Mon ombre se projetait jusqu’au seuil de la rue Royale, ma main gauche atteignait le jardin des Champs-Elysées, ma main droite la rue Saint-Florentin. J’aurais pu me souvenir de Jésus-Christ mais je pensais à Judas Iscariote. On l’avait méconnu. Il fallait beaucoup d’humilité et de courage pour prendre à son compte toute l’ignominie des hommes. En mourir. Seul. Comme un grand. Judas, mon frère aîné. Nous étions l’un et l’autre d’un naturel méfiant. Nous n’espérions rien de nos semblables, ni de nous-mêmes, ni d’un sauveur éventuel.