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Citations de Philippe Diolé (20)


Là où le rêve et l'action s'avancent côte à côte, en silence, dans l'épaisseur des eaux, l'homme pour un instant se sent d'accord avec la vie. Cela se raconte-t-il, je n'en suis pas certain.
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Il n'est pas vrai que le plongeur soit comme un poisson dans l'eau. Du poisson, il n'a pas les réflexes vifs, la puissance toujours aux aguets. Peut-être me comprendra-t-on si je dis qu'il se meut dans la mer comme on vole dans les rêves.
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Les problèmes qui se posent à nous dans la mer sont ceux mêmes qui se posaient à la surface du sol, voici quelque huit mille ans. Lorsque l'avant-garde des plongeurs cherche à répondre aux questions de la tribu, elle ne dispose pas de mots, elle ne sait que dire. Et Philippe Tailliez réclame un Rimbaud. Pourquoi ? Parce que la poésie "s'abreuve à des sources que nous n'avons pas encore rendues accessibles à la science", parce qu'en attendant les définitions scientifiques, la poésie est le langage le moins menteur pour évoquer une réalité encore mal débrouillée et qui échappe à la raison.
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On réclame une transposition poétique qui soit digne de la réalité marine. Vieux drame que l'homme a connu avec le paysage terrestre. De ce drame, les tableaux des musées sont autant de témoignages. Il aura fallu des générations de peintres, de dessinateurs et de poètes pour exprimer plus ou moins valablement l'émotion humaine devant un paysage, pour gagner un accord de plus entre les lignes de la terre et la sensibilité humaine, entre un fond de forêt et notre tristesse. Que de détours pour évoquer les beautés terrestres, les cerner, les appréhender, acquérir une richesse et une richesse encore. Et voici qu'au XXè siècle, toute cette œuvre est à transposer dans l'eau. Combien faudra-t-il de temps et d'hommes pour essayer sur ce monde qui s'entrouvre les clefs les plus valables. p108-109
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C'est un travail de marins que cette grande distribution de plantes qui a changé le visage de la terre. Que de voyages par mer à travers le monde pour composer ces jardins où nous nous promenons. Que d'audaces marines et que de naufrages pour respirer une fleur ou mordre dans un fruit. p47
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Je ne sais quel orgueil nous vient d'être dans l'eau les témoins d'une œuvre inconnue. Que serait la beauté sans l'homme ? Mais inversement de quel manque, de quelle mutilation l'homme n'est-il pas victime aussi longtemps qu'il ignore l'univers des profondeurs ! p 107
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Bientôt en surface, tout ce harnachement de lest et de bouteilles va peser comme une courbature. Il faudra bagarrer pour rattraper sa condition terrestre alors que la paix et l'équilibre de l'eau s'offrent encore comme une tentation. p99
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Ce pays sans nom n'a d'autre frontière qu'un plafond à fleur d'eau et à fleur de ciel. Je puis oublier ici que j'ai mauvaise conscience pour la planète. Le destin que m'offre la terre, je le tiens pour une trahison de l'homme. Je viens chercher aux portes de la mer une autre voie qui me réconcilie avec la vie. p97
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Alors, qu'est ce que je fais ici ? Couché sur la vase, accoté à une roche, regardant monter des bulles dans l'azur de l'eau, je caresse en moi la douceur d'une délivrance, la joie paisible de l'échappé de prison, qui s'est assis dans l'herbe et regarde les champs, les fleurs du talus, un peu de terre dans le creux de sa main.
Je goûte au fond de l'eau le silence, la paix du foyer, le bonheur du préhistorique qui a découvert une grotte inaccessible aux bêtes, inconnues des tribus rivales. p96
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J'aime les lieux où l'homme cesse de se croire fort. Prenons le temps de sentir ce dénuement. Misérable comme un ermite. Ici visser un boulon deviendrait un problème. Pour savoir dans quel sens tourne le robinet de la réserve d'air, il faut déjà s'appliquer. p95
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La plongée m'a appris que pour enchanter l'esprit il suffisait de bien faibles miracles corporels : un instant d'immobilité au dessus du vide, une seconde pendant laquelle la misère humaine s'abolit.
Nos servitudes terrestres sont si constantes que la moindre libération en faveur de notre chair intéresse notre âme. p62
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Toute l'histoire de la civilisation se résume peut-être dans le désir de conquérir un peu de dignité pour le corps humain.
Lui donner une gloire planant, le déifier en inventant des raisons de le soulever de terre.
Poésie, mythe, religion, peinture, tout cela par quoi l'homme parvient à la lévitation, a peut-être plus de rapport avec la chute des corps qu'avec l'esprit. p62
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Je pense aussi - assez timidement - que quelques accessoires vont avec le scaphandre : une humilité apprise dans l'eau, une défiance à l'égard de l'esprit humain, une grande indulgence pour ses incertitudes et ses détours, quelques familiarités avec les images voilées qui échappent à la raison mais commandent la vie, une naïveté parente de tous les archaïsmes, sensibles aux mythes et aux fables plus qu'à la science. p 24
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Il n'y a pas bien longtemps que l'homme a égaré sa sensibilité, mais il est trop visible qu'il en souffre. Il vit dans la nostalgie de je ne sais quel poème ; peut-être menteur, mais dont la privation rend amer. Installé dans son assurance de terrien, dans sa science insuffisante et sa fausse générosité, il n'a plus droit qu'à la rigueur de l'esprit. Ce ne sera pas trop de toute l'eau des mers pour combattre cette sécheresse et détendre cette rigueur. p 201
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Que nous importe en définitive cette beauté [marine]. C'est le premier piège auquel l'homme doit échapper en entrant dans l'eau, le premier contre-sens qu'il doit éviter ; s'enchaîner d'un décor n'est pas une conquête. C'est le plongeur qu'il faut éclairer, le plongeur et son âme au seuil d'une autre vie. p165
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Je suis las de décrire fidèlement des paysages sous-marins. Si belles soient ces images, elles ne mènent à rien. Il faut avoir le courage de tenir les beautés marines pour accessoires.
Ce qui importe c'est nous-même dans l'eau et cette espérance confuse de dépasser notre condition. p165
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Si longtemps que je plonge, si longtemps que je vive [...] je suis ici pour un long affût, résolu à guetter dans l'eau. Je retournerai m'accouder au bord du néant, fidèle à un rendez-vous fantaisiste.
Je suis sûr que cette attente ne sera pas inutile, car si je ne peux espérer en moi, je peux bien espérer en mon successeur. L'homme n'est pas fini. Après moi, quelqu'un viendra attendre dans cette chambre et d'autres après lui. La porte restera ouverte. p98
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Rien ne me parait aussi important que de vivre une indolence aquatique fleurie d'image et d'écouter dans le silence de la mer cette voix qui parle en moi et qui dit qu'elle n'est pas d'accord avec le monde.
Il arrivait autrefois qu'on ne fût pas d'accord avec sa ville, avec son pays. On disait non à des concitoyens, à des compatriotes. Faut-il dire non à toutes la terre ?
Eau, ma patrie silencieuse.
J'ai trouvé cet abri providentiel, ce palais vide. Je m'y sens bien, comme un clochard à l'abri. p97
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S'il est vrai qu'un "paysage est un état d'âme", il doit être vrai aussi que la découverte d'un autre monde est la conquête d'une autre âme. Les plus grande richesses de la mer, c'est peut-être en nous que nous les cueillerons. p11
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Plonger, c'est manier sans tricher les images qui nous sont les plus chères, c'est rejoindre nos rêves. p12
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