Aujourd'hui, la République ne défend plus sa police. Elle la méconnaît, la critique, la cantonne. Elle ne l'aide ni ne la soutient. Elle tolère que des journalistes n'aient de cesse de la salir, de l'invectiver, la comparant facilement à des polices fachos, sud-américaines ou asiatiques, ou soulignant souvent d'inexistantes bavures. Les gouvernements successifs nous demandent de nous adoucir, de nous attendrir et, surtout, de nous taire. Les lois ont été modifiées, les procédures alourdies et, ce faisant, notre métier a profondément changé. Comme si des esprits peureux, se méfiant de nous, prenaient un malin plaisir à nous rendre le boulot chaque jour plus impossible tout en exigeant de nous des résultats parfaits.
Nous travaillons au flanc, à l'envie, à la débrouille. Incroyable cortège de misères et d'archaïsmes, qui s'efface dans la grandeur de nos devoirs accomplis. Notre police est fragile, épuisée et pourtant toujours passionnée.
J'ai été poulet pendant plus de trente ans. Au quai des orfèvres, dans une brigade d'élite, puis dans la banlieue Est de Paris en sécurité publique, au cœur du quotidien de mes concitoyens.
Nos voitures sont des passoires transpercées par la pluie, nos bure des cagibi vétustes, nos armes des vieilleries, stockées par une administration pingre.