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Citations de Ovidiu Baron (35)


Ovidiu Baron
désert

que suis-je venu chercher dans le désert
je n’ai pas de mission biblique
pas obsédé par le sable
des serpents s’y cachent
et toutes sortes d’insectes
remplis de venin
ils s’entre-mordent
s’entre-mangent
mais le sable reste là
la vie continue
et moi seul
dans le désert du monde
petit cœur serein
me promettant n’y jamais revenir
n’essayant plus de me sauver
l’âme
plus jamais me faire des promesses

(texte écrit directement en français)
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des chiens qui aboient

y a des chiens qui mordent ma sœur
des chiens qui aboient méchamment
ce sont les gens qui les rendent comme ça
mais ce sont les chiens qui mordent quand même
ce n’est pas pour ça qu’on va pas partir
ni les chiens ni la nuit
ni les chiens de la nuit
n’empêcheront jamais une fraternité
la solennité d’un aller-retour nocturne
ni la peur
en fait c’est surtout la peur qui nous mord
les menaces les cris les interdictions
les histoires des souffrances des parents
et des grands-parents
au-delà il ne reste plus que la légende
tous ceux qu’on n’a pas connus garderont cette aura légendaire
irrémédiable ma soeur
après neuf heures ici on coupe l’électricité
pour faire des économies
et pour permettre aux chiens d’aboyer de partout
mais il nous reste la neige la lune les étoiles
et la peur ma sœur

(p. 24)
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Ovidiu Baron
lumière

c’est dans mon village que j’ai découvert
que les rites de passages se répètent tous
les jours
que ce sont plutôt les aubes et les
crépuscules qui content
que l’univers s’explique sous nos yeux
ou bien au-dessus
qu’on a toutes les clés pour comprendre
si l’on veut bien comprendre
quoi que ce soit
mais en tout cas on nous offre des
arguments
imbattables
qu’on va mourir certainement
mais qu’on est pourtant immortels
que nos gestes nos sourires nos peurs
s’imprègnent dans l’espace autour de nous
et des savants avec ou sans barbes
vont réintégrer nos cris et nos pleurs dans
les paysages ruraux à venir
dans les villes ça va être plus difficile à
cause de l’agglomération
dite urbaine
mais les urbains ont encore le choix
de voir le ciel de la campagne
plus riche en étoiles
et en conclusion
il est essentiel d’avoir la lumière
mais pas pour elle-même
pas la lumière auto-adulatrice
mais celle incertaine
celle qui tremble
dont l’intensité monte humblement
et descend avec de la prudence
et de la modestie
c’est la lumière qui promet de devenir
un jour
la lumière

(poème inédit écrit directement en français)
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je t'aime pas

je t'aime pas m'a-t-elle dit
jamais je ne t'ai aimé
c'est si simple
on a passé des années ensemble
des décennies
des vies et des vies
mais tu vois
tu n'avais pas compris
c'était ironique
c'était comme un jeu
cela me plaît beaucoup de jouer
j'avais lu quelque part dans un best seller
que le jeu rend immortel
et depuis je ne t'ai plus aimé
voilà tout
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Ovidiu Baron
pourquoi Dieu

pourquoi croire que Dieu existe, papa ?
je suis en train de voir un film, mon fils,
je réponds
une comédie
quelque chose sur une famille heureuse
qui entreprend un voyage en Amérique du Sud
et là-bas, y a des gangsters qui…
ce n’est pas ça ma question, papa,
mais plutôt pourquoi est-il si important, ce Dieu,
seulement pour avoir créé un univers, un
homme et une femme ?
écoute, mon garçon, je suis en train de
voir comment
les gangsters les prennent prisonniers, et
ils s’en foutent, les gars
ils croient que cela fait partie de leur excursion
d’une aventure normale en Amérique du Sud
regarde comment ils se moquent des mecs armés
non, papa, c’est pas ça la question,
y a des écrivains qui ont créé des dizaines d’univers
et des centaines de personnes
pourquoi ne sont-ils pas des dieux, eux aussi
regarde, lui dis-je, les gangsters vont les emmener
devant leur grand chef
il va les juger
il va prendre une décision sur eux
et ils continuent de s’en moquer
regarde, toi aussi, comme c’est rigolo
papa, tu as peut-être raison, en fin de compte
je suis prêt à le rencontrer
qui, mon fils, Dieu ?
non, papa, tu ne fais jamais attention, le chef des gangsters

(poème inédit écrit directement en français)
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devant nous des promesses

devant nous des promesses
derrière nous le temps
il y a ceux qui partent et surtout ceux qui restent
et qui rient
le rire diaboliquement amoureux de la vie
c’est lui qui est devant nous
qui semble poser des questions
garde le silence sans se taire
tue en caressant

(p. 22)
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- L’enfance vit dans une maison du bosquet, où le bois travaille encore pour l’homme, après que la scie, la hache, l’écharnoir et les mains de l’artisan lui rendent la paix. Peut-être que vous ne le croyez pas, mais d’anciens secrets sont révélés dans les églises, à droite et à gauche du passage. Courez sans arrêt sur des chevaux de bois. Les portes, les portes restent ouvertes. Découvrez à qui appartient le livre, à qui appartient ce village. Lisez attentivement, laissez votre cœur comprendre.

