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Critiques de Patrick de Friberg (29)
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Les auteurs du noir face à la différence

15 auteurs de polars avec des styles propres et une approche du thème de base bien différente, ont pour mission de nous faire réflechir sur le regard que l'on accorde à l'autre..



Lu rapidement mais pas vraiment marquant !
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Nous étions une frontière

Ce livre rempli son contrat de visibilité. Un titre conjugué au passé qui promet une lecture d'avenir et de bouleversement, une couverture mettant en scène deux personnages célèbres, Poutine et Marianne s'embrassant devant une explosion atomique.

Comment donc ne pas avoir envie de livre l'ouvrage de Patrick de Friberg ?



L'histoire s'ouvre sur un évènement transitoire, la chute du mur de Berlin, en 1989. Malgré l'effervescence ambiante, le point de vu semble suspendu dans le temps, flottant au dessus de la masse berlinoise en mouvance vers l'Ouest promise.

Ce second degré, parfois déroutant à côté de l'agitation extérieure, donne le ton pour la suite.



J'avoue avoir eu du mal à rentrer dans la dynamique du roman. Tout d'abord, il faut comprendre le schéma alternant plusieurs périodes historiques. Effectivement, le résumé laisse penser à une anticipation politique mais nous avons également de fréquents retours vers le passé. Il faut donc apprendre à suivre le fil directeur qui peut facilement se perdre.

Une fois la lecture lancée, nous rentrons dans l'intimité de l'Histoire, c'est-à-dire un envers du décor, on passe de l'autre côté de nos manuels scolaires.

Souvent confrontée à des thermes compliqués aussi lointains que mes cours d'Histoire, j'ai fortement apprécié accompagner ma lecture de quelques informations complémentaires. Se perdre entre les thermes et les positions politiques représente un risque de ne pas comprendre la subtilité des certains éléments.



Les acteurs principaux de cette réflexion sont Vladimir Poutine, élément intemporel puisqu'il apparaît autant dans les flash-back que dans les anticipations, Marine Lepen, récemment positionnée à la tête d'un Etat en 2019 allié à la Russie par un pacte d'alliance économique, Gunther et « Jean », personnages fictifs (mais représentatifs) chargés de missions d'espionnage.

Au début, nous pensons suivre à travers leur regard la suite des événements mais c'est avec surprise que le livre prend une dimension de thriller. Sûrement pour donner un rythme encore plus effréné à l'histoire, l'auteur nous plonge dans un monde en pleine transition avec une vengeance comme toile de fond.



La lecture de ce livre n'est pas aisée. En effet, entre les références politiques et historiques, le nombre de personnages, les nuances et les non-dits de l'auteur, le sens de certains passages peuvent restés obscures. Je pense cela-dit qu'il ne faut pas livre ce livre comme un roman mais plutôt comme une source de réflexions et d'idées, une occasion d'être le spectateur invisible des plus grandes scènes politiques.

Malgré cette danse entre les secrets d'Etats, les intentions cachées des plus hauts placés, nous percevons clairement le véritable électrochoc de l'auteur. C'est avec géni que Patrick de Friberg met en lumière les véritables dangers qui menacent notre société actuelle.

Sans utiliser de moyens flagrants et exagérés, il fait doucement clignoter l'ampoule de remise en question, de la réalité souvent assombrie par les mensonges et les vaines promesses.



Le Jazz est également un personnage principal du livre. Personnellement, je l'ai perçu comme une représentation de la Liberté. Les « apartés sur le Jazz » de Gunther font sourire si on reste sur cette vision. « du bon travail de la section Désinformation du KGB de vouloir faire danser les jeunes sur des mélodies hippies, en leur faisant croire qu'ils écoutent du Jazz. »

L'illusion d'une liberté n'est-elle pas l'arme la plus persuasive pour une société de dictature ?

Ce genre musical, si important, si vital pour Gunther, représente donc bel et bien, à mon avis, cette soif d'émancipation, ce risque audacieux à prendre au nom de la libération.

Pourquoi un tel amour pour le Jazz se retrouve-t-il dans le personnage de Gunther ?

L'interprétation de toutes choses est personnelle mais il me semble évidement qu'ici, la vérité s'impose.



