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Citation de Colchik


C'était le troisième jour de l'occupation. J'étais dans ma voiture entre Prague et Budejovice (la ville où Camus a situé son Malentendu). Sur les routes, dans les champs, dans les forêts, partout campaient des fantassins russes. Puis, on a arrêté ma voiture. Trois soldats se sont mis à la fouiller. L'opération terminée, l'officier qui l'avait ordonnée m'a demandé en russe : "Kak tchouvstvouyetyece ?", c'est-à-dire : "Comment vous sentez-vous ? Quels sont vos sentiments ? " La question n'était ni méchante ni ironique. Au contraire : l'officier a continué : "Tout cela est un grand malentendu. Mais cela va se régler. Vous devez savoir que nous aimons les Tchèques. Nous vous aimons !'
Le paysage dévasté par des milliers de chars, l'avenir du pays compromis pour des siècles, les hommes d'Etat tchèques arrêtés et enlevés, et l'officier de l'armée d'occupation vous fait une déclaration d'amour. Comprenez-moi bien, il n'a pas voulu exprimer un désaccord avec l'invasion, pas du tout. Ils parlaient tous à peu près comme lui : leur attitude était fondée non pas sur le plaisir sadique des violeurs, mais sur un autre archétype : celui de l'amour blessé : pourquoi ces Tchèques (que nous aimons tellement !) ne veulent-ils pas vivre avec nous et de la même façon que nous ? Quel dommage qu'il ait fallu utiliser des chars pour leur apprendre ce qu'est l'amour !
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