AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Nestor Urechia (102)


Assidue, toi la fourmi
Au corps si petit
Avec ton peuple, de la fée
Au secours tu peux voler

[Vrednico furnică
Tu, desi ești mică
Poți veni în ajutor
Zînei, cu al tău popor.]
(p. 52)
Commenter  J’apprécie          240
– C’est donc une féerie perpétuelle à laquelle vous assistez, s’exclama Mircea.

(p. 37)
Commenter  J’apprécie          230
- Qu'est-ce que ce chardon que tu as planté dans tes cheveux ?
- C'est une belle fleur.
-Oh ! oh ! dis-je avec un air de doute.
- C'est une belle fleur, insista-t-elle ; elle a un peu l'air méchant, mais combien de personnes ont l'air bon et font de la peine...
Commenter  J’apprécie          172
– Je pense que ce n’est pas très chrétien ce que j’ai fait là, de quitter ma famille la veille de Pâques.
– Bon Dieu ! la chouette ne pleurera pas sur votre toit pour cela… Allons, faites-nous une figure plus agréable, soyez sage, si vous voulez vous régaler de ce que j’ai apporté dans mon sac.
– Faites voir.
– Ah ! non, ce sera pour minuit, quand Jésus-Christ ressuscitera.
– Que ferions-nous, demanda Mircea, si quelque seigneur Martin nous rendait visite ?
– Nous nous tiendrions tranquilles, voilà tout, et l’ours passerait.
(p.146)
Commenter  J’apprécie          140
– Malheureux ! cria Andrei avec une extrême vivacité, mais c’est inconsidéré ! mais c’est fou, ce que vous dites là ! Pour l’amour du ciel, par charité pour votre ami, par respect pour ces montagnes, ne répétez pas ces paroles ! Comment ? Les Bucegi en représentation devant la horde des touristes ? Les pitons numérotés, les cascades canalisées, les rocs inventoriés, les forêts soigneusement nettoyées, les chamois parqués ?
– Calmez-vous, Andrei !
– Que je me calme ! C’est effroyable ! Des placards portant défense de ceci, défense de cela, et des clôtures que l’on ne pourrait franchir, et des individus assermentés tapis dans tous les fourrés pour épier vos mouvements et vous interdire les plus inoffensifs gestes ? Et l’espace mesuré, l’air dosé…
– C’est la civilisation !
– Mais je n’en veux absolument pas, de votre abominable civilisation ; qu’est-ce qui fait le charme de ces montagnes ? C’est leur sauvagerie non encore violée par la multitude, non étranglée par les règlements, non salie par le mercantilisme. Ces Bucegi, qui n’accueillent aujourd’hui que les initiés, devraient alors subir l’affreuse banalité des conversations, et les cancans de l’immonde politique s’installeraient sur ces fiers pics et dans ses vallonnements enchantés ?
– Avec les boîtes de sardines et les papiers gras, oui, mon ami, s’écria Mircea, en éclatant de rire. Vous n’avez donc pas deviné que je plaisantais ?
– C’est une mauvaise plaisanterie, répondit Andrei en hochant la tête. Mais laissons cela, nous voici au pied du Vârful-cu-dor. Nous avons parcouru à peu près le chemin suivi par mon père et Vaillant en 1839, il y a trente-six ans. La croix du berger est toujours là, un peu plus enfoncée dans la terre et penchée ; voyez-vous, en face, cet amas de rocs bizarres, avec, au milieu, ce champignon ?
(p. 194-195)
Commenter  J’apprécie          135
- Et comment l’appelles-tu, cette belle fleur ?
- C’est le « tamis des fées ».
- Joli nom… D’où lui vient-il ?
- (…) Les fées de notre pays se réunissaient autrefois, tous les automnes (…). Là, sous la garde de la reine des fées, elle tamisaient à travers ce chardon les pensées des hommes. Il y en avait de bonnes et de mauvaises ; les bonnes seules passaient.
- Et qu’arriva-t-il ?
- Il arrivait que les bonnes pensées formaient des tas bien petits, bien petits, tandis que les mauvaises s’amassaient en monceaux, et les monceaux devenaient meules, et les meules grossissaient et prenaient des airs de petites montagnes, puis les petites montagnes finissaient par faire de grandes montagnes. Vois-tu ces pics de nos Bucegi, qui trouent le ciel ? Ils sont faits uniquement des méchantes pensées des hommes.
- Et les bonnes pensées, que sont-elles devenues ?
- Les bonnes elles ont fait la guerre aux mauvaises, et malgré leur petit nombre, elles ont vaincu, puisque la bonté est toujours plus forte que la méchanceté. Et elles ont recouvert leurs ennemies !
- De quelle façon ?
- Tu ne les vois donc pas, partout, tout autour de nous : les arbres, les fleurs et tout là-haut, l’herbe des Hautes Chaumes.
Commenter  J’apprécie          120
- Oh, regardez, là-bas, fit Mircea, ces flammes violettes qui surgissent de l'herbe...
- Encore un avertissement que la mauvaise saison approche à grands pas : ce sont des colchiques, que l'on appelle veilleuses à la campagne en France, tandis que les paysans roumains les nomment "ghicitori", devineuses, leur attribuant le pouvoir de deviner la venue de l'hiver. On dirait, n'est-ce pas, les premières lampes que l'automne allume dans les prés, avant courrières de celles qui, par les nuits d'hiver, éclairent la table familiale... Bientôt, les bûches de hêtre pétilleront dans l'âtre et les Bucegi s'habilleront de blanc virginal...
Commenter  J’apprécie          122
– Ah ! mon ami, s’écria Mircea, si ces superbes montagnes, au lieu de se trouver en Roumanie, faisaient l’ornement de quelques pays de l’Occident, quelles sources de profit, quels aménagements rentables de la nature…

