Quelquefois, je m'adressais à une ombre en particulier (j'aimais tout spécialement celle de la poêle à frire) et lui racontais ma vie, celle que j'avais derrière, l'autre que peut-être j'avais devant. Quand j'étais en colère, je m'en prenais à l'ombre de la casserole, et si j'avais de la tendresse je marmonnais mon mal être à l'ombre de la passoire. Je les contemplais durant des heures et retardais le moment du repas car elles n'étaient jamais aussi émouvantes que lorsque la nuit se faisait encre.