(p. 53)
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il n’apprend même pas ses leçons il lit répète mon père en s’éloignant
alors mon garçon si tu lis seulement laisse tomber
Il faut aller récolter le maïs
dehors mon arrière-grand-père nous attend
ne le laissez plus lire dit-il
cela les prédispose à fumer
et encore ce qui est plus grave c’est que
ceux qui lisent quittent le village
y en a au moins trois qui sont partis et on n’en a jamais rien entendu parler
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le tatouage de la source

la source gardait toute l’histoire du village
elle coulait depuis des millénaires
même si quelqu’un lui avait donné son nom au siècle dernier
ensuite un autre et un autre
ils ont tous fait des gestes symboliques
en lui léguant une tasse
une cruche
une croix
un morceau de béton
et bien entendu leurs noms
c’est pas égoïste ça non
c’est un message du temps qui passe
il faut le savoir hein
en plus on fait pas souffrir l’eau
elle s’en fout carrément
c’est pas comme ces noms dans l’écorce des arbres
l’arbre s’il ne meurt pas croît avec le nom
et le nom croît avec l’arbre c’est logique
y a pas de nom qui pourrait tuer un arbre
juste une égratignure
un tatouage
on lui fait un peu mal mais on lui fait changer
de personnalité
et cela on ne peut pas le nier
c’est vraiment quelque chose
dans le monde des arbres
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les voix

[...]

je savais bien que la vie était belle
je l'avais bien remarqué tout seul d'ailleurs
dans la rivière les arbres et les pierres
on m'avait fait observer que les pierres n'avaient pas d'âme
mais c'est pas vrai
seulement il faut comprendre que leur âme
est de pierre
ce n'étaient pas que des voix humaines
y avait des chevaux des pies des chiens des cochons et tant d'autres

[...]
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Lire, c’est mourir
parce que lire c’est vivre
tu lis un livre tu gagnes une vie
jour après jour vie après vie
toujours nostalgique d’une autre vie
passée rêvée ou pas encore commencée
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mon avenir

à un certain moment de mon enfance
plus précisément vers sa fin
ou même au-delà de mon enfance
ma mère m'a dit
je n'ai plus de patience
il y a trop d’incertitudes
j'ai peur

[...]

elle a appris d'abord qu'il y avait danger pour moi
dans la forêt
dans la rivière
dans la mer
que je devais éviter le courant électrique
que les risques de mourir seront grands
quand j'aurai quarante ans
mais qu'il est possible
que je devienne quelqu'un d'important
[...]
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Devant nous des promesses
Derrière nous le temps
Il y a ceux qui partent et surtout ceux qui restent
Et qui rient
Le rire diaboliquement amoureux de la vie
C’est lui qui est devant nous
Qui semble poser des questions
Garde le silence sans se taire
Tue en caressant.
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Nous sommes la somme de toutes le imperfections de toutes les solitudes
de toutes les pensées errantes...
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Ovidiu Baron
lire

lire c’est mourir
parce que lire c’est vivre
tu lis un livre tu gagnes une vie
jour après jour vie après vie
nostalgique toujours d’une autre vie
passée rêvée ou pas encore
commencée
chaque vie implique une nouvelle mort
mourir et mourir et mourir
répéter les sourires reprendre les
mensonges
jeux vidéo romance folie
mensonge mensonge mensonge
moche mais crédible quand même
et ceux qu’on aime qui s’en vont
et oublient de revenir
de nouvelles vies pour nous
mais sans eux
tous les jours on vit avec d’autres gens
on a cette impression étrange de les avoir
déjà vus
mais non pas vrai ils ont changé
ils ne sont plus
ils ont tous de nouvelles vies
franchement c’est terrible
impossible à déceler
on va à l’aveugle
mais ces vies on les veut
on refuse pas
quand même

(poème inédit écrit directement en français)
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un tatouage
on lui fait un peu de mal mais on lui fait changer de personnalité
et cela on ne peut pas le nier
c'est vraiment quelque chose
dans le monde des arbres
(p11)
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cache-cache

à genoux dans la neige je regardais Adeline
demande-moi maintenant me dit-elle
elle était belle Adeline la plus belle de toutes les belles
blonde un peu ronde les seins déjà bien dessinés
je tremblais dans la neige
le pantalon était mouillé les genoux me faisaient mal
demande-moi maintenant sinon je ne vais pas accepter
disait Adeline
elle aimait bien les jeux
un jour elle m'avait proposé de nous déshabiller
et de jeter nos vêtements dans les arbres

[...]
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c’est moi encore moi
et ma mémoire un coffre fort
dont j’ai égaré à tout jamais
la clé
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y a des chiens qui mordent ma sœur
des chiens qui aboient méchamment
ce sont les gens qui les rendent comme ça
(p24)
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bababil

je te l'ai toujours dit femme
il y a quelque chose de bizarre avec cet enfant
il ne comprend rien de ce qu'on lui dit
il refuse de bien faire les travaux agricoles
tout de qu'il veut faire c'est lire
des trucs inutiles
j'ai même remarqué qu'il a appris une autre langue
le français
"bababil mamamon tatata"
on peut l'entendre dans sa chambre
je ne sais pas si ces médecins sont bien
ils t'ont pas donné la solution pour lui
écoute bien là il parle tout seul
ça va mal finir je te le dis
et en plus cette langue française
je ne sais pas à quoi ça va lui servir
"bababil mamamon tatata"
et moi qui avais mis tant d'espoir dans mon unique garçon
c'est bien raté
que la vie est injuste
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