Citations de Patrick Saint-Lambert (19)
Un moment s'écoula puis Simon Berte repris d'un ton pensif :
- Excusez ma franchise mais vous êtres beaucoup trop intelligente pour faire le métier de femme de chambre
- Je ne suis pas femme de chambre, rétorqua Vicky, je suis journaliste.
Elle regarda le chat et le chat lui rendit son regard en miaulant tout bas, d'un ton suppliant.
Il y avait toujours, au fond de ses yeux dorés, une question pathétique et indéchiffrable. Vicky aurait bien voulu comprendre ce langage muet et, comme chaque fois qu'elle se heurtait à une impossibilité, elle commença à s'énerver.
- C'est stupide, déclara-t-elle. Les bêtes devraient pouvoir parler.
... Et puis, à quoi ça sert de se laver, puisque, après, on est de nouveau sale ?
— D’abord, c’est une question d’hygiène. La saleté empêche ta peau de respirer, de la même façon que si tu te mettais de l’ouate dans ton nez. Ensuite, c’est une question de courtoisie. Si tu continues à ne pas te laver, tu finiras par sentir aussi mauvais que le chien de Mrs Parker, ce qui ne serait pas agréable pour ceux qui t’approchent. Enfin, cela me ferait plaisir.
Quand on est couché, abandonné à d’autres mains pour les soins les plus intimes, on se sent tellement diminué.D’exprimer tout haut ce qui représentait pour elle le métier d’infirmière lui en faisait prendre une conscience plus aiguë.
La tempête n’était plus qu’un oiseau aux ailes brisées, qui se traîne avant de mourir.
Certaines femmes sont très maternelles, d’autres moins. De plus, le chagrin peut momentanément obnubiler certaines réactions.
Pour connaître le dépaysement, il aurait fallu franchir la ceinture de verdure et de fleurs de la ville.
C’était comme un cocon préservé du bruit, de l’agitation, des passions du dehors. Il suffisait de fermer la porte, de tirer les rideaux pour que le monde extérieur disparaisse. Etre deux et ne plus faire qu’un… Tout partager...
A quoi bon ramasser des diamants si on ne peut rien en faire !
Mais oui. Ça s'appelle souffler le chaud et le froid. C'est une technique vieille comme le monde mais qui réussit toujours.
Le passé s'était estompé très vite. Il n'éprouvait aucun regret, aucune nostalgie du pays natal. Il n'avait pris que trois mois de vacances au lieu des six mois auxquels il avait droit et les avait passés au Japon.
Une femme plus expérimentée, telle que Marcia Batteson, par exemple, ou même miss Trottmol, qui affirmait ne plus se faire aucune illusion sur la nature humaine, aurait identifié ce fantôme de parfum qu'on retrouvait dans le sillage de quelques Chinoises jeunes, jolies et très maquillées, ces Chinoises que miss Trottmol nommait « Ces femmes-là » en reniflant très fort.
Ce n'est pas un regret mais une simple constatation Puis, lentement, une inquiétude se fait jour, la jeune femme se regarde dans le miroir encadré de bambou et découvre un visage gris, des cheveux plats et trop gras. Elle n'est pas plus sotte qu'une autre, elle sait bien qu'un mari se conquiert chaque jour. Seulement, elle a cessé depuis si longtemps de faire les gestes nécessaires qu'elle a presque désappris ceux-ci.
Il n'y a pas eu de reproches, pas d'irritation, seulement une lassitude de plus en plus profonde devant cette femme étrangère à tout ce qui n'était pas sa douleur.
Ce qu'on avait dit des pressentiments lui revint à la mémoire et il fit la grimace. Il n'aimait pas penser à ces choses, surtout la nuit. Cela risquait d'amener un rêve, toujours le même.
À quoi bon acheter une étoffe, choisir un patron, tailler la robe ! A quoi bon puisque la petite voix qui disait « Jolie, maman » s'est tue à jamais !
Les rêves aussi signifient quelque chose, reprit Marcia avec une douce obstination.
Ils signifient simplement que vous avez trop mangé répliqua son interlocutrice d'un ton brusque.
Ann songeait à tous ceux parmi lesquels elle vivait, Florence, Catherine, Bernhard, Monica, Lewis, Guillaume, Francis… Qu’elle le veuille ou non, ils faisaient partie de son existence, elle était reliée à eux par d’invisibles fils. Leurs actes influençaient imperceptiblement sa destinée, tout comme ses actes à elle influençaient la leur.
Elle était pareille à ce désert qui les entourait et que les Hottentots appelaient le Namib, « là où rien ne vit ». Les sources de la pitié, de la tendresse, du pardon s’étaient taries, il n’y avait plus que ce vent brûlant qui ravageait tout sur son passage.