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Citation de genou


Alors, dans le jardin nous avons entassé les branches des arbres abattus par notre Père et leurs troncs aussi, débités à la hache, et nous avons glissé du petit bois entre les bûches, et du papier, du carton, des tiroirs que nous vidions l’un après l’autre, les robes, les costumes, les manteaux, les mouchoirs et la lingerie fine, et comme ce n’était pas suffisant nous avons jeté l’huile sur le feu qui brûlait en éloignant les bêtes de la nuit et nous arrachait des cris d’admiration, les flammes montant haut dans le ciel avec leurs bluettes, étincelles et flammèches, les tourniquets et les fusées, les brandons scintillants, les jets ardents qui vrillaient l’espace en bouquets toujours plus colorés tandis que tous ensemble nous agitions nos pelles, nos pincettes, tisonniers et fagots et fourgonnions dans le foyer, et nous avons cassé les tables, cassé les chaises, imbibé d’essence le linge qui se tordait en flambant, et encore nous avons vidé la maison, l’avons vidée de toutes ses choses amassées par les saisons, et comme encore ce n’était pas suffisant nous avons étouffé Père et Mère sous leurs oreillers, les avons étouffés, talés, ligotés et jetés dans le brasier, c’était beau, c’était beau, et dans la fumée nous avons fait une ronde et sur le sol écrit des choses avec nos doigts, nous avons pris des charbons pour dessiner sur les murs de la maison et puis nous avons secoué les cendres de nos souliers et nous sommes partis, sans même nous retourner, car c’est ainsi qu’on entre dans la vie.
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