AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de GeraldineB


CHANT DE LA PORTE SAINT-MARTIN

Pièces vides
Fauteuils où dorment des fantômes
Où ne s'asseyent plus que des souvenirs

Il n'est pas possible que rien ne soit changé
Le broc à eau inamovible sur la table de la cuisine
Les journaux pêle-mêle dans le bac à revues
Tout me toise
Tout conspire à prétendre à votre nullité
Votre départ comptant pour rien devant
Le dur dédain des choses

J'ai beau écrire que le jour n'a plus le droit de renaître ni de lancer
Sa main pâle et livide à l'arête des toits
Que les vitrines des cafés n'ont plus lieu d'être quand vos reflets n'y passent plus
Les deux portes de pierre noire et jaune enjambant les boulevards
Ne cessent pourtant pas d'y jouer les écluses
De minute en minute arrêtant ou laissant s'écouler
Tantôt le serpentement monstrueux de la circulation
Tantôt les feux des phares qui s'y écrasent à rythme régulier
Chaque vague y jetant l'ordinaire tumulte de moteurs relancés ou force crissements de freins

À mi-chemin des deux arches sales le bureau de tabac vit sa vie
Des foules se forment qui tard s'émiettent
Devant la bouche du métro des géants africains invitent les passantes à se rendre
Dans l'un des nombreux salons de coiffure poussés un peu partout

Une nuit criarde faite de néons roses vante des mots absurdes Le Plomb du Cantal La Botte d'Italie Le Banquet du Bosphore
À croire que seule demeure
De notre déchirure une géographie devenue insensée

Le ciel indifférent où charbonne la nuit
Le soir griffé de voitures
Se reproduisent

Quoi que je fasse le présent grouille dont vous n'êtes plus.

(Poème écrit pour ses parents, morts à huit mois d'intervalle)
Commenter  J’apprécie          122





Ont apprécié cette citation (9)voir plus




{* *}