SUR LE RIVAGE SANS FIN
C'était le matin
et le ciel un lapis-lazuli fluide.
J'ai construit le temps d'un instant
une échelle du silence
et je suis monté sur le toit du mystère.
J'ai vu mon corps,
un atome dans la galaxie.
J'ai reçu comme ma part
un instant de l'éternité.
Oh, qu'il est terrifiant
de se voir soudain debout
sur le rivage sans fin.
Le deuxième millénaire de la gazelle
LA MIGRATION DES VIOLETTES
Les derniers jours de février,
la migration des violettes
est belle.
Dans la mi-journée éclairée de février,
lorsqu'on transporte les violettes,
des ombres froides,
dans le satin du parfum de printemps,
avec leur terre et leurs racines
- leur patrie mobile-
dans de petites boîtes en bois
au coin de la rue :
le ruisseau de mille murmures
bouillonne en moi :
si seulement …
si seulement on pouvait
comme les violettes
(dans les boîtes remplies de terre)
porter un jour sa patrie où on voulait,
dans la lumière de la pluie,
dans le soleil pur.
Février 1967
Un Miroir pour les voix
En présence du vent
Mes mots
je les lave dans le ruisseau de l'aube
mes instants
dans la lumière de la pluie
pour composer pour toi un poème lumineux
pour te dire mes mots
sans souci
sans équivoque
en présence du vent
- ce voyageur de la plaine et du désert -
pour te dire sans équivoque :
je t'aime
à en devenir fou !
1967
Un miroir pour les voix