Pierre Debresse

Depuis sept jours la citadelle résistait. Mais c’était la fin. La veille, Hasdrubal avait fait annoncer qu'il ne fallait plus compter sur la moindre parcelle de nourriture. L'eau allait manquer également car les Romains avaient coupé toutes les canalisations souterraines.

Le soleil apparut et réchauffa leurs membres glacés. Ils rejetèrent la peau de mouton qui les couvrait pour mieux recevoir la caresse de ses rayons matinaux. Ils se mirent debout et se rendirent compte de leur faiblesse. La tête leur tournait et ils durent s'accrocher l'un à l'autre pour ne pas tomber.

Dans les rues, la foule murmurait ; la foule qui d'un coup ne voulait plus mourir. On avait aperçu Hasdrubal et quelqu'un avait fait remarquer comme il était resté gros. Puisque Carthage était détruite et que son chef était resté gros, tout le monde désirait abandonner une lutte devenue inutile. Un hoplite déposa ostensiblement sur un créneau, une à une, les pièces de son armure trop lourde, et l'on vit son corps maigre couvert de blessures. Un frondeur baléare, connu pour son adresse, montra son épaule squelettique et déclara en riant qu'il craignait de voir se détacher son bras en faisant tournoyer sa fronde. Un lanceur de javelots ibère dit qu'il n'avait plus de javelines ; il avait rongé le bois des deux dernières.

Alors, un groupe d'hommes silencieux sortit de Byrsa. Ils étaient sans armes et portaient chacun un bouquet de verveine, l’insigne des suppliants.

Scipion accepta la reddition et accorda la vie sauve à tous, sauf aux transfuges de l'armée romaine.

La nouvelle connue, chacun se prépara. Les uns se rassemblèrent près des portes. Les autres, ceux à qui la vie était refusée, pour la plupart compagnons du déserteur Bithyas, ramassèrent leurs armes et montèrent au temple d'Eshmoun, derrière Hasdrubal, sa femme et leurs deux enfants. Quelques-uns enfin, trop faibles pour marcher, restèrent sur leur grabat. Arishat était de ceux-là, du moins le prétendit-elle, et les deux jeunes gens en pleurs la supplièrent en vain de les suivre.

Ils sortirent cinquante mille et, dans un silence tragique, passèrent entre les légions alignées. Des hommes sombres et résignés ; des femmes sans âge, portant parfois sur les bras un bébé mort ; des enfants nus et sales, aux ventres gonflés, aux mines faméliques.

Une farce que l’on fait à l’ivrogne qui veut aller au Valhalla. On vous le met ivre mort dans une vieille barque qu’on abandonne au fil de l’eau. Ne croyez pas qu’on l’envoie à la mort. Un fort courant côtier connu des gens d’ici et des initiés pousse invariablement la barque à une plage au pied d’une falaise. Quand au jour l’homme reprend ses esprits, imaginez sa tête de se retrouver seul dans un lieu inconnu en compagnie des oiseaux de mer. Les amoureux en quête de solitude s’offrent souvent cette petite aventure excitante, d’où le nom donné à cette falaise.

Certains l’appellent Miklagard, d’autres Byzance, ou bien encore Constantinople . Mais pour les Vikings c’est la ville d’or. Tous rêvent d’en escalader les formidables murailles. C’est la ville la plus riche du monde et sa splendeur dépasse, tout ce qu’on peut imaginer.

Ce n’était pas si facile. Solliciter une audience était une chose, l’obtenir en était une autre.

Il ne redoute qu’une chose : entendre tomber de la bouche aux lèvres comme une fleur les mots qui le blesseront plus cruellement que ne le ferait une épée : « Je ne t’aime pas, Gudrod. »

Ce que j’irai chercher, c’est plus éclatant que l’or, plus limpide que la perle, plus doux que la soie… Tu ne vois toujours pas ? C’est l’amour, gros bête !

Un beau mariage, cela se prépare avec soin. Pour le réussir, il faut pouvoir choisir. Ce qui implique la nécessité de connaître et d’être connue.

Une vengeance longuement mûrie qui serait parfaite dans sa cruauté et ferait de deux êtres abominés un cadavre et une épave.

Tu es comme une flamme qui attire les papillons ; les plus grands, les plus beaux, ne sont peut-être pas encore venus…