Milan Dargent

Belmondo n’abandonne jamais le combat, même blessé. Une teigne, Belmondo. Une teigne au cœur d’or. Un super-pote. Pas de danger auprès d’un Belmondo. Vous pouvez compter sur lui ; il s’interposera entre vous et les fêlons, comme un bouclier en peau d’homme. Ce Belmondo, quel type. On n’en voit plus guère, des boula-mataris comme lui. Les costauds comme Belmondo se font rares. Viva Belmondo. God save Belmondo. In Belmondo we trust. Bebel président. Belmondo, je t’aime. Pas touche à Belmondo. C’est lui le meileur. Le plus grand, simplement.

Mon parrain, qui avait le sens de la formule, m’a un jour dit ceci : “C’est simple, tu n’es responsable que d’une chose dans l’existence. Tes actes.” Et il s’y connaissait, mon parrain, lui dont les actes – nommés whisky, pastis et pinard – le menaient vaillamment là où personne ne voudrait aller : au fond du trou.

"Repas de famille"
Pourquoi mes oncles attendent-ils les repas de famille pour s'enguirlander au lieu de s'enguirlander avant ? Parce qu'ils ne se voient jamais en dehors de ce rituel qu'est le repas de famille. Si la famille n'assiste pas à une engueulade, la réunir perd tout son sens ; c'est mon hypothèse. Il semblerait qu'on ait toujours quelque chose à prouver à sa famille, notamment qu'on ne s'en laisse pas compter. On est à fond en famille, convaincu comme jamais. Les convictions reprennent le dessus en présence de papa/maman. Et nous, les gosses, pendant ce temps, sages comme des images avec ça, on doit demander l'autorisation de se lever de table après le dessert. C'est la meilleure. L'autorisation d'éviter les repas de famille, auprès de qui faut-il la demander ? Hein ? (p.101)

Des fois je me pose des questions. Je me demande si on voit bien que je suis un fan des Stones. J'ai peur qu'on me confonde avec un spectateur de Maigret. Peut-on être spectateur de Maigret ET fan des Stones? Fan de Mick Jagger ET de Jean Richard? Dur à dire.

"Été"
Nos climats tempérés permettent de réelles différences entre les saisons. En gros, on est maussade en automne, frileux en hiver, guilleret au printemps et libre comme l'air en été. Avez-vous comme remarqué comme tout ce qui se passe en été prend une importance considérable, quand on regarde avec une loupe ? Dites-moi une autre saison que l'été pour voir Myriam Pradel en bikini, c'est-à-dire, pour qui a un brin d'imagination, pas très loin de toute nue ?
Que l'existence ne soit pas un éternel été reste un gros, gros problème pour moi. Je préfère de loin les vacances à l'école, et l'été ce sont les grandes vacances auxquelles on a droit. J'ai demandé à mon prof de gym pourquoi elles ne duraient pas carrément trois mois entiers et il m'a répondu que son boulot, très dur, aurait bien mérité ça, mais qu'ils s'en foutaient bien là-haut, à Paris.
Après l'été il reste une année à attendre, puis ça recommencera, et ainsi de suite. Les étés passeront, et je me demande si au soir de notre vie on se rappellera le moment où l'on regardait la silhouette de Myriam Pradel en bikini, émergeant des eaux dans la lumière rougeoyante du coucher de soleil. Je pense que oui. (p.38)

Un adulte est censé avoir remplacé les posters qui tapussaient sa chambre de gosse par des affiches d'expositions du genre "Rétrospective Henri Matisse" et des photographies sépia de sa petite famille. Un adulte est censé avoir autre chose à faire que guetter la réédition d'un disque qu'il avait acheté en 1973,au cas où il y aurait des titres bonus. Un adulte encore fan passera pour un ado attardé, voire un attardé tout court.

"Terrain vague"
Plus je grandis plus disparaissent les terrains vagues, les friches, les palissades et les usines brûlées. Même l'amiante se fait rare. Comme si le futur voulait nous priver de terrains de jeux. Sans mauvaises herbes, vieilles boîtes de conserve et fil de fer rouillé, les garnements de l'an 2000 ne vont pas rigoler tous les jours. (p.115)

Je n'ai peut-être pas beaucoup de culture mais question Rolling Stones je m'y connais.