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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Parce que l’arbre, d’un unique tronc, révèle, en ses nombreuses branches et ramifications le « nous » véritable. Nourries à la même sève, et unies en un même corps, les branches, parce qu’elles se savent en lien, peuvent choisir en toute quiétude leurs directions et toutes, ainsi, s’étendent sans se perdre ni oublier ce qui les unit à la communauté.

L’arbre ne demande pas à ses
Branches
De se liguer les unes contre les autres
Pour atteindre le ciel
Il se contente de les laisser croître

La litote est jolie qui nous dit que l’arbre enseigne à ses branches la concorde et cet enseignement silencieux passe par l’amour confiant. Ainsi, le végétal déploie son envergure. Capable de regarder de tous côtés, il connaît le vaste champ du monde « où ruisselle la joie ». Dans toutes ses branches, coule une même sève et chacune d’elles s’oriente vers son propre horizon, par elle-même inventé. Symbole de vie et de sagesse, l’arbre ne cesse de s’élever en même temps qu’il allonge ses branches, dans toutes les directions. Transcendance et immanence, appel au voyage et à l’élévation, il offre l’idée d’enracinement auquel revenir si nos vies en éprouvent le besoin, en quelque « matin de défaite » :

Quitter la feuille pour la branche,
La branche pour le tronc
Le tronc pour la racine,
Ne plus faire qu’un avec l’arbre nu


Si, pour le poète marcheur, le mouvement de l’âme sur un plan d’immanence constitue un appel à vivre et à être pleinement incarné, ces vers indiquent aussi que les apparences seront trompeuses à qui ne lèvera pas les yeux. Il manquera une des deux dimensions de la vie : la transcendance.
Comme l’espace ne saurait se confondre avec la surface, il implique une dimension verticale d’où le ciel finira par rejoindre les cieux. L’arbre habite ces deux dimensions et le poète, assurément, nous invite à l’imiter :

L’arbre ne demande rien à
Personne
Pour occuper l’espace qui lui est
Confié.
Il croît d’une lenteur parfaite,
D’une sobre liberté.
Il fait confiance au vent,
A la pluie,
Aux saisons qui l’ont vu naître.

Les mots de ce poème sont tous très bien choisis. Si le vent indique l’horizontalité, la pluie évoque la verticalité. Quant aux saisons, elles symbolisent le temps de l’immanence, de l’impermanence mais aussi celui de la vie qui passe et qui revient en cycles. Il s’agit là d’un « espace-temps » confié à l’arbre et ce mot, « confié », n’est pas sans importance. Il signifie ‘‘avoir été donné en toute confiance des possibilités de réception et de soin de la personne à qui l’on se fie en donnant l’objet, l’être, le secret’’.
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Parce que l’arbre, d’un unique tronc, révèle, en ses nombreuses branches et ramifications le « nous » véritable. Nourries à la même sève, et unies en un même corps, les branches, parce qu’elles se savent en lien, peuvent choisir en toute quiétude leurs directions et toutes, ainsi, s’étendent sans se perdre ni oublier ce qui les unit à la communauté.

L’arbre ne demande pas à ses
Branches
De se liguer les unes contre les autres
Pour atteindre le ciel
Il se contente de les laisser croître

La litote est jolie qui nous dit que l’arbre enseigne à ses branches la concorde et cet enseignement silencieux passe par l’amour confiant. Ainsi, le végétal déploie son envergure. Capable de regarder de tous côtés, il connaît le vaste champ du monde « où ruisselle la joie ». Dans toutes ses branches, coule une même sève et chacune d’elles s’oriente vers son propre horizon, par elle-même inventé. Symbole de vie et de sagesse, l’arbre ne cesse de s’élever en même temps qu’il allonge ses branches, dans toutes les directions. Transcendance et immanence, appel au voyage et à l’élévation, il offre l’idée d’enracinement auquel revenir si nos vies en éprouvent le besoin, en quelque « matin de défaite » :

Quitter la feuille pour la branche,
La branche pour le tronc
Le tronc pour la racine,
Ne plus faire qu’un avec l’arbre nu

*
Si, pour le poète marcheur, le mouvement de l’âme sur un plan d’immanence constitue un appel à vivre et à être pleinement incarné, ces vers indiquent aussi que les apparences seront trompeuses à qui ne lèvera pas les yeux. Il manquera une des deux dimensions de la vie : la transcendance.
Comme l’espace ne saurait se confondre avec la surface, il implique une dimension verticale d’où le ciel finira par rejoindre les cieux. L’arbre habite ces deux dimensions et le poète, assurément, nous invite à l’imiter :

L’arbre ne demande rien à
Personne
Pour occuper l’espace qui lui est
Confié.
Il croît d’une lenteur parfaite,
D’une sobre liberté.
Il fait confiance au vent,
A la pluie,
Aux saisons qui l’ont vu naître.

