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Citation de Iboo


Iboo
14 décembre 2017
Chapitre III - Chronologie du processus génocidaire

En janvier 1933, Staline envoie dans les campagnes d'Ukraine de nouveaux activistes communistes prolétaires citadins des villes russifiées et soviétisées, commandés par Postychev afin d'accélérer, avec l'aide de toutes les forces de sécurité et militaires, les réquisitions annoncées. Jugé inefficace, le Parti communiste d'Ukraine est "purgé" de ses membres encore trop ukrainiens.
En hiver et au printemps 1933, la famine atteint son point culminant : 25.000 Ukrainiens meurent chaque jour. Le cannibalisme et la nécrophagie se déclarent. Les autorités ne pouvant faire enterrer les cadavres, trop nombreux, les charniers sauvages se multiplient. On enterre les gens sur place, dans leur jardin, dans les ornières des chemins, sous les ponts - là où ils trépassent.
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Chapitre V - Témoignages de survivants

Maria Myronivna Maïster
née en 1928 - du village de Viitivka

[...] Puis la dékoulakisation a commencé. Une nuit, mon père a enterré quelques sacs de grain sous la grange. Le lendemain matin la brigade était là et fouillait partout. Ils ont trouvé les sacs et, en punition, ils ont brûlé la grange et ont emmené mon père pour une garde à vue. La nuit suivante on a frappé à notre porte : c'était notre père couvert de bleus. On s'est jetés dans ses bras de joie. Mais la porte s'est à nouveau ouverte sur quatre hommes, l'un tenait un fusil. Ils ont poussé mon père dans la cour puis on a entendu (en russe) : "Pour complot contre le pouvoir soviétique..." et un coup de feu. Ma mère n'a pas survécu longtemps à ce malheur, elle est morte un mois après.
Pour nous commença une vie infernale d'orphelins. Je ressens encore l'horrible sensation de la faim permanente, les douleurs dans la tête, la marche éreintante, la peur de s'allonger pour ne plus se relever. Une vieille voisine, Khivria, nous donnait parfois des pommes et des poires desséchées et, plus rarement, une soupe d'épluchures de pommes de terre.
Au village beaucoup moururent, partout, sous les ponts, sur les routes ou chez eux... Le pire était la peur du cannibalisme. Dans une maison voisine mitoyenne à notre jardin vivait un jeune couple avec un petit garçon. Après la mort du mari, la femme est devenue folle et elle a cuit dans une marmite son enfant. Elle l'a mangé.
[...] Je me demande encore comment nous avons pu tenir jusqu'à l'arrivée de notre tante qui nous a prises chez elle et nous a ainsi sauvées de la mort.
[...] J'ai maintenant deux enfants, trois petits-enfants et cinq arrière-petits-enfants. Je ne veux pas qu'ils connaissent la famine, jamais plus de famine sur ma terre ukrainienne.
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