étiquettes
Videos et interviews (1)
Voir plusAjouter une vidéo
Nicolas Duffour présente son roman, Mulukuku
Citations et extraits (19)
Voir plus
Ajouter une citation
- Le camp de l’ordre, de la permanence. Nous l’emporterons parce que nous ne croyons pas en l’avenir. Les idéalistes sont les premiers trahis. Les seules certitudes proviennent du passé. Demain, nous aurons digéré les rebelles. Déjà, nous sommes en eux : la lassitude, les jalousies, la peur du lendemain... Nous sommes le mouvement naturel, son cycle éternel, nous ne pouvons pas être vaincus.
Nos visiteurs s'éprennent de la communauté comme on tombe amoureux, reconnaissants pour le sentiment qui les émeut puisqu'il comble un vide dont ils ignoraient l'existence : le besoin d'espérance, l'envie d'humanité ; et les voici grisés par sa satisfaction, étourdis au constat d'une dignité tout compte fait indéfectible, d'une humanité admirable qui les inclut et les grandit.
La queue de détente libère une rafale limitée de trois tirs qui fracassent le silence comme un seul coup de tonnerre dont l'atmosphère renverrait aussitôt les échos, incapable d'en absorber la puissance.
Nous tournons autour du cadavre tels que Bernard et Muriel, à petits pas poltrons. Ils voudraient le toucher, exprimer leur sympathie, au moins le coucher dans l'idée d'un repos, mais la dépouille les repousse. La vie profane ne fraie pas avec les cadavres, elle n'a rien à leur dire. Le corps encourt au contraire le danger de ne plus croire en lui : qu'il soit temple ou prison, il ne nous protège pas.
La porte bâille une nuit froide qui les submerge une fois passé le seuil. C'est une commotion : le franchissement entre la vie, l'infini, la lumière, et un monde forclos où chaque lueur semble un effort, un cloître qui confinerait au cachot la foi, l'amour et l'espérance. Trois cents innocents ont été damnés à demeure. Deux tiers sont des enfants.
Les vainqueurs font l’histoire ; la voix du vaincu s’éteint tandis que le passé opprimé, discontinu, appelle un futur retenu loin du temps par l’état du présent, par la force des choses...
La cuisine des rues embaume le mercado oriental, brasse les odeurs de friture du repas avec l'odeur sèche des épices et le souffle des fruits. Les tables boitent et bonifient le festin : la précarité de l'installation met en relief la consistance des relations. L'amitié et le plaisir partagé réunissent les convives dans le goût du moment.
Muriel pleure en pelote, privant d'air le feu de sa douleur. Sa solitude est intérieure, contenue sous la peau qui la réchauffe. A grands pas, Bernard marche de long en large, puis tourne en rond, pareil à l'animal en cage, entre rage et désespoir, sa souffrance sur le dos qui l'éperonne sans répit.
Les rêves périssent aussi hors le désir d'un corps d'entretenir le souvenir.
Et alors ?… Alors il bégaie :
- Écou-coutez-moi. Bé-Bernard, lui, il est allé à Mulukuku-ku.
- Kuku, corrige Bernard.
- Cucul ? s’étonne une fille.
- En fait, coucou, précise-t-il.
- Coucou qui ?
- Mulukuku (prononcé mouloukoukou). Un seul coucou à la fin.
- Ah ! À Mulukuku (mou-lou-kou-kou), reprend le chœur en canon, découpant, passant, repassant les syllabes comme un mantra connu.
- Écou-coutez-moi. Bé-Bernard, lui, il est allé à Mulukuku-ku.
- Kuku, corrige Bernard.
- Cucul ? s’étonne une fille.
- En fait, coucou, précise-t-il.
- Coucou qui ?
- Mulukuku (prononcé mouloukoukou). Un seul coucou à la fin.
- Ah ! À Mulukuku (mou-lou-kou-kou), reprend le chœur en canon, découpant, passant, repassant les syllabes comme un mantra connu.
Acheter les livres de cet auteur sur
Les Dernières Actualités
Voir plus
Lecteurs de Nicolas Duffour (5)Voir plus
Quiz
Voir plus
15 femmes (dans le titre !)
C'est l'histoire de la femme 100 têtes
Max Ernst
Antonin Arthaud
Paul Eluard
15 questions
240 lecteurs ont répondu
Thèmes :
littérature
, femmes
, collagesCréer un quiz sur cet auteur240 lecteurs ont répondu