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Critiques de Philippe Barthelet (5)
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L'Olifant

Un livre qui est plein d'humour et d'érudition, d'anecdotes et qui m'a fait faire des découvertes sur la langue mais aussi sur la littérature et l'histoire à chaque page. Pour ceux qui aiment retrouver des mots anciens et l'origine de mots dont on use et abuse actuellement quand on n’en invente pas de complètement incongrus. Même si vous n’êtes pas en complet accord avec l’avis de l’auteur ce livre est un plaisir de lecture.

«Obsolète est un vilain mot. Tout d’abord, sous ses grands airs latins, c’est un anglicisme importé d’Oxford par quelque encyclopédiste affolé d’idées nouvelles ; on le signale ensuite chez Guizot, et plus récemment dans le manuel d’économie de M. Barre. Repris par toutes les bouches autorisées, il est devenu l’argument sans réplique pour éliminer tout ce qui ne suit pas assez vite la marche du siècle. Déclarer obsolète, c’est mettre hors d’usage ; on suggère au passage que ce qui n’a plus de raison d’être ne dut jamais en avoir beaucoup -- ce qui permet de se livrer à l’épuration lexicale en toute bonne conscience.

Obsolète viendrait de souloir, un verbe obsolète dont le français s’est appauvri. Littré déplorait, avec sa disparition, «une des plus grandes pertes que la langue ait faites» ; n’en déplaise en effet à nos décréteurs d’obsolescence, ce que perd une langue n’est pas seulement son bois mort. Souloir voulait dire «avoir coutume de» -- et il faut au moins trois mots pour le remplacer à peu près.

.....Et ce sont les mêmes, qui se hâtent de déclarer obsolètes tout ce qui n’est pas dans le journal de la veille, qui inventent les pires monstres quand leur lexique les gêne aux entournures : c’est ainsi qu’une dame, qui se voulait la pythie de la République, parlait de la coutume de «s’à-plat-ventrer» devant l’Est ; Chrétien de Troyes lui eût avantageusement soufflé le verbe «s’adenter», se coucher sur les dents -- on est ainsi plus près de mordre la poussière.»



Cela rappelle une autre dame :

« Qui n'est pas venu sur la Grande Muraille n'est pas un brave et qui y vient acquiert la Bravitude.»



Cela, c’est moi qui l’ajoute ainsi qu’une pensée de Kafka :

«En lésant la langue, on lèse toujours le sentiment et le cerveau ; on obscurcit le monde, on l’anesthésie par le froid»

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Entretiens avec Gustave Thibon

Une belle découverte que ce livre d'entretiens, qui me donne envie d'approfondir l'auteur. Dans ce livre, il parle presque plus de Simone Weil que de lui-même, ce qui est aussi grandement appréciable, mais Thibon semble avoir l'esprit vif et acéré, un observateur attentif de son temps, et même s'il se refuse à prophétiser, il a tout de même de bons pressentiments sur la suite : les dieux de la technique ayant chassé ceux de la nature, et l'homme se dirigeant vers le transhumanisme. Une lecture qui en appelle d'autres, car en grand spécialiste de Victor Hugo, il m'a donné envie de retourner piocher chez notre grand poète, et de relire Simone Weil, entre autres.
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Entretiens avec Gustave Thibon

Je crois que je ne pouvais rêver meilleure introduction à Gustave Thibon que ces entretiens avec un homme accroché à la terre comme les racines d’un arbre, penseur bien éloigné des sachants de salons.

Ami sincère de la philosophe d’origine juive Simone Weil – à ne pas confondre avec la femme politique Simone Veil ! –, dont il n’oubliera jamais le souvenir tendre, Gustave Thibon c’est un attachement à la tradition qui ne verse pas dans la fascination du totalitarisme – procès d’intention d’ailleurs souvent fait aux amoureux de la France charnelle.

Ces entretiens, donc, coulent de source ; une source ardéchoise de préférence, là où naquit et mourut Gustave Thibon. On voyage dans le temps et la pensée d’un homme qui aura fait de grandes rencontres, connu une vie de savoir, d’émerveillement, sous le manteau protecteur de la foi.

Il y a surtout une poésie douce, et non moins inquiète, dans ces échanges avec Philippe Barthelet, lequel, par son érudition, sait relancer avec brio Gustave Thibon qui, dans sa simplicité, produit d’aussi belles phrases : « En fait de poésie et de littérature en général, je me sens extrêmement hospitalier. C’est un domaine où je pratique un œcuménisme sans réserve. Je n’ai pas ces préférences massives et ces exclusions absolues qui sont assez fréquentes » Plus loin, on peut lire : « En effet, la poésie doit éveiller et garder éveillé. Mais éveillé à quoi ? À ce qu’il y a d’éternel dans l’homme, à la vie profonde, non mécanisée… »