L'opinion et la position politique des personnages est souvent difficile à cerner, ce point a parfois ralentit ma lecture. Il faut savoir lire entre les lignes et se souvenir de chaque subtilité. le fait que cela rende la lecture compliquée n'est pas en soit un problème mais la preuve du talent de l'auteur, intimement lié au monde complexe de la politique sous-marine.



La partie d'anticipation du roman est tout à fait passionnante, j'ai beaucoup plus aimé les sauts dans ce futur proche et plausible plutôt que les passages dans le passé du début. Nous sommes donc en 2019 et l'ordre mondial vole en éclat sous la domination des gouvernements d'extrême droite tandis que l'OTAN n'est plus qu'un vestige du passé. Se lançant dans une troisième Guerre Mondiale contre la domination islamique, la France, prolongement du bras d'une certaine Marine Lepen, se recouvre d'un sombre nuage de violence et de complots.

Entre le royaume de Vladimir Poutine et le nouvel empire du Front National, le monde semble plus que jamais voué à sort funeste.



En résumé, Nous étions une frontière de Patrick de Friberg, partagé entre le genre du thriller et de l'anticipation, nous ouvre les yeux sur notre propre époque. Nous vivons en plein tournant historique et de telles lectures ne peuvent qu'éclaircir ce que le reste passe sous silence. Avec un regard franc et intelligent sur ce qu'il se passe, l'auteur nous divertit et nous pousse vers une évidence à prendre ou à laisser.

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Le dossier Rodina

Un espion Français en mission en Lettonie tombe amoureux d'une espionne Allemande/Russe. Bizarre me direz vous? Je dirai que c'est la règle lorsque qu'on est un espion : connaît ton ennemi mieux que tu ne te connais toi même et tu gagneras la partie. Tout bascule cependant : Mary, l'espionne, a été assassinée, une mise en scène accuse son amant. Ce dernier arrive à s'en échapper. Il oublie jusqu'au jour ou il est nommé directeur du renseignement Français et que le squelette de Mary est retrouvé en Lettonie.



La couverture du livre est magnifique avec un sous marin sur la 1ère de couverture. J'avoue que cela m'a fait pensé à la poursuite d'Octobre Rouge. D'où mon choix de lecture.

Cependant, j'avoue avoir été déçue. L'intrique qui a la bonus de s'implémenter dans l'histoire en faisait participer de célèbre politicien tel que Poutine m'a paru rempli de bric à brac. Les personnages sont morts mais ressuscitent, celui qui croyait trompé est finalement celui qui se trompe.



Bref la lecture pour moi a été fastidieuse avec une situation géo politique que j'avoue n'avoir pas très bien compris.



Je remercie l'opération Babellio de m'avoir fait découvrir ce livre, même si je n'ai pas spécialement accroché, je vais tenter un autre livre de l'auteur.



Amateur de roman d'espionnage, laissez vous tenter, on se sait jamais, vous aimerez sûrement.
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Le dossier Déïsis

En cette rentrée littéraire, juste avant que les 659 romans français et futurs oubliés, envahissent nos rayons et repoussent au fond de la classe nos romans québécois, je voudrais revenir sur ce petit coup de théâtre de cet été dans le roman d’espionnage, et particulièrement d’ici, au Québec. Le critique Norbert Spehner nous a révélé l’affaire de son ironique plume début juillet par une petite critique, juste quelques lignes. J’avoue, avoir été quelque peu surpris. C’était dans le dernier numéro de la Presse du Dimanche, puis l’information fut reprise sur Cyberpresse, pour terminer sous sa plume, en plus développé, dans la revue ALIBIS du mois d’aout (numéro 31, supplément en ligne).



Je suivais le talentueux et énigmatique Mornevert, depuis des années, celui qui avait dénoncé la quatrième équipe de nageurs de combat qui avait coulé le navire de GreenPeace en 86, avec un best seller en 1989 chez le français Filipachi (Mission Oxygène), mais aussi l’ami de Vladimir Volkoff et l’écrivain de Passerelle Bankovski (JM Laffont) ou d’Homo futuris (Des idées & des Hommes), mais aussi d’une perle de la littérature, introuvable maintenant, parue chez de Fallois, Isabelle… Sur Wikipédia, on annonce encore deux ou trois autres romans, que mes recherches n’ont pas réussies à me faire lire, mais passons: il est des écrivains qui vous marquent et celui-ci est de cette fibre d’originalité, de coups de gueule et de précision de la langue française qui ne laissent pas indifférent.



