D2
Les fées ne chantent plus
Sirènes djinns et démons
n’approchent plus le rivage
À l’extrémité de la nuit les vaincus
main sur la plaie
recherchent une clairière au milieu des choses
ils attendent la collision de la terre
et d’une étoile errante
pour la réhabilitation du temps
Parfois ils boivent du vin de deuxième choix
À l’exception de ceux partis
pour les mers du Sud
…
/Traduit du grec par Brigitte Gyr en collaboration avec l’auteur
D’une bouche à l’autre…
D’une bouche à l’autre
une même histoire se poursuit
malgré les bavardages silence intact
parce que la vérité et son objet sont une et même chose
…
C2
Elles jouent aux dés des fragments de ciel et d’étoiles
chacune exige le butin tout entier
Elles ont mangé les bœufs du soleil et ont toujours faim
Elles ont vendu les hommes en morceaux
pour les empêcher de vivre à nouveau
Combat de coqs empaillés
Le onze Ahau du sixième katun
la colonne de triomphe se fendra
et les vainqueurs seront vaincus
sur la place le Bouffon annonce
la vengeance de l’espace
Débris de la flotte et ruines des dieux
lèvent le voile du silence au-dessus de l’aveugle
qui au bord de la muraille
brandit le bouclier en plumes des Aztèques
Une image sans cesse se répète
essaie de parler mais ne parle pas
Scène de navire coulé
/Traduit du grec par Brigitte Gyr en collaboration avec l’auteur
Tambours d’eau
extrait 2
Des sons se concertent sans se compromettre
le chant du funambule aveugle
soutient la tension
Des vagues du large a l’acier
mille harmonies pour chaque syllabe
jusqu’à une terre nouvelle
le secret de la fleur
La flûte de roseau se rappelle l’eau qui coule
et pourtant
le son disparaît quand tu le touches
D4
Ceux qui ont raté l’attente
tentent de saisir le chaos de l’apprivoiser
en réajustant les morceaux du monde
Au lieu de mâcher la brume ils ont imaginé une farce
un soir de première devant des officiels
Sous les vieilles herbes les marbres se sont esclaffés
Dans l’aquarium oublié des coraux fanés
un poulpe qui se remémore
le destin du temps
/Traduit du grec par Brigitte Gyr en collaboration avec l’auteur
Tambours d’eau
extrait 1
Six pêcheurs ont raté le sable
déplient le mur pour s’y asseoir
gestes lents comme au fond de l’eau
pour ne pas effrayer les plumes
au-dessus des toits
L’herbe des collines verdit le ciel
les flancs des choses fanées s’enchevêtrent
avant de trouver l’aspect qui leur convient
et des jeunes cherchent l’autel
Où offrir leur vie
entre deux pensées
entre deux gestes
entre
le pouls du monde
leur propre pouls
…
E2
Tu as quitté
l’île où tu étais enfermé
pour l’autre rive du temps
afin de trouver l’origine du jour
là où s’accordent les temps écoulés
là où s’unit le feu à l’eau
dans la réalité insaisissable
Sur la proue du navire de pierre
la Reine des Rochers répartit les couleurs
cadmium cobalt
trente-sept nuances de noir
Paysages de cailloux
lignes sans repentir
Deux rames fendent la vague sans lendemain sans passé
pendant que le sillon se ferme sans laisser de trace
Et pourtant fils du large
la mer ne t’engloutira pas
/Traduit du grec par Brigitte Gyr en collaboration avec l’auteur
D1
Aube obscure du début des temps
vainqueurs & Co ont enfermé les poissons dans un scaphandre
suspendu des serpents sur les arbres
une balance sous les vêtements jour et nuit
Sur la route Tyrannosaurus Rex
affiche un sourire
et fait don à l’autel de riches offrandes
pour de futurs archéologues babyloniens
A la foire de la Raison Pure
ils ont disposé le paysage en deux dimensions
lestant leur ombre pour avoir plus de poids
ils ont édicté des lois pour ce qui est sans cause
Mots cloués au mur pour un présent mort
cris muets et courses de détresse
Les chants de victoire n’ont duré qu’une journée
…
/Traduit du grec par Brigitte Gyr en collaboration avec l’auteur
E1
extrait 1
Tu as fortifié le château de la négation
d’une douve infranchissable
Tu as accroché les soupirs au clou
et abandonnant les habitudes qui te cachent les choses
tu as confié tes désirs aux senteurs de l’herbe
pour qu’on ne te dérobe ni le Printemps
ni les mille autres saisons
Si tu avais le don des miracles et des acrobaties
tu ferais un tour
tu recueillerais la sève de l’arbre du monde
…
/Traduit du grec par Brigitte Gyr en collaboration avec l’auteur
E1
extrait 2
Tu avances sur le chiasme au-dessus de l’abîme
sans savoir où mène
le chemin qui court sous tes pieds
jusqu’à ce que tu découvres les visages
sous la poussière du miroir
Tu es passé par la stèle
gravée de formes inconnues indélébiles
là où autrefois tu avais pris un mauvais chemin
le monde te voyait de tes propres yeux
…
/Traduit du grec par Brigitte Gyr en collaboration avec l’auteur