Ce n'est pas un regret mais une simple constatation Puis, lentement, une inquiétude se fait jour, la jeune femme se regarde dans le miroir encadré de bambou et découvre un visage gris, des cheveux plats et trop gras. Elle n'est pas plus sotte qu'une autre, elle sait bien qu'un mari se conquiert chaque jour. Seulement, elle a cessé depuis si longtemps de faire les gestes nécessaires qu'elle a presque désappris ceux-ci.
Une femme plus expérimentée, telle que Marcia Batteson, par exemple, ou même miss Trottmol, qui affirmait ne plus se faire aucune illusion sur la nature humaine, aurait identifié ce fantôme de parfum qu'on retrouvait dans le sillage de quelques Chinoises jeunes, jolies et très maquillées, ces Chinoises que miss Trottmol nommait « Ces femmes-là » en reniflant très fort.
Le passé s'était estompé très vite. Il n'éprouvait aucun regret, aucune nostalgie du pays natal. Il n'avait pris que trois mois de vacances au lieu des six mois auxquels il avait droit et les avait passés au Japon.
Ce qu'on avait dit des pressentiments lui revint à la mémoire et il fit la grimace. Il n'aimait pas penser à ces choses, surtout la nuit. Cela risquait d'amener un rêve, toujours le même.
Les rêves aussi signifient quelque chose, reprit Marcia avec une douce obstination.
Ils signifient simplement que vous avez trop mangé répliqua son interlocutrice d'un ton brusque.