Patrick Parmentier

Mon père était pompier. Il m'a répété maintes fois qu'il ne fallait pas avoir peur du feu mais des hommes.

J’adorais quand il se penchait vers moi et m’attrapait par la taille pour me soulever de terre et m’élever à sa hauteur avant de m’asseoir sur ses genoux.

Le froid attaque ses yeux mais il résiste. Emmitouflé dans sa parka, il patiente en comptant les mi nutes. Pour lui c’est un exploit… La patience n’est pas son fort. Il a bien dû regarder l’heure vingt fois sur son portable. Il passe de la consultation de ses mails à l’envoi de sms et alterne des messages sur WhatsApp et sur Facebook. Il n’a pas la dextérité de la génération qui suit, mais s’en sort bien.

A dix-huit ans je me suis débrouillé tout seul, je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas de Sergio. Ces jeunes savent mieux que nous comment utiliser
les réseaux sociaux pour trouver une piaule à bon marché qui ne laissera de surcroît aucune trace
officielle de leur passage.

Vous savez qu’aider un fugitif coupable d’un meurtre vous
rend complice de ce dernier. Sauf si vous n’étiez au courant de rien
quand vous les avez emmenés lui et sa mobylette à bord de votre pick-up la nuit du vingt-cinq mars. Réfléchissez bien avant de répondre.

Il s’entête à le vouvoyer comme s’il était un vieux respectable alors qu’il lui a demandé de le tutoyer à maintes reprises. Il prétend ne pas y arriver et ce faisant il marque la distance. Stéphane déteste être vieux au regard des autres et des jeunes en particulier.

Son sexe dressé contre ses fesses, impatient la rappelle à l’ordre. Et lui et lui et lui. Il n’est qu’un homme. Sophie s’assied sur le lit face à lui.
Et tout en se caressant le sein droit d’une main comme par
distraction,s’empare de son
érection pour lui jeter un sort.

L’excitation le rend fou au point d’oublier la règle élémentaire qui
consiste à défaire ses lacets avant de vouloir retirer son pantalon. Il sautille ridicule sur une jambe. Sophie l’aide en riant tout en lui plantant ses seins voluptueux et magnifiques sous le nez .Ils abordent les préliminaires à l'envers,Après avoir fait l'amour
une première fois impulsivement dans le feu de l’action.

Ses mains malhabiles, hésitantes, posées à la naissance du coi remontent lentement sous ses longs cheveux noirs que le vent à désordonné. Leurs bouches se trouvent alors que les oiseaux s’arrêtent de piailler. Leurs respirations s’accélèrent et se calment en alternance. Il aime infiniment le goût que ses lèvres offrent aux siennes.

L’homme, l’autre sexe, celui qui n’enfante pas, qui ne nourrit pas, qui mène la danse, mais qui n’est rien, dont on pourrait très bien se passer mais qui devra d’abord affronter ses démons. Rentrer chez lui n’est donc pas une option. L’inspecteur s’affale sur un banc du Square du Petit Sablon. Les statues en bronze des qua- rante-huit métiers, posées sur leur colonne le regardent en se moquant. Alors, inspecteur, on glande ? L’Etat Belge et ses neuf provinces, du haut de leur massif floral, vous regardent avec attention. Etes-vous certain que l’on puisse parler d’un métier honorable dans votre cas, inspecteur ?

Le temps et l’argent font cruellement défaut pour approfondir un cas d’homicide
involontaire. Surtout que les coups et blessures ont été donnés par une dizaine de jeunes et qu’aucun d’eux n’avait a priori
l’intention de donner la mort à cepauvre bougre.

Rire pour un rien est une de ses forces. Un peu de complicité sans
conséquence ne lui ferait pas de tort. Oublier le grand nigaud
américain en se consolant sans risques auprès du petit comique francophone.

Prends soin de toi et profite de chaque instant de cette vie incroyablement étonnante qui arrive à séparer ceux qui s’aiment sans pour autant les réduire en épave plus longtemps que le délai indispensable au deuil d’un amour puissant. La page de ce chapitre de notre vie est tournée.

Attentionné, drôle, intelligent et bien dans sa peau, Peter fut l’amour d’une année magique. Le jeune homme de deux ans son aîné choisit de poursuivre ses études aux Etats Unis. La distance lui rendit la liberté, laissant Emma désemparée et meurtrie. Sa tristesse fut dévastatrice. Emma ne fit pas les choses à moitié. Ne trouvant plus goût à rien, elle perdit dix kilos et pleura chaque jour à chaudes larmes pendant des heures.

Elle a offert sa virginité à un
cow-boy aux jambes arquées un
soir de bal de fin d’année alors qu’elle fêtait tout juste ses quatorze ans.
La flamme déclarée de ce grand dadais, beau parleur, l’avait
séduite. Il l’avait larguée aussitôt après, la laissant pantoise,
dépitée et déflorée, seule au beau milieu du hall d’accès du
parking de la salle des fêtes d’une localité aussi minable que l’auteur du méfait.

A défaut d’être belle, elle sait que la plupart des regards qui la croisent la trouvent jolie. Plus jolie que la plupart de ses amies. A en croire le regard sélectif que les hommes pratiquent quand
elles se déplacent en groupe .Elleles attiré en joue.

Entre séduction et attirance, ce
ne sont pas que des prémices inconscientes. Un besoin qui naît de l’autre, de sa présence ou de son rire. Leur gestuelle parle pour eux. Postures ouvertes, rires forcés, comme des séquelles d’adolescence sans acné mais emplis de gêne. Emma replace ses écouteurs orange sur les oreilles et relève la tirette
de la fermeture Eclair de sa vareuse rouge. Des effluves de
jacinthes sauvages envahissent la pièce.

C’est généreux un cochon.
Tout se mange ou à peu près…Toutest bon dans le cochon.

Vivre avec ce qu’il a fait le trouble le temps de quelques pensées
fugitives qu’il s’empresse d’évacuer. Il est jeune, n’a pas fait
exprès de provoquer la mort du vieux. Il a seulement donné
quelques coups de pieds violents et la bande a suivi.Il ne les a pas incités. Pas plus qu'il n'a tenté de les arrêter.

En passant du rire aux larmes, il se sent fragile et s’inquiète de sa
faculté à tenir sans le soutien de ses amis
Ces petits crétins prêts à le soutenir en toutes circonstances lui manquent. Il donnerait cher pour s’épancher auprès d’eux. Il se sait égoïste mais s’en contrefiche. A-t-on le droit de se plaindre quand on est un criminel ?