance y est chaude, tendue et pesante. Le dessin effectué tout au stylo bic, est singulier et nous a conquis.



Moderne, interpellant et absorbant, c'est un album poussant à la réflexion et nous interrogeant en nous parlant d’écologie, de réchauffement climatique, de folie et de passion.


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Si l’on en croit Mikkel Ørsted Sauzet, il va falloir s’habituer à vivre cloîtré et à éviter le plus possible de mettre le nez dehors. Pas forcément à cause d’un virus d’ailleurs... Le réchauffement climatique fera son œuvre, à moins que la situation actuelle ne devienne définitive...



D’ici quelques années donc, le monde étouffera. Il sera impossible de survivre en Afrique sans un équipement spécial et même sous des latitudes plus clémentes il deviendra périlleux de se promener à l’air libre. Les avancées de la technologie n’auront pas empêché l’inéluctable, entraîné par une frénésie consommatrice jamais démentie.



C’est dans ce contexte que le personnage principal du Moi Noir, An Kov, traîne son surmenage intellectuel, ses doutes et ses psychoses. À l’instar de la nouvelle d’Anton Tchekov où l’écrivain Andreï Kovrine vit comme si la tuberculose ne l’atteignait pas, An Kov va et vient comme si ses troubles étaient sans importance. Il tente bien de se mettre au calme, mais ses obsessions n’évoluent guère. Fonce-t-il dans un mur sans s’en rendre compte ?



Mikkel Ørsted Sauzet, qui avait impressionné avec Fétiche (Presque Lune éditions, 2018), puissante évocation de la révolte, interprète dans sa bande dessinée la nouvelle Le Moine Noir (1893) de Tchekov. La transposant dans un futur proche à la fois crédible et effrayant, il en donne une version empruntant à la fois à l’anticipation et au roman psychologique.



Son trait dense, les tons sépias et les compositions très sobres entretiennent l’ambiance étrange, un peu triste mais mystérieuse, du récit. Le lecteur est en même temps dans et en-dehors de la tête d’An Kov, l’accompagnant dans ses excès ou ses hésitations. Le Moi Noir est un livre politique - en tant que réflexion sur notre monde actuel et son devenir - et psychologique - comme regard sur l’évolution mentale d’un personnage en proie à une maladie proche de la schizophrénie - rappelant que l’individuel et le collectif sont indissociables. La période que nous traversons ne donne pas tort à l’auteur...
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(IK971) Album au style graphique étonnant! Tout en crayonné rouge et noir... Que je trouve personnellement, très beau. En revanche, le saut temporel a mi-chemin rend la narration énigmatique, et brouille un peu les pistes. Trop pour notre jeune public. Dommage. Non, pour le Prix.

(LX971) Dommage, le graphisme est superbe mais le scénario... un vide sidéral, sans parler du rapprochement hasardeux entre esclavage et lutte syndicale.

Non pour le prix.

Mikkel Ørsted Sauzet évoque et invoque la révolte. D'un trait puissant, impressionnant, il relie la révolution haïtienne et la résistance contemporaine aux politiques économiques libérales. Et nous offre quelques dessins d'une force étonnante.
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Mikkel Orsted ­Sauzet est né de parents français et danois, et s’est installé entre les deux pays, en Belgique, pour étudier la BD puis publier son premier album Fétiche, aux éditions Presque Lune.
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