Patrick de Friberg, l’auteur du spectaculaire Dossier Déïsis chez Castor Astral, est donc le véritable nom de Mornevert, ou du moins celui qu’il veut bien nous donner. Il est canadien, ou franco-canadien, vit dans le plus vieux manoir d’Amérique, à quelques minutes de Québec (on le voit sur Youtube, dans la présentation qu’en a fait son éditeur), à seulement une centaine de kilomètres de chez moi. Il n’a pas d’accent autre que celui très français d’un homme qui semble pouvoir en disposer aisément, comme le suppose celui qu’il use en déclinant quelques titres en langue russe. A l’émission Mille Feuille (RTBF, aussi sur Youtube), il apparait détendu, accent belge, avec ce calme d’un homme discret (hum) qui pousse à quelques questions indiscrètes du journaliste, auxquelles il répond par un grand sourire et le regard vague.



Douze romans sont annoncés (en ligne sur Youtube, encore), préparez vos économies de tapaneux de la lecture : il ne faudra pas en manquer un seul. Du Dossier Déïsis, j’ai été déçu de la maquette un peu « m’as-tu-vu » de l’éditeur mais largement éclipsée par le talent de cet écrivain. Il s’agit d’un thriller ou plutôt d’un véritable roman d’espionnage, à la John LeCarré, à la Deighton. Mais, il y a plus, ce désespoir vis-à-vis de l’humanité, résumé par son Mort au’C, (le “C” de la connerie), celui contre les Grands et les politiques, celui que l’on détecte chez le naïf, avec un sourire, comme ces assassins professionnels qu’il présente froids dans la mission, embrassant leur enfants en rentrant le soir chez nous.



On nous l’annonce arrivant en fanfare chez Albin Michel ou Gallimard ou XO, que sais-je encore (je suis les rumeurs sur le gaillard dans Facebook), mais je le saurai rapidement, mes antennes de fan vont y travailler. Il est chauffé par l’un des plus importants agents littéraire de la place de Paris, Pierre Astier. Voilà un écrivain de chez nous qui se fait vedette à Paris, faut que ça change !



A Laval, Québec, le 29 aout,
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Le dossier Rodina

roman d'espionnage, docu-fiction, enquête politique, tous les ingrédients pour passer un bon moment des deux côtés du rideau de fer, des pouvoirs et contres pouvoirs, des réminiscences de la seconde guerre mondiale à la guerre froide; ce récit très bien documenté, et pour cause l'auteur connait les pays dont il parle et la situation politique et économique de ceux ci qu'il a vécu de l'intérieur; tout cela donne froid dans le dos quand on imagine ce que les dirigeants du monde entier peuvent entreprendre pour manipuler l'Histoire à leur simple profit car nous nous y trompons pas ils ne le font pas pour leur pays. les "fake news" sont en hausse constante, l'Histoire jugera.

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Homo futuris

L'histoire scientifique qui sert de détonateur n'a guère d'importance. Se déroulent alors des aventures à travers les ans de 1986 à 2005, par delà la chute du mur de Berlin, d'Afrique en province française Leipzig, Sibérie etc.. avec toutes les situations et personnages typiques, ce qu'il faut de pincées de psychologie pour donner un début d'épaisseur aux personnages, complots, services secrets, morts maquillées, duels verbaux etc... On rencontre un général membre de la DST et son subordonné, un chercheur, une policière, un colonel du KGB, la Stasi, la CIA, les vieux croyants, les services belges, une conseillère à la présidence française, un président russe et d'étranges (encore plus) personnages.... Un monde si joliment fictif. Il faut décider de s'embarquer, et on est mené avec une agréable fermeté.

Et au passage il y a une catastrophe où la radioactivité est si délicieusement annulée..
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Nous étions une frontière

Un livre étourdissant, qui m'est un peu tombé dessus par hasard puisque qu’on me l'a livré par erreur ! Un beau titre, une couverture absolument superbe, presque hypnotique... ma curiosité a fait le reste et je n'ai pas été déçu : Nous étions une frontière est exactement le genre de roman que j'adore. Un thriller politique qui brasse beaucoup d'Histoire et de complots, qu'on découvre avec délectation remplie d'espions mélancoliques et de politiques corrompus. Impossible à lâcher !!