(p. 193-194)
Commenter  J’apprécie          110
L’homme se sent écrasé devant ces parois colossales, sans équivalent au monde.

(p. 33)
Commenter  J’apprécie          100
À ma fillette Aimée,

La Vallée du Cerf est ici
Abri de bienheureux nid,
Loin du monde méchant…

[Fetiței mele Aimée,

Valea Cerbului e-aice
Adăpost de cuib ferice,
Departe de lumea rea...]
Commenter  J’apprécie          100
Tous les vœux de mon père ont été ainsi exaucés. Et bien plus encore : la Providence nous a permis de jouir de ce tableau incomparable des Bucegi, de cette paix profonde de la valea Cerbului. Et, pour ma part, je ne demande plus rien, si ce n’est de finir mes jours ici, de même que mon père.
– C’est la paraphrase des vers d’Horace que vous faites là.
– C’est la vérité…

(p. 30)
Commenter  J’apprécie          90
- Le tableau n’est pas beau, mais il est intéressant, n’est-ce pas ?
- Il est plus qu’intéressant, il est symbolique. Sont-elles assez désolées, ces côtes, dans leur nudités ! Voyez ces ravins innombrables que les torrents ont creusés, zébrant les flancs de ces versants d’autant de rides sinueuses, de crevasses traîtresses ; toute végétation a été enlevée, par la force des eaux ; à peine s’il pousse de-ci, de-là, quelques maigres ronces.
— Ces pentes exhalent la tristesse…
- Oui, c’est la nudité affreuse de la nature malade, là est le symbole. Ces côtes misérables figurent la terre roumaine ravagée par les barbares russes, turcs, tartare, hongrois, polonais qui, à tour de rôle,l’on mise à feu et à sang.
(…)
Mais sachez, mon ami, que le livre du Destin porte gravé, pour ce pays et ce peuple, des jours meilleurs, de beau jours. Voyez-vous, dans les voisinages de ces coteaux nus, les prés fleuris du Florin, le mont bien nommé, qui évoque l’abondance et, plus haut, ces impénétrables forêts de hêtres et de sapins qui représentent la richesse ? C’est une terre bénie de Dieu que la terre roumaine ! Sur la lisière, apercevez-vous ces jeunes arbres frêles, mais pleins de sève, et qui semblent avancer en troupe hardie, pour prendre possession de ces pentes arides, afin de les recouvrir de végétation, les fixer et endiguer les torrents dévastateurs ? Oui, il y a une génération nouvelle qui s’élève dans ce pays, à qui il sera donné d’accomplir la plus belle des tâches : le réveil d’une nation ! Et d’ici moins d’un demi-siècle, ce pays sera libre de conduire ses destinées et il se fera respecter des barbares de Moscou, de Bude et de Constantinople. 
Commenter  J’apprécie          90
Je crois faire œuvre de bon Roumain, en publiant ce livre, pour lequel j'ai puisé dans les notes que j'ai prises, au jour le jour, à la montagne; sa destination est de faire connaître au moins un coin de mon beau pays que les Roumains méconnaissent tant et que les étrangers ne connaissent pas du tout.
Mais il y a plus : l'affabulation de ce livre est la preuve que le cœur de son auteur, comme celui de tout Roumain bien pensant, est partagé entre l'amour pour son pays de naissance la Roumanie et l'inaltérable affection et reconnaissance qu'il garde à son pays d'élection, la France.