Les mots de ce poème sont tous très bien choisis. Si le vent indique l’horizontalité, la pluie évoque la verticalité. Quant aux saisons, elles symbolisent le temps de l’immanence, de l’impermanence mais aussi celui de la vie qui passe et qui revient en cycles. Il s’agit là d’un « espace-temps » confié à l’arbre et ce mot, « confié », n’est pas sans importance. Il signifie ‘‘avoir été donné en toute confiance des possibilités de réception et de soin de la personne à qui l’on se fie en donnant l’objet, l’être, le secret’’.
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Des paroles d'amour formulées au plus fort des combats et au plus profond de la détresse ressemblent à ces sourires encore adressés à l'autre que la douleur ni la souffrance ne parviennent pas à nous arracher. Ce sont là les vrais et seuls trésors qu'il faut garder. Et on ne peut les préserver qu'en les partageant.
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La fée le regardait pleine de tendresse et, l'âme tout en tracas face à ce petit bout d'homme qui ne grandirait plus, elle ne put trouver ses mots. Elle savait que ces fugaces emportements des enfants, ce n'est rien d'autre qu'un désespoir qu'on gribouille.
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Enfin, on dit que les contes doivent nous enseigner et tu te demandes peut-être ce que tu as appris en écoutant celui-ci. Ce que nous avons réentendu ici, dans l'histoire horrifique et pourtant véridique de la fée de Westerbork, c'est la certitude que la grâce, pourvu qu'on s'y exerce, peut, dans l'antre du mal, à pas feutrés mais súrs, finir par surabonder ! Et ça, ce n'est tout de même pas rien, n'est-ce pas ?!

Oui toute cette histoire nous désole, et pourtant, as-tu remarqué l'offrande du soleil à la fin du récit ?