Le must ? La présence d'une guest-star bien connue, j'ai nommé l'effroyable et magnifique Vladimir Poutine, superbe dans son rôle d'homme araignée, tirant avec gourmandise sur les cordes d'une toile qu'il a savamment tissé pendant plus de 30 ans. Oui, parce que j'ai oublié de vous dire, Nous étions une frontière se passe en 2019... et anticipe tout simplement les conséquences de la montée actuelles du populisme : la troisième guerre mondiale !

Précipitez vous sur ce thriller incandescent qu'il faudrait distribuer dans la rue, voir larguer par caisses entières avant les prochaines élections.

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Les auteurs du noir face à la différence

Les compilations de nouvelles sont rarement satisfaisantes car le niveau des différents écrits qui les composent sont très divers. C'est le cas avec ce livre qui regroupe sous l'égide de l'éditeur Jigal des nouvelles policières en lien avec la différence ou le handicap.



Peut être du fait de ce thème imposé, les histoires sont globalement noires, voire très noires. Peu d'espoir et de lumière dans ces descriptions.



L'ensemble est assez faible, on sortira du lot « L'habit et le moine » de Laurence Biberfeld, sur les pickpokets dans le métro, « La petite mécanique de l'horreur » de Valéry Le Bonnec, sur le sort fait aux albinos dans certaines régions d'Afrique, « On a déconné » de Sébastien Gendron, nouvelle assez amusante au second degré, car imaginant l'enlèvement d'un ministre de la république par un groupe de roms, « Un fauteuil pour deux » de Gaëlle Perrin, qui sait bien conclure une histoire, et surtout « Asperger, mon amour » de Maxime Gillo, qui met le lecteur dans la tête d'une autiste.



Un ensemble à ne pas lire un soir de déprime.
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Les auteurs du noir face à la différence

15 auteurs de polars avec des styles propres et une approche du thème de base bien différente, ont pour mission de nous faire réflechir sur le regard que l'on accorde à l'autre..
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Les auteurs du noir face à la différence

A l’origine, ce n’était qu’une idée en l’air. Le fruit d’une discussion entre quelques auteurs autour d’un verre lors des Quais du Polar en mars 2011 …



C’est à travers un projet imaginé par Fabien Hérisson, proprio de Livresque du noir, qu’est né ce recueil de nouvelles. Avec LES AUTEURS DU NOIR FACE A LA DIFFERENCE Fabien Hérisson a voulu garder la ligne directrice de son site et ainsi offrir la possibilité à des auteurs peu ou pas connus, de faire découvrir leurs écrits en côtoyant des auteurs confirmés. 15 auteurs ont répondu positivement. A l’unanimité, ils ont accepté que les droits d’auteurs aillent au bénéfice d’une association ou d’une œuvre caritative. C’est vers l’association dunkerquoise « Ecoute ton Cœur » qui œuvre en faveur des enfants autistes que le choix s’est porté.





La différence. Un mot qui fait peur. L’homme a peur de ce qu’il ne comprend pas ou ne connaît pas. Etre différent, c’est risquer la marginalisation voire l’exclusion dans notre société. Les regards que l’on porte sur des personnes victimes de discrimination, sous une forme ou une autre, amplifie leur souffrance et viennent sans cesse leur rappeler cette dissemblance. Accepter la différence demande une ouverture d’esprit et signifie le respect.





« J’entendrai des regards que vous croirez muets » Jean Racine



15 auteurs, 15 talents, 15 histoires très noires pour illustrer la différence. Saisissantes, originales, imprévisibles, touchantes ou insoutenables, la diversité de ces nouvelles crée au final un livre marquant. Une belle façon de découvrir de nouvelles plumes. L’occasion pour moi d’approfondir les coups de cœur que j’ai eu à la lecture de ces nouvelles !



Avec la participation de :



Laurence Biberfeld, Valéry Le Bonnec, Thierry Brun, Paul Colize, Patrick De Friberg, Bob Garcia, Sébastien Gendron, Maxime Gillio, Fabien Hérisson, Sophie Loubière, Gaëlle Perrin, Elena Piacentini,

Hervé Sard, Nicolas Sker et Michel Vigneron.