Quoi que fassent les mesquines combinaisons de la politique, les cœurs roumains battront toujours à l'unisson des cœurs français. Les Roumains ne devront jamais oublier la dette de gratitude qu'ils ont contractée envers la grande sœur latine qui, généreusement, les secourut aux heures troubles où leur idéal de liberté était étranglé par des voisins puissants et accapareurs
[...]
Et je ne me lasserai pas de répéter que, Roumain, j'ai fait dans mon cœur deux places égales pour deux patries : la France et la Roumanie.
(Extrait de "Au lecteur")
Commenter  J’apprécie          70
J’apaisai un peu la faim cruelle qui me torturait, en mangeant abondamment avec mon second petit pain, des framboises et des baies d’airelles que je trouvai en descendant la pente sud de la montagne. L’airelle myrtille ! Combien de fois dans mes courses folles à travers les forêts des Vosges, je m’étais arrêté devant cet arbrisseau, raisin des bois, aux baies bleues couvertes de pruine grisâtre, qui m’invitaient aux longs grappillages… Toute une enfance heureuse se déroula devant mes yeux, d’où coulèrent quelques larmes !
Commenter  J’apprécie          60
La clarté de la lune est si forte à ces hauteurs qu’on se croirait en plein jour, mais un plein jour irréel, fantastique. Ce ne sont que jeux de lumière et d’ombres, de larges nappes laiteuses, trouées de taches sombres, dont on ignore les traîtrises. Seules les sources qui brillent chantent doucement.
Commenter  J’apprécie          60
Le 31 mai, je m'engageai entre la Costila et le Morar. Ce fut un enchantement! Je me promenais à travers des jardins, je foulais des parterres de fleurs.
C'était la première toison que revêtaient les Bucégi, des fleurs aux nuances délicates, tendres: les céraistes blanches, les mignonnes pyroles d'une blancheur de cire, la tribu des humbles saxifrages, les dryades aux huit pétales d'argent, la corthuse aux corolles en cloche d'un rose carminé, le myosotis de montagne aux mille yeux d'azur… Sur la mousse des quartiers de roches s'étalait, en plaques roses, le silène.
Les quelques arnicas, aux boutons non encore éclos, présageaient déjà la seconde toison, celle de l'été brûlant aux fleurs de couleurs riches, jaunes, rouges.
À mesure que je montais, les vapeurs se dégageaient des bas-fonds. Lorsque j'arrivais à l'Omul le tableau était impressionnant: comme d'une gigantesque et infernale chaudière, les vapeurs montaient, d'abord transparentes, ensuite de plus en plus compactes, d'un gris sale ; quelques faisceaux de rayons solaires traversaient ces nuages, leur donnant d'étranges reflets d'or.
Je n'augurai rien de bon de ce phénomène et je me dépêchai de rentrer.
Je trouvai à la maison le garçon de l'aubergiste; il m'apportait votre lettre, que le facteur de Prédéal avait laissée en passant.
Ainsi donc: vous allez vous mettre en route pour un petit tour en Suisse et vous me promettez d'arriver à Busteni dans la seconde moitié de juin?
Vous vous proposez de préparer votre licence au milieu de nos montagnes.
(p. 254–255)
Commenter  J’apprécie          60
