Les cloches de l'église faisaient retentir une bien triste mélodie dans la campagne environnante. Elles annonçaient au bourg qu'une de ses ouailles venait de partir pour un monde meilleur, ou supposé l'être. Seuls de gros nuages dans le ciel semblaient porter le deuil. Quelques badauds, aux abords du cimetière, commentaient l'évènement.
- Si c'est pas malheureux, fit remarquer Léon Vendeuil, finir toute seule après avoir été avec tout le monde.
- Y avait pas la queue à son enterrement, persifla Marie Bertin, ça a dû la changer.
Marie Sandre, épouse Bertin digérait avec difficultés la note des funérailles de son géniteur, non pas qu'elle n'eût pas les moyens de les régler, mais elle considérait que cet argent aurait pu servir à quelque chose de plus utile. Marie Bertin avait un esprit pratique et un sens des valeurs propres à la vie rude de la campagne. Ce n'est pas qu'elle n'ait pas aimé son père. Son affection était réelle ainsi que le respect des aînés qu'elle avait hérité d'une éducation stricte, le père Sandre n'avait pas toujours été très marrant, mais la notion de gaspillage était comme un atavisme qui régulait sa qualité de la vie. Ce qui faisait que dépenser de l'argent pour quoi que ce soit était devenu un concept rédhibitoire à cette qualité de vie pouvant même aller jusqu'à lui donner des allergies.
- Il y est pas allé avec le dos de la cuillère, glissa-t-elle à son époux qui était installé à son côté, c'est plus des croque-morts, mais des croque pognons ces gens-là, lui fit elle remarquer.
L'individu qui est en face de moi doit être issu de plusieurs générations de mariages consanguins, à moins qu'il ne résulte d'expériences sur des embryons génétiquement modifiés, où le cerveau est considéré comme étant un organe pour le moins encombrant et inutile. il a un tel courant d'air dans le cigare que je crains de m'approcher de lui de peur de m'enrhumer.