Inlassablement, il fait don de sa lumière et pardonne à la nuit son masque de méchanceté.
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Onze heures allaient sonner. Le soleil jouait à cache-cache avec les branches du hêtre, l’air frais vivifiait l’appartement et les courses et les céréales et les bouteilles de lait, tout était bien rangé et les pommes et les oranges disposées dans la corbeille à fruits. Le pain attendait au-dessus du frigidaire qu’on vînt le partager. Tout le monde était prêt, le téléphone sonna.
– Allo papa, c’est moi. Ça va ?
– Oui ma grande, et toi ?
– Bien, merci. Maman demande à quelle heure tu passes me chercher ?
– Dans une demi-heure, comme je lui ai dit. Ça vous convient ?
– Oui.
– On ira se promener au parc l’après-midi et puis, si tu veux, on fera un tour en ville, ça te plairait ? Pour ce soir, on verra, on a le temps d’y penser.
– Ce sera chouette. Je suis contente de venir, papa. J’aimerais bien qu’on passe à la boîte à livres aussi… – Décidément, toi et tes bouquins, c’est une sacrée histoire. Au fond, t’as bien raison… D’accord, je te suivrai à ta boîte et on passera par la boulangerie. Pour le goûter, on s’assoira sur l’herbe verte, tu sais, près du bosquet. Je range un peu et je pars dans cinq minutes.
– D’accord Papa… euh… tu sais… Maman, elle sera là quand tu arriveras. Ça ne te dérange pas ?
– Je serai vite arrivé.
Zacharie ne répondit, comme nous venons de l’entendre que « Je serai vite arrivé ». La formule était plutôt maladroite et Laëtitia ne la comprit guère. Sans doute, son père avait-il voulu dire : « J’arrive, à tout à l’heure. » En vérité, il aurait aimé commencer par « non » (« Non, cela ne me dérange pas ») et il aurait aimé aimer encore assez, aimer follement, aimer autrement, aimer une fois nouvelle, aimer, enfin, pour répondre : « Si elle veut, elle peut venir à la porte. » Ou aimer plus étrangement encore, plus magnifiquement peut-être, plus ridiculement sans doute : « Si elle veut, elle peut venir avec nous. » Il aurait fallu, en effet, être bien fou et bien imprudent, avoir, camionneur, un cœur à toute épreuve.
« Pauvre Laëtitia, qu’aurais-tu pensé si ton papa t’avait répondu tout cela ? »
Au volant de sa voiture bleue, Zacharie, le camionneur au cœur engourdi, se rappelait cette belle époque pas si lointaine des vendredis soir. Des vendredis du retour. Des vendredis des contes de l’autoroute enchantée quand sa fille, la lumière de sa chambre tout juste éteinte, demandait : « S’il te plaît, raconte encore une histoire sur l’autoroute. » Il se rappelait qu’il débutait ses aventures par l’aube du jour commençait à poindre12, une formule qu’il avait entendue quelque part, il ne sut jamais dire où, il se souvenait que lui-même se grisait du jeu de ses narrations, que, par péché véniel, il en inventa plus d’une à son avantage. Il se remémorait les moments où il descendait rejoindre son épouse qui s’était endormie sur le canapé parce qu’elle avait voulu l’attendre avant d’aller se coucher. Il se rappelait que c’était tout cela à la fois le verbe aimer; de l’attente, de la fatigue, une large part d’obscurité, parfois des mensonges mais toujours, toujours, toujours des retrouvailles.
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Ce jour-là, Sacha n'était pas de la troupe, non pas qu'on eút voulu le préserver, pour súr... mais dans les tâches du jour, il aurait été inutile et encombrant, au dire du gardien subalterne qui en avait référé à son chef de section, qui lui-même avait rédigé l'avis et l'avait apporté au commandant Tür qui, en retour, après l'avoir paraphé, I'avait redonné au chef de section qui, après l'avoir rangé dans un dossier prévu à cet effet, avait fait dire à un subordonné de transmettre l'information validée par un gardien-chef à un gardien en bout de chaîne qui serait chargé d'en faire part à Sacha, lequel avait attendu debout au milieu de la cour, surveillé de près par un autre gardien.
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Ainsi donc, le couple errait, en ce moment même, épuisé au milieu de la vaste lande. Des mottes de terre à perte de vue. Un vent impétueux qui
aplatissait les nuages. On aurait dit deux animaux blessés, tout apeurés. Une plaine solitaire et désolée. Depuis plusieurs jours, ils ne mangeaient que de rares fruits restés sur de rares arbres, des herbes hasardeuses, des racines ou des pommes de terre crues, non ramassées, se confondant avec les cailloux. Ils maigrissaient. Les joues de la maman se creusaient comme autant de blessures infligées à une terre meuble par les lames d’un laboureur inexpérimenté. Le cœur du papa, pliant sous le joug du malheur extrême, ne pesait plus guère. Parfois, il faisait des bonds et l’homme mettait la main à la poitrine. Il arriva, qu’exsangues, ils pensèrent ne plus
pouvoir se relever. Alors, étendus côte à côte, grelottant sur le sol humide, l’âme et la peau balayées par les vents, pleurant un fils qu’ils savaient
désormais avoir perdu, ils laissaient leurs regards errer entre les nuages bas et le mélancolique vol des oies. Une partie de leur être avait secrètement décidé de la fin. Au milieu de ce paysage défiguré, un minuscule éclair, comme une étoile nouvelle en plein jour, virevolta dans les airs et sembla se déposer gracieusement à proximité des deux corps, blottis
l’un contre l’autre, couchés dans l’attente que le trépas vînt les délivrer de tant de détresse en si peu de temps accumulée. Tu n’en croiras pas tes oreilles mais le petit être si délicat qui venait d’atterrir, c’était, suspendue
à deux fragiles ailes presque transparentes, un brin orangées, une fée.
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La nuit enveloppe les âmes et apaise les plaies du jour. Cela est vrai sous toutes les
latitudes. Tous les enfants détenus dans la baraque dormaient et l’on pouvait percevoir les souffles
éreintés des cœurs en peine chercher un lieu où loger un rêve joyeux. Quand Amadeus était
revenu avec un plat de pommes de terre en robe des champs, tous s’étaient approchés et avaient
ouvert leurs paumes à la manière dont les oisillons, au retour des parents, tendent leur bec hors
du nid, en se poussant les uns les autres et en piaillant. Il avait dû patienter une heure au moins
près d’un réchaud avant qu’une place ne se libère. Tant de gens attendaient ! Et comme les
grandes personnes sont bourrues
! « Et que personne ne me dise : ‘‘elles ne sont pas assez
rissolées’’ » avait-il lancé à la cantonade pour mettre un peu de gaîté. Esther procédait à la
distribution. Tout cela se répétait et s’organisait sans parole. A la fin, quand il n’y a plus à manger,
par une gravité inexorable, la tristesse retombe lentement sur les corps comme des flocons de
neige recouvrent, à force de silence, toute la plaine. Et ainsi, s’endorment les enfants, couverts de
froid
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Avec ses luttes et ses doutes, ses faiblesses et ses découragements ; avec sa foi et son exigence morale, avec son regard qui sait la beauté de la création, avec sa petite voix parfois si amusante, ses formules si efficaces, ses audaces, sa liberté ; parce qu’elle nous apprend à parler à Dieu, à l’attendre et parce qu’elle nous montre comment devenir don ; parce qu’elle nous rappelle que « l’essentiel est d’être à l’écoute de son rythme propre et d’essayer de vivre en le respectant » et parce qu’elle a écrit que toute finalité se résume à « porter des fruits et des fleurs sur chaque arpent où l’on a été planté », Etty Hillesum est notre grande sœur en humanité.


*
* *

De fruits, il est question dans le psaume 1 pour cet homme qui, à l’exemple de l’arbre devient heureux en s’approchant du ciel et qui méditant la loi de Dieu, apprend l’espérance pour tout temps. Celui-là n’est pas un fétu de paille que le vent balayera. Il a l’espérance pour sève.
Dieu n’a pas fait l’Homme pour qu’il soit heureux mais pour qu’il le devienne…
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