Bon, que dire ? Je suis venu chercher refuge ici : je me trouve au plus mal. Tout semble m’échapper encore. Cette vue imprenable est peut-être la seule chose qui m’appartienne vraiment aujourd’hui, qui me remplisse immédiatement de joie ; sans condition et sans détour. Ce lac merveilleux, ces montagnes, ces hautes herbes qui narguent la rocaille brûlante, tout cela m’appartient, là, maintenant. Je suis le maître incontesté de ce décor immobile et silencieux. Si je reviens dans dix ans, il sera toujours là ce décor, fidèle, à sa place, éternel comme une photographie métaphysique.
Pour le reste, tout se dérobe, se cache, se dilue, s’évapore ou éclate en myriades, en incertitudes, en possibilités impossibles. C’est la nuit qui s’approche, la grande nuit opaque et brutale. Celle qui entre sans frapper. Celle qui fait peur aux enfants.