Olivier Dartigolles

Emmanuel Macron n'aime pas que l'on dise du mal des riches. Face aux envieux, il compare les plus fortunés de notre pays à des premiers de cordée. Teintée d'héroïsme, l'image est belle. Pourquoi tourner son regard vers le fond des vallées, les jaloux ? L'ivresse des sommets, Emmanuel Macron, alors jeune banquier d'affaires chez Rothschild, l'a connue en 2011 lorsqu'il empochait un joli magot d'un million d'euros pour avoir directement négocié le rachat par le groupe Nestlé d'une filiale de Pfiezer (...) De plus loin qu'il nous en souvienne, à chaque fois qu'Emmanuel Macron s'occupe d'un dossier industriel, les choses finissent mal. Que dire du rachat de Pfiezer par Nestlé ? Dernièrement, Nestlé a confirmé sa décision de transférer en Suisse les activité de Galderma qui se trouvait depuis plus de trente ans à Sophia-Antipolis dans les Alpes-Maritimes. Les 550 salarié du site ne savent rien de leur avenir...

Les ordonnances réformant le code du travail accordent d'abord une liberté et des facilités plus grandes pour licencier des salariés. On connaît la chanson. Le patronat n'a cessé au cours des dernières années de chouiner sur le thème "pour pouvoir embaucher, les employeurs doivent être assurés de pouvoir licencier". Or, au cours des derniers mois, dans le cadre du débat national sur ces ordonnances, il n'a jamais été question des femmes et des hommes qui perdraient leur emploi ; qui, du jour au lendemain, verraient leur vie et celle de leur famille s'effondrer par la perte de leur travail. La souffrance serait toujour du côté patronal. Quelle indécence ! Quel cynisme !

Je suis un opposant municipal à François Bayrou. Certaines séances en conseil municipal ou communautaire peuvent parfois être rudes. Quand il est attaqué ou qu'il juge un argumentaire insuffisamment travaillé, il devient un animal politique capable de réagir durement, et même avec quelques excès quand les nerfs sont à vif. Je sais aussi reconnaître ses qualités politiques et une incarnation que l'on ne retrouve pas chez les petits marquis de la macronie. Du courage aussi. Quand il se retourne sur son itinéraire politique, il dit avoir traversé le désert et ajoute : j'avais parfois le chameau sur le dos.

Par son art de la dissimulation et de l'enfumage, le macronisme a bénéficié quelque temps d'une certaine ambiguïté. Il est alors apparu, avant le retour du clivage gauche-droite provoqué par l'exercice du pouvoir, comme une volonté d'unité nationale, avec une approche mesurée, équilibrée, gauche comme droite, où chacun serait pris en considération. Une reprise en quelque sorte du sarkozyste "gagnant-gagnant" mais à la sauce du nouveau monde - ce qui a donné le "et en même temps".

Au Louvre, le 7 mai, tout a commencé au rythme du pas très lent du nouveau président (...) Macron aurait préféré le Champ-de-Mars avec la tour Eiffel en arrière-plan. Pas possible. Alors où ? La Concorde ou le Trocadéro ? Trop à droite. République ? Bastille ? Trop à gauche. Et le Louvre ? Va pour le Louvre, en conservant l'éclairage naturel de l'enceinte royale, avec L'Ode à la joie de Beethoven, et en surjouant la gravité du moment. Le scénographe des meetings du candidat Macron, dont avait pu découvrir la tendance à l'exagération, n'a pas fait dans la dentelle pour immortaliser cette marche annonciatrice d'un pouvoir absolu.