Douces, saintes, admirables montagnes, ô Carpates ! De vos pics acérés, de vos crêtes dentelées, de vos insondables gouffres, de vos défilés ténébreux, de vos clairières mystérieuses, de tous vos plis et replis, de vos entrailles et de vos sommets se dégage une idée claire et harmonieuse : le roumanisme! Vous êtes roumaines, ô Carpates, et au nord et au sud, à l’est comme à l’ouest. Sur vos hauts plateaux, dans vos profondes vallées, vous accueillez les bergers roumains, ces êtres errants qui, depuis dix-huit cents ans, de la Theiss au Pinde, ont transporté la lampe du Roumanisme, dont la flamme vacilla souvent sans jamais s’éteindre ; dans vos immenses forêts, vous offrîtes un clément refuge aux malheureux descendants des légionnaires romains qui fuyaient les atrocités russes, les ravages turcs, les exactions des princes et des boyards. Bienfaisantes Carpates, votre nom est symbole de charité, de douceur, de tendresse pour le peuple au sang noble que vous élûtes.
Vos dernières pentes, vos cols ont été, dans les siècles, profanés par les hordes barbares accourues des extrêmes limites de l’Orient, avides de carnage et d’horreur. Vous entendîtes les rugissements des bachi-bouzouks, les sifflements des nagaïkas cosaques et les martèlements des bottes du Mongol sauvage, cruel et suffisant !
Vous êtes cependant restées pures et sereines, ô Carpates ! et vous êtes majestueuses et fortes, à l’image du roumanisme qui se dégage de votre corps, franchit vos précipices, parcourt vos derniers contreforts et s’épand, en ondes lumineuses, dans la plaine jusqu’à la Theiss, au Danube et au Dniestr.
L’aigle royal qui plane dans les airs, au-dessus de vos hautes chaumes, peut distinguer, de ses yeux perçants, le mouvement rythmique du faucheur infatigable qui recueille l’herbe savoureuse des collines et des plateaux, et dans la plaine transylvaine et danubienne et sur les coteaux moldaves, il aperçoit le pas cadencé du moissonneur laborieux.
Ce faucheur, ce moissonneur sont vos fils, nobles Carpates !
C’est le roumanisme qui a pris pied en Dacie, qui y persévère et n’en sera jamais délogé.
Commenter  J’apprécie          50
Observez-vous quel silence enveloppe cette clairière secrète ? En appréciez-vous la qualité ? C’est un silence d’une douceur infinie, l’âme de ce paysage est d’une pureté absolue.
Commenter  J’apprécie          50
Les nuages entraient en scène ; des nappes de vapeurs montaient de la base des Bucegi. Arrivées à une certaine hauteur, elles se divisaient, décrivant des volutes, enserrant la chaîne de rubans blancs. D’autres arrivaient précipitamment du Diham, par-dessus la cime, s’éparpillaient et s’accrochaient, telles d’énormes pelotes de laine, qui à la pointe de la grande Meule, qui à différents pitons. Leur blancheur se salissait ; de grosses couches noires, menaçantes, se superposaient.
Commenter  J’apprécie          50
Les mots sont impuissants à rendre la poésie de ces jeux de lumière, dont les phrases intermédiaires sont multiples. (p. 37)
Commenter  J’apprécie          50



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nestor Urechia (17)Voir plus

Quiz Voir plus

Autobiographies de l'enfance

C’est un roman autobiographique publié en 1894 par Jules Renard, qui raconte l'enfance et les déboires d'un garçon roux mal aimé.

Confession d’un enfant du siècle
La mare au diable
Poil de Carotte

12 questions
206 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}