Dans "Petite Solange", Axelle Ropert présente un drame familial à travers le regard d'une adolescente. Elle nous livre ce que vit profondément Solange, et par là les grands tiraillements du passage à l'âge adulte.
Cette réalisatrice et scénariste est connue pour son cinéma original et hors des modes, ce qui ne l'empêche pas de trouver l'inspiration dans plusieurs traditions cinématographiques, de la Nouvelle Vague au cinéma classique américain (Ernst Lubitsch, Leo McCarey, Fritz Lang) et aux cinéastes des productions Diagonales (Paul Vecchiali, Jean-Claude Biette).
Elle revient avec "Petite Solange", un film à hauteur d'enfant, qui montre comment Solange, jouée par Jade Springer, une adolescente qui vit le divorce de ses parents, joués par Léa Drucker et Philippe Katherine.
Ne montrant pas les disputes de manière frontale et ne donnant jamais à entendre les cris, le film souligne la dureté du passage à l'âge adulte et la profondeur des drames quotidiens. Il s'est vu décerner le prix Jean Vigo.
Olivia Gesbert invite à sa table Axelle Ropert pour nous présenter son dernier film, "Petite Solange" en salle dès le 2 février.
#cinéma #PetiteSolange
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- Il avait rejoint l'O.A.S. ?
- Tout de suite. Ramon était gendarme, tu sais, en souvenir de papa. A défendre l'ordre, il a fini par croire que cette terre lui appartenait...
-Et toi ? Tétais quand même pas pour les Algériens ?
- Pour eux, non. Je leur disait: votre idéal, ça date de 1789, c'est des conneries ! L'indépendance, ça vous apportera que désillusions et fanatismes...
J'étais pas pour eux, mais j'étais avec eux.
-Ramon pensait que u avais trahis...
- Il pouvait pas penser autrement. Et les Algériens, eux, ils me traitaient de réactionnaire...Personne ne me comprenait.
— Vous lui avez donné les jumeaux, intervient Bellec.
— Enfants du viol ! Mais je m’occuperai d’eux comme s’ils étaient des enfants de l’amour… Je viens d’avoir vingt-huit ans, et il me semble que j’ai passé la soixantaine ! La laideur est contagieuse, vous savez !
— Je ne me pose jamais de questions auxquelles je ne sais pas répondre. Je m’assois sur la margelle et j’attends que la vérité sorte du puits.
— La vérité est souvent cruelle, rétorque le commissaire.
— Je la préfère aux suaves mensonges.
Tout le monde le croyait africain, mais il était d’origine italienne et s’exprimait dans un français approximatif. Les enfants en avaient peur. Par bravade, ils jetaient des pierres sur ses fenêtres. Geste inutile – les carreaux avaient disparu depuis longtemps. C’était pourtant un brave homme que la méchanceté assidue des garnements avait rendu hystérique. Il lui arrivait de parler seul, de hurler des anathèmes. La guerre n’avait rien changé. Il continuait son métier. Bellec l’apercevait souvent quand, de son salon, il écartait les rideaux pour guigner la rue.
Les corps se prennent, se bousculent, se pénètrent, se détendent, repartent à l’assaut, s’essoufflent et rient.
Il n’y a pas d’amour heureux sans rires.
Ce lieu était propice au crime.
Peut-être à cause des tsiganes, il passait pour maudit.
Personne n’osait s’y aventurer, même pas les pauvres riverains dont les maisons donnaient à l’arrière sur de petits jardins où les femmes suspendaient leur linge.
Seuls les enfants étaient attirés par ce pré aux allures sauvages. C’était leur propriété. Ils jouaient là, ballon prisonnier, gendarmes et voleurs…
Voyez-vous, j’ai haï mon mari dès notre nuit de noces. Ses habitudes, enfin ses manies heurtaient la jeune fille que j’étais, bien élevée, réservée… Je me suis réfugiée dans une chambre d’amis. Il m’a poursuivie, m’a frappée. Il hurlait que je devais aimer ça… Je vous passe les épithètes… Il faut que vous sachiez que je me purge de ces saletés. Il me traitait de salope, de vicieuse…
Il faut se rendre à l’évidence : on nous ment. La police ment. Et nous devrions accepter ces mensonges pour sauver la face de nos gouvernants ?… La terreur règne sur Toulon… Nos concitoyens vivent dans une peur constante… Parce que tout devient possible…
Rien ne prouve que les prochains assassinats ne concerneront pas nos voisins, nos proches ou nous-mêmes !
— Tu penses à nos deux jeunots ? demande-t-il.
— Non ! Dès qu’ils auront tâté du concret, ils s’assagiront. Ils sont plus qu’intelligents, ils ont un bon sens de l’humour et, tiens, du bon sens tout court. Ne les assimile pourtant pas l’un à l’autre. Ils sont différents. Chacun ses objectifs. Chacun sa pensée.
Ce n’est pas qu’elle éprouvât de l’admiration, encore moins de l’amour, pour son époux (mariage arrangé entre deux familles influentes), mais il y a les enfants. Maintenir à flot le prestige de leur père lui a paru indispensable.