Pollen aux lèvres le vent s'époumone
Brisé le vase de pierre
Le pot-aux-roses est vide
Quelques rides sur l'eau
Les variations des nuages
Le fantôme de l'amour
Nous vivons de silence
( revue Arpa n° 117)
Or et le jour
Extrait 1
Marcher le long, marcher pris dans le gris de pluie et le goudron des routes entravées creusées aux villes créées pour mordre
la poussière.
*
Que dit le jour, il est blessé, perdant travée bleue des yeux du ciel, que dit le jour ?
Il pleut
sang noir, aveu d’encre.
*
//Isabelle Lévesque (1967-)
Or et le jour
Extrait 3
Si jour se fait,
ce sera toi.
Une fois, cent fois, une heure, un jour, une retenue d’eau, tes doigts meurtris, mille ans de ciel fixé immobile, entre tes doigts, poussière de sable ne passant pas, le temps gardé, plus que l’éternité, les heures immobiles des forêts
l’été,
le temps vertueux dans sa prière, assis de face, épaule claire ou de miel touchée des lèvres – pas dû, cette grâce rendue possible.
Mille ans de jours d’été, la nuit beau fixe et le cœur, happé, rendu secret dans son murmure unique, nul mot encore, le frémissement des phrases jeté dans l’ombre où nous gardait soleil des arbres.
Entre tes doigts, plume gardant l’encre – racontera et sa mémoire aura redit souffle et rythme du jour pris dans le vide (si tout est jour, si ce toujours), toi au cœur du temps
perdant sauvé.
Tu as pris dans tes mains, je l’ignorais,
l’été.
Tu as écarté
la chute
– les reins ce sont tes mains.
*
//Isabelle Lévesque (1967-)
Or et le jour
Extrait 2
Le jour n’est pas certain, toute arrivée précédée de tes pas, ne se décide pas. C’est un espoir.
Le feu des braises assuré, silex morcelé, à frotter la pierre, attendre lumière où ce feu des eaux qui marcherait sur tes pas.
Ne souffrir qu’un retard, prison, mur de feu, silencieux départ. Et mes rêves.
*
//Isabelle Lévesque (1967-)
le vieil homme au vieil arbre prête sa canne
Or et le jour
Extrait 4
Vidons la nuit du jour – coupe pleine et entière.
*
C’est l’instant d’avant
le printemps.
//Isabelle Lévesque (1967-)