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4.15/5 (sur 26 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Lectoure , le 16/10/1942
Mort(e) à : Paris , le 10/06/2008
Biographie :

Pierre Feuga était romancier, essayiste et traducteur français (du sanskrit et du latin). Spécialiste du vedānta, des cultes de la Shakti et du tantrisme, il enseigna également le yoga pendant vingt-sept ans.
Au terme d'un long périple en voilier qui le conduisit jusqu'en Nouvelle-Calédonie (où il donna ses premiers cours de yoga), il s'installa à Paris et y enseigna jusqu'à son décès

Source : Wikipédia
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Entre ceux qui voient l’aura du premier coup d’oeil, ceux qui s’imaginent la réincarnation d’un grand prêtre égyptien, ceux qui sentent monter leur « Kundalini » dès qu’ils ont une petite démangeaison du fondement ou qui croient léviter dès que passe un courant d’air, entre ceux qui brûlent de vous débloquer les « chakras » et ceux qui veulent vous magnétiser entre deux portes, on ne sait vraiment à qui décerner la palme de la charlatanerie narcissique et de la crédulité satisfaite
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En fait tout peut servir à l’Éveil, tout peut aller vers l’Éveil car l’Éveil ne s’oppose à rien 
Je ne prêche rien, je n’enseigne même rien, je n’utilise pas l’argument que « la vie est brève » ou que « l’on ne vit qu’une fois », je dis seulement aux gens : ne soyez pas superficiels, quoi que vous fassiez, faites-le sincèrement, à fond; ne soyez pas frivole ou alors faites de votre frivolité une voie d’Éveil
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« Une seule chose en cette vie mérite d’être cherchée, et c’est l’Éveil »
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Rêver est indispensable, vivre ne l’est pas
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Il y en a qui yamaniyamisent du matin au soir et il y en a qui se fichent des yama-niyama.

Il y en a qui occupent une heure de yoga avec trois postures et il y en a qui enchaînent soixante postures à la demi-heure.

Il y en a qui inspirent de bas en haut et il y en a qui inspirent de haut en bas.

Il y en a qui se dopent au kapâlabhâti et il y en a qui, au bout de cinq respirations, prennent un air de héros fatigué.

Il y en a qui méditent à l’aube, d’autres le soir, certains tournés vers l’est, certains tournés vers eux-mêmes, et d’autres qui ne méditent pas du tout, et d’autres qui croient méditer.

Il y en a qui s’ennuient en méditant et il y en a qui ne savent pas qu’ils s’ennuient en méditant.

Il y en a qui beuglent des mantras, d’autres qui bricolent dans le tantra, d’autres qui dessinent des yantras, et d’autres qui confondent mantras, tantra et yantras.

Il y en a qui savent le sanskrit, d’autres qui font croire qu’ils savent le sanskrit et d’autres qui s’imaginent qu’en Inde tout le monde parle sanskrit.

Il y en a qui sont allés en Inde, je veux dire dans un ashram en Inde, et d’autres qui ont peur d’aller en Inde, des fois que l’Inde ne ressemble pas à l’Inde.

Il y a des gouroulogues, des gourouphones, des gourouphiles, des gouroulâtres, des gouroulacariâtres, des gouroumaniaques, des gourouphobes, des gouroupathes, des gouroucides, des gourouphages, et il y aurait même encore quelques gourous.

Il y en a qui ont lu les Yoga-sûtra et qui regardent de haut ceux qui n’ont pas lu les Yoga-sûtra. Il y en a qui font semblant d’avoir lu les Yoga-sûtra, d’autres qui en ont lu un résumé. Et il y en a qui les confondent avec les Kâma-sûtra.

Il y en a qui sont pour les écoles — écoles du nord, écoles du Sud, écoles du Nord-ouest, du Sud-sud-ouest, Cachemire du XIIe siècle, Bihar du XIVe, tantrisme sikh, jaïnisme de la Main gauche… — et d’autres qui sont contre les écoles (à bas les systèmes, vive la spontanéité !) et d’autres qui disent que toutes les écoles se valent, tout est dans tout n’est-ce pas, et ceux qui changent d’école tous les deux ans et ceux qui ne supportent pas qu’on change d’école.

Il y en a qui ont six chakras, dont trois ouverts, et d’autres sept, quatorze ou soixante-quatre, et tous ouverts, ou bien alternativement, et puis qui peuvent ouvrir les chakras fermés des autres, ou bien fermer leurs chakras ouverts, attention pas de fausse manœuvre. Et puis il y a les malheureux qui n’ont jamais senti en eux le moindre chakra et n’osent pas l’avouer, sauf quand ils font un rebirth.