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Nous étions une frontière

La couverture est attirante : un baiser à la russe entre un Vladimir Poutine stylisé et Marianne sous fond d’explosion nucléaire. Le sujet est intéressant : la guerre froide vue par un espion français et son mentor, un juif d’Allemagne de l’Est qu’il a enrôlé sous la bannière tricolore. A cela s’ajoutent un Vladimir Poutine chef du KGB à l’Ouest, déjà très ambitieux, retors, dominateur, incitateur, parfois commanditaire d’assassinat avec pour cadre le camembert berlinois pré-explosion de la RDA puis post-disparition du Mur (l’époque se déroule entre Novembre 89 et 2019, une année apocalyptique où la guerre totale est engagée entre l’Europe et Daesch). Un scénario que n’aurait pas renié John Le Carré.

Seulement n’est pas J. L. C. qui veut. La lecture est rebutante, étouffante pour ne pas dire asphyxiante. Une écriture pleine d’emphase, métaphorique, trop lyrique même à mon goût, alimentée par des phrases hypertrophiées qui alourdissent le texte. Patrick de Friberg est un érudit, personne ne le conteste. La géopolitique est son domaine et il manie parfaitement la philosophie, les idéologies et une grande culture du jazz. Mais son roman n’est pas à la portée du premier péquin venu. Un vieux journaliste que j’ai connu dirait que ce texte n’est pas fait pour le boucher de Pouldreuzic. Sans offenser la caste des bouchers, il n’est accessible qu’à une certaine catégorie d’intellectuels. Il faut parfois relire à deux fois le paragraphe entamé (en reprenant son souffle) avant de comprendre où l’auteur voulait en venir et l’on perd du coup le fil de l’histoire. Pour avoir précédemment lu « le dossier Rodina » qui m’avait fait passer un moment… sympathique, je dois bien avouer que ce « Nous étions une frontière » ne me laisse pas la même impression. Sa lecture a été par moments une souffrance. La deuxième partie du livre est pourtant plus intéressante, mais mon Dieu est-il bien utile de parler de paysages sur plusieurs pages ou des défauts physiques d’individus (la couleur d’une langue ou la forme d’un bouton par exemple) sur un paragraphe. J’ai terminé l’ouvrage heureux, non pas du dénouement parce que je n’ai toujours pas tout compris entre les assassinés, les ressuscités, les amants réels ou les cabotins, les femmes authentiques ou adultères, les traîtres, les renégats, les sincères, mais soulagé. Que diable, revenez à un peu plus de simplicité !

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Nous étions une frontière

Les Barbouzes chez les Trois Mousquetaires, Vingt ans après !



« Nous étions une frontière » est un roman ambitieux à tous les points de vue mais Patrick de Friberg possède les moyens de ses ambitions.



Au niveau de la structure narrative, Patrick de Friberg crée une histoire dans l’Histoire, une histoire complexe qui plus est dans une Histoire qui ne l’est pas moins. Il navigue allègrement entre les années 1980 et l’année 2019, en faisant un grand écart de trente ans dans son récit, en intercalant parfois quelques scènes dans les années 1990 et il fait tout cela sans jamais perdre son lecteur entre les dates, sans jamais que cela soit un fardeau de devoir se souvenir de l’époque dans laquelle se situe tel ou tel chapitre.



Il faut aussi dire que l’auteur structure tous ses chapitres de la même façon : une date, suivie d’un aparté de Gunther, un de ses personnages récurrents, sur le jazz et livré à Jean Lefort, LE personnage central du roman, en 1989, au moment de la chute du mur de Berlin, lui-même suivi d’un titre de Chet Baker avant d’en arriver au chapitre lui-même.



Le choix de l’auteur de placer son intrigue sur 30 ans et dont l’issue se situe dans le futur n’est pas anodin. Il fait de ce livre autant un livre mémoriel qui présente le passé comme un témoignage et le futur comme une anticipation pas si élucubrante que cela qu’un livre montrant à quel point l’histoire et l’Histoire se répètent, à quel point les hommes et les méthodes évoluent si peu. L’étendue temporelle choisie par l’auteur lui permet de boucler la boucle en usant des mêmes personnages quitte à faire revenir les morts à travers leurs fantômes.