Thibon avait un attachement particulier à la monarchie, reliée à Dieu évidemment : « Il y a dans l’institution monarchique une sorte de transparence au divin, une délégation de pouvoir de Dieu lui-même. » Ou encore : « Il y a un mystère royal, qui est la forme la plus parfaite du mystère de toute autorité. »

Au sujet de Dieu, Thibon fait crédit – du latin credere, qui donne « croire », explique-t-il. « Et c’est aussi la beauté du christianisme, qui exige ce saut dans l’inconnu. »



Et à ceux qui hurleraient au loup d’Ancien Régime, je rappellerai, de manière peut-être outrancière, que la démocratie, par les urnes, a donné Hitler en Allemagne… « Les tyrannies n’ont pas de meilleur terreau que la décomposition des démocraties », dit encore Gustave Thibon.

Loin de de ces spécialistes philosophes de notre époque, qui savent si bien tout sur tout qu’ils n’ont plus que le vide à remuer pour parler, Gustave Thibon avance humblement dans le savoir : « Un philosophe, encore une fois, ne doit pas prétendre avoir réponse à tout, mais il doit connaître l’art de situer les questions. »

Gustave Thibon constate que notre temps – c’est-à-dire les années 1980, mais la suite lui donne raison – se détache de son passé, ses traditions : « La perte de la mémoire [dangereusement déléguée aux machines selon lui] est à la fois oubli du passé et effacement de l’éternel. […] Aujourd’hui, on a abandonné le temps à lui-même : comme il n’est plus imprégné d’éternité, il tend vers la discontinuité pure. »

Gustave Thibon avait compris l’emprise du fameux entertainment (divertissement), qui sert des intérêts plus sombres : « Non seulement donner les choses en spectacle contribue à les dénaturer, mais par-dessus le marché on choisit parmi ces choses que l’on donne en spectacle. Ce qui permet aux pouvoirs, aux lobbies ou mafias divers d’orienter l’opinion dans le sens désiré. Les préférences massives, la partialité, l’intolérance, ne sont pas même déguisées… »

Et dans cette société où règne la machine, « il y a un danger énorme de robotisation de l’humanité, c’est-à-dire, à travers l’érosion de la mémoire dont nous parlions, de perte des sentiments profonds – d’érosion de l’intelligence, de l’âme et du cœur ».

Que faire ?

« Il faut donc opérer une révolution en soi-même, se créer une conscience à l’épreuve des modes, des opinions, des pressions de la foule, pour se dégager des conformismes sociaux et s’y opposer. »

Mieux : « C’est de la qualité des êtres que dépend plus que jamais l’avenir de la civilisation. »

Gustave Thibon est mort en 2001 et n’a, de ce fait, pas vu la catastrophe du monde présent. Il n’en reste pas moins que ces entretiens sont une lumière, petite certes, mais toute lumière peut éclairer les consciences et les âmes…



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Entretiens avec Gustave Thibon

A la recherche d’une bouffée d’air pur ? Relire ce livre, plonger de nouveau dans l’histoire de ce 20ème siècle s’ouvrant sur la guerre civile européenne et s’achevant sur le fait terroriste du 11 septembre.



Dans notre siècle de certitudes immédiates, de scientifiques assurés de leurs vérités multiples, de technologies technologiques, quel bonheur d’aller à la rencontre des écrivains, des poètes, des philosophes accompagnés par Gustave Thibon. Parler de la poésie, de la métaphysique, de la science, de la religion, de la télévision au lieu des chiens écrasés des médias abrutissant…







Ce livre d’entretien aurait pu ou du être titré ‘’entretiens avec mon grand-père’’, tellement la voix est proche, familière, douce et bouleversante. Gustave Thibon avant de quitter le siècle, le regarde avec affection, familiarité et évite de justesse une pointe de désespoir sur la fin.



Céline, le prosateur magnifique pour Voyage ou Mort à crédit. Cette phrase inscrite en tête d’un cahier de Simone Weil. ‘’La vérité c’est une agonie qui n’en finit pas. La vérité est du coté de la mort. Il faut choisir, mourir ou mentir. Je n’ai jamais pu me tuer, moi.’’ Quand la prose évoque avec la force de la poésie.



Passer au salon avec Victor Hugo et son fils Jean, Georges Bernanos, Charles Peguy, Marie Nöel, Montherlant, Paul Valéry, Mallarmé, Raoul Ponchon….
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Entretiens avec Gustave Thibon

parut en 1988, je suis scotché. Sage , métaphysicien et poète.

"Dieu a créé l'homme le moins possible"

Blanc de Saint Bonnet.

Tout y passe, la télé, le manque d'intelligence artificielle ou non, poésie et métaphysique.



métaphysique

nom féminin

Recherche rationnelle ayant pour objet la connaissance de l'être (esprit, nature, Dieu, matière…), des causes de l'univers et des principes premiers de la connaissance.
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