Il y a ceux qui combinent yoga et rebirth, yoga et psychanalyse, yoga et karaté, yoga et poterie, yoga et chasse à courre.

Il y a ceux qui ne cuisinent qu’au ghee, qui mastiquent cent huit fois leurs graines hypercomplètes ou bien qui les avalent le plus vite possible, bon débarras, il y en a qui jeûnent et qui le font savoir, qui se purifient et vous le font sentir, qui craignent plus que tout de se réincarner en cochons. Et puis ceux qui mangent des côtes de bœuf en cachette et s’envoient un coup de rouge en se demandant avec une angoisse délicieuse si cela alourdira leur karma.

C’est que oui-da il y a des obsédés du karma comme il y a des fanas du mûla-bandha, des fondus de l’uddiyâna, des frappés de jâlandhara, des forcenés de la bhastrikâ, de vieux babas enragés de mudrâs, flottant dans le samsâra et dans l’odeur du gañja.

Comme il y a des yoginîs fumeuses de bidis, frétilleuses de la kundalinî, expertes en nauli, friandes de samâdhi, goûteuses d’amaroli, virtuoses en sahajolî, qui se font appeler Shakti lorsqu’elles s’unissent à leur Shiva, le samedi soir après le yoga, pour faire maithuna, yab-yum et youp-la-la.

(Mais il y en a tant d’autres qui voudraient bien savoir à la fin ce que c’est que maithuna, et cela les énerve.)

Oui, et ainsi va le samsarâ, et vive Mâyâ qui n’existe pas, si l’on en croit Gaudapâda, il y a des hommes qui se prennent pour des yogis, il y a des femmes qui se prennent pour des yoginîs, il y a des souris et des hommes, des souris et des yogis, et puis,

Shiva-Pârvatî soient loués, il y a des hommes et des femmes qui ne se prennent pour rien, et que le yoga prend dans ses bras et porte doucement, tendrement, et emporte, vers là-bas, qui déjà est ici, et c’est si beau alors et c’est si simple, le yoga."
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Qu'est-ce qui caractérise en effet l'âge kali, selon les Purânas ? Essentiellement l'inversion, la subversion, la destruction ou la parodie des valeurs traditionnelles (ce terme étant pris dans son sens spirituel fort et non dans une acception platement morale). Alors que le premier âge (krita-yuga) était aussi appelé « âge de la vérité » (satya-yuga : ce terme sanskrit satya rappelant le latin Saturnus, dieu de l'âge d'or), on pourrait définir le dernier yuga comme celui de la « fausseté universelle », de la tromperie instituée, de l'illusion triomphante. Les contre-valeurs s'installent dans une espèce d'arrogance béate, au point que ce sont les rares êtres encore équilibrés qui font figure d'« anormaux ». Les barbares, les hors-caste (terme susceptible d'être transposé même dans une société où il n'existe pas de division hiérarchique de ce nom) deviennent la caste prédominante ; la terre n'est plus appréciée que pour ses trésors minéraux ; les agriculteurs délaissent les champs pour exercer des professions mécaniques; les chefs, au lieu de protéger leurs sujets, les exploitent et, sous des prétextes fiscaux, les ruinent les prêtres convoitent les richesses,« vendent les Vedas » (...) le mode de vie uniformise au sein d'une promiscuité générale; le mariage cesse d'être un rite sacré et la femme devient un simple objet de satisfaction sexuelle en même temps que sa vraie féminité s'altère dans la mesure où elle cherche désormais à imiter l'homme ; tandis que la santé et l' apparence corporelle tiennent lieu de culte suprême, les gens éprouvent plus que jamais, la terreur de la mort et la pauvreté les épouvante ; ce n'est que pour cela que subsiste une ombre de religion...

Cependant, cet âge effroyable qui verra la disparition totale de la famille et le mélange anarchique de toutes les classes sociales s' avérera, paradoxalement, « heureux » pour quelques-uns. C'est qu'à la fin des temps la divinité exigera beaucoup moins des rares humains encore capables de se tenir debout(1).
(...)
Quant au début de l'« âge sombre» où nous vivons et dont le terme approche, quelques-uns des continuateurs de René Guénon - n'imitant pas sa prudence mais s'inspirant à vrai dire certains repères qu'il a glissés dans son œuvre - se sont aventurés à le déterminer. Pour Jean Robin, par exemple,« le début du kali-yuga se situerait en l'an 4481 avant Jésus-Christ et sa fin devrait donc théoriquement intervenir 6480 ans après, soit en l'an 1999 ». Gaston Georgel pour sa part (encore que l