L'après-midi est tiède. Le vent renvoie par rafales les roulements du train prenant de la vitesse. Les rideaux battent aux courants d'air qui portent les bruits de la ville. Une bétonnière ronronne tout près, encore une villa en construction ! Un bourdon est venu lui rendre visite. Elle entend des cris d'enfants qu'elle couvre avec un tango de Carlos Gardel.
De la déesse
De la déesse
On a dit qu’elle avait au petit jour
Des pieds d’églantier
Des jambes rocher
Un tronc d’ébène
Rehaussé de perles géantes oblongues
À midi
Ses bras étaient lichen
Ses mains
Touffes
Grande fête pour le volatile niché
Son visage
Un lac où les regards s’abîmaient
Sa bouche badait au ciel sa plénitude
Ses yeux
Mystères impalpables de souffles
Tantôt ouverts, tantôt fermés
Ses narines
Curiosités subalternes
Débattues aux jardins de joues rosies
Et le soir
Sa chevelure habituée à puiser des nuages
Sa sève
S’enrageait
Méconnaissable
En rêves farcis de totems
Rose
extrait 2
Je jongle rose
Avec la cruauté au rythme des souvenirs
La transfiguration des bouches
L’anachronique montée en labeur des pupilles
Le brouhaha des cœurs à portée des chants
J’écarte rose
L’horreur d’une caresse au goût retrouvé
Les attentions aimantées de fièvre calme
La livraison
Poil à poil
Des corps parfumés
Le balbutiement des fantasmes
Les regards entrés en collision
Les narines étouffées d’un désir dru
Baiser des lèvres de lave
Rose
extrait 1
La vie s’il le faut pour retrouver
L’affabulation des soupirs
Les empaqueter de mystères et les précipiter
Bruts
Contre les parois des hydres communes
Inutiles péroraisons sur d’autres lieux
D’autres circonstances
De l’imaginée sur l’autel rose
Exempte de félonies et de tendresses
De bourreaux et de victimes
Aux creux et bosses de l’amour
Depuis, sais-tu reconnaître l’instinct
à l’abord des lagunes chaudes ?
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