Patrick de Friberg n’a pas son pareil ensuite pour tisser une histoire où tous les fils s’entremêlent pour mieux tromper aussi bien son lecteur que ses personnages. A tel point qu’on confond les maîtres et leurs marionnettes, les rôles changeant de main au grès de l’intrigue et des personnages. Chaque marionnette est le pantin d’un marionnettiste dont elle manipule elle-même les fils, personne ne sachant qui manipule quels fils ni quand… une vraie prouesse narrative.



Le style de Patrick de Friberg n’est par en reste car aujourd’hui, sur plus de 450 pages, il faut tenir la distance pour ne pas perdre son lecteur. Aucune chance pour Patrick de Friberg de tomber dans les pièges des longueurs. Le récit est aussi rythmé que parfaitement écrit. Le style utilisé pour le récit des événements du passé confère à ces parties du livre un caractère hautement réaliste : on y est, avec les Jean Lefort, les Gunther et autres François Carignac, Magomed Akhmediov ou Vladimir Poutine en chef du KGB. Le style change quand Patrick de Friberg quitte ses frusques de témoin pour prendre ceux de l’inventif auteur qui doit imaginer l’avenir. Il ne démérite pas non plus dans cet exercice.



Cet aspect « anticipatif » du livre permet à Patrick de Friberg quelques libertés avec l’histoire et l’autorise à dénouer demain toutes les trames entamées dans les années 1980 par l’ensemble de ses protagonistes. Patrick de Friberg ne s’interdit pas non plus quelques réflexions sur les enjeux du pouvoir, sur les coulisses de la politique qui n’est plus alors une fiction et dont l’usage de personnages réels lui permet de l’ancrer dans une réalité d’autant plus sordide qu’elle a les couleurs du réalisme.



L’histoire de Patrick de Friberg a donc le piment de l’aventure, le sel du réalisme mais aussi le sucre du romantisme à travers l’histoire de Jean Lefort et de Kristina, sans pour autant sombrer dans la mièvrerie. Tout y est juste, à propos, parfaitement écrit. Un grand roman d’aventure dont on ressort avec quelques sueurs froides et en ayant perdu quelques illusions, s’il nous en restait, sur les pouvoirs qui agissent dans l’ombre de nos misérables vies.



Et pour ne rien gâcher, il paraîtrait qu’il y aurait une suite à paraître… on se demande bien ce qu’il attend pour nous l’offrir.


Lien : http://wp.me/p2X8E2-Qs
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Le dossier Rodina

Dans « le dossier Rodina (la patrie en russe) », Patrick de Friberg se sert de deux événements ayant eu lieu à 20 ans d’intervalle : l’échouage d’un sous-marin atomique russe dans les eaux territoriales suédoises en 1981 et la « révolution ukrainienne » avec la secession de la Crimée, pour bâtir son intrigue géopolitique. Cette fois, le sujet se déroule en Lettonie il y a 20 ans et actuellement. On voyage dans les deux époques dans un pays où deux entités ethniques s’opposent, les Lettons de naissance majoritaires et la minorité russe ou affiliée (les enfants de couples mixtes). Une minorité déconsidérée pour ne pas dire rejetée par ceux qui ont la priorité du sol. Avec 10%, cette frange de la population opprimée, détestée sert de mobile à l’invasion du pays par les troupes russes. Le plan de Poutine répète le scénario vécu en Ukraine.

A la lecture de ce roman d’espionnage, une évidence s’impose : la guerre froide ne s’est pas arrêtée avec la destruction du mur de Berlin et l’éclatement de toutes les républiques soviétiques. Si le monde a évolué pour certains, il est resté le même pour d’autres. Mieux même, si le parti russe au pouvoir ne porte plus le même nom, si le KGB s’est mué en SVR ou FSB, si les hommes ont changé, il y a toujours une suprématie moscovite qui garde un œil sur les pays du bloc de l’est éclatés et qui tente de les ramener dans le giron pour opposer à l’Union Européenne de l’Ouest, un équilibre unitaire à l’Est. Le rêve de Poutine est sans nul doute de refédérer toutes ces mini-républiques aux destins différents, aux difficultés politiques, économiques intérieures, aux anarchies parfois constituées.

Vladimir Poutine, sans le comparer à Staline, en est peut-être l’héritier. Dans ses veines coule le sang de Raspoutine et il pourrait être le fils caché de Machiavel et de Mélusine. Son ombre est perpétuellement présente dans l’intrigue et physiquement dans les deux derniers chapitres. Un Poutine qui a prévu les difficultés d’évolution d’une Russie dépourvue de ses principales anciennes provinces (républiques), surtout celles aux positions stratégiques avec un accès à la mer comme l’Ukraine et les pays baltes et dépendantes du gaz russe. Il aura commencé son ascension à cette époque et intrigué pour arriver définitivement au pouvoir et mettre sur rail le « dossier Rodina ».

L’auteur connaît parfaitement la géopolitique. Un jeu de dupes où les plus visionnaires l’emportent et où les populations deviennent des jouets et des victimes. Le roman est complexe, non par son sujet, mais par sa trame, avec des rebondissements incessants, des disparus qui renaissent, des morts qui ne sont pas ceux que l’on croyait. Plus de simplicité dans le scénario aurait éclairci le récit. Néanmoins, la lecture est agréable avec des chapitres courts et on se rend la compréhension plus facile en considérant que le monde de l’ombre est vraiment à part, fait de mensonges, de leurres, d’embrouilles, de mystification, de trahisons, de meurtres bien sûr. Comme le pouvoir politique qu’il sert. Dans sa dernière phrase Patrick de Friberg le dit : « je savais que le dossier de la guerre froide ne serait jamais refermé ». Il aurait pu ajouter : et que Vladimir Poutine n’a pas fini de nous surprendre.

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Le dossier Rodina

Un étrange roman bien difficile à analyser reçu grâce à Masse Critique.



De prime abord, la quatrième de couverture qui évoque des tensions entre pays Baltes et Russie et la couverture illustrée où un sous marin côtoie Vladimir Poutine font penser à un roman d'espionnage traditionnel. Le lecteur habitué du genre révise par avance l'équation : sous marin + espionnage égale Tom Clancy et action.



Tout faux.



Le livre commence comme un rapport géopolitique sur les conditions de l'indépendance lettone en janvier 1991 et la situation actuelle de la minorité russe en Lettonie, qui représente prés de 25 % de la population sans bénéficier de la nationalité lettone. La thématique de ce livre est justement fondée sur l'intérêt pour Moscou de jouer sur les minorités russes dans les ex pays soviétiques.



Sur le plan de la prose, cette présentation tient pas mal du rapport administratif. Ne comptez pas non plus sur le livre pour vous faire la visite touristique du centre ville de Riga (magnifique par ailleurs...).



On n'est clairement pas dans du James Bond, mais plus dans du concret, quoique...



En fait De Friberg imagine une savante machination, mise en place il y a des années, et invente à partir de cela, en plaçant de nos jours une révolte russophone en Lettonie. La politique fiction est un art difficile. Il faut garder de la crédibilité et parvenir à intéresser le lecteur. A ce sujet, un peu de vraie action ne ferait pas de mal aux déplacements plan-plan du héros, chef de la DGSE, mais qui passe son temps sur le terrain à tenir des réunions ou à rencontrer des contacts en Lettonie et en Suède.



Manquent à la moisson de données contenues dans ce livre quelques éléments de base : la Lettonie est membre de l'Union Européenne, elle a adoptée l'euro, membre de l'OTAN, son espace aérien est surveillé par les avions de l'Alliance, y compris par moments ceux de la République Française. Sa situation est grandement différente de celle de l'Ukraine avant la sécession des provinces de l'Est. L'idée selon laquelle l'indépendance lettone pourrait être bradée par l'Occident est peu crédible.



Le lecteur est donc face à un roman de politique fiction, vaguement mâtiné d'espionnage, sans James Bond girl, ni matériel high-tech, qui demande pour pleinement y adhérer d'accepter le concept de départ.

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Les auteurs du noir face à la différence

C’est le genre d’aventure qui commence en fin de soirée autour d’un verre, entre potes : des échanges, des points de vue et des discussions animées, forcément animées, sur le monde tel qu’il va — plutôt mal. Puis ça mûrit dans les têtes jusqu’à ce que l’un d'eux, plus obstiné que la moyenne, remue ciel et terre pour aboutir à ce que vous tenez aujourd’hui entre les mains : ce recueil de nouvelles intitulé LES AUTEURS DU NOIR FACE À LA DIFFÉRENCE. 15 regards, 15 auteurs, 15 talents ayant accepté le défi de Fabien Hérisson, le « proprio » du site Livresque du Noir. Thème imposé : écrire sur la différence, sur l’acceptation de l’autre, sur les limites, sur les tabous, sur ce terrible regard qui pourrit la vie de toutes les victimes d’une discrimination. Quelques mois plus tard, voici leurs mots, leurs regards et leurs histoires. C’est brutal, noir, intense et engagé ! Alors faites-en bon usage parce que… Noir, c’est décidément très, très noir.
Lien : http://polar.jigal.com/?page..
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Tsunami

du danger de jouer avec la nature - de la complexité (relative) des luttes souterraines entre pouvoir. Une sympathie apparente de l'auteur pour ses personnages qui nous les fait aimer quels que soient leurs défauts et actions.

Va finir pas me donner du goût pour ce genre.
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Nous étions une frontière

Ce roman d'espionnage acheté lors de sa parution me tentait énormément par sa quatrième de couverture : une intrigue se construisant sur 40 ans à partir de la chute du mur de Berlin jusqu'à une période contemporaine dans laquelle Lepen a accédé au pouvoir et un califat règne sur une partie du monde.

Tous les ingrédients du roman d'espionnage sont bien présents : complot, assassinat, retournement, agents doubles , triples , corruption, ... et l'auteur a construit un scenario riche voire trop riche. Il y a pourtant dans ce roman une idée qui était fort séduisante : celle de la compromission d'un espoir politique de haut niveau d'un pays par des services secrets étrangers (en l'espèce russes via Poutine). Cela m'a fait penser au dossier Steele de l'élection américaine de 2016 mais je suis resté sur ma faim.

Mais surtout le "hic" en ce qui me concerne est au niveau stylistique car je n'ai pas du tout apprécié l'écriture et le style narratif de l'écrivain. Les références récurrentes au personnage de Gunther et au jazz ainsi que l'histoire d'amour du personnage principal m'ont peu convaincu.

Chose rare, j'ai failli abandonné la lecture et j'ai retrouvé un petit regain d'intérêt de lecture à partir du Livre II, partie du livre se situant davantage dans la période contemporaine .

J'ai vu dans les critiques que certains lecteurs ont vu dans ce roman complexe matière à réflexion. Pour ma part, en matière de roman d'espionnage et de géopolitique, DOA reste la référence française de ces dernières années avec "Citoyens clandestins" et "Pukhtu".



















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Le protocole de l'extinction

Le commentaire de Lynda :

Je me dois tout d’abord de dire, que ce roman était littéralement hors de ma zone de confort. Ça me faisait un peu peur, étant donné que la 4e de couverture annonçait un roman très différent de ce que j’ai l’habitude de lire.

Et bien, agréable surprise, j’ai aimé vraiment.

C’est un thriller qui se passe à travers le monde, et à l’heure où l’écologie est vraiment le point central de la planète, l’auteur frappe en plein dans le mille avec ce suspense.

Il y a de tout dans ce titre, de l’espionnage entre autres, des pirates, et même alors que nous sommes en train de nous sortir de cette pandémie, l’ombre menaçante d’une autre pandémie apparaît, qui seront les responsables ?

À vrai dire, tout est une question de nouveauté pour moi, tout est intrigue, politique, mondiale et autres, et ce qui commence avec une équipe de chercheurs, se développe vite en un thriller noir, qui vient nous happer, et ce, assez radicalement.

Pour une lecture hors de l’ordinaire, hors de votre ordinaire, devrais-je dire, je vous recommande ce suspense, vraiment bien écrit qui vous fera voyager à travers le monde dans une suite de cas et de sujets variés !

Une lecture à mettre sur votre liste à lire, c’est bien évident.
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Nous étions une frontière

Chet Baker est mort, vive le Jazz !



Quand l'intérêt supérieur de l'Etat revient à jouer le naïf devant un imbécile, que reste-t-il de la morale ?

La vérité existe-t-elle ? Quel est son poids face à la déloyauté envers

ses amis

ses protégés

soi-même

devant la nécessité de survie par le jeu normal des affaires du monde ?
Lien : https://mesmadeleines.wordpr..
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Genetik Corp

http://labibleurbaine.com/wp/genetik-corp-de-patrick-de-friberg-le-genie-genetique-devient-une-arme-decisive-apres-le-tsunami-japonais-de-mars-2011/
Lien : http://labibleurbaine.com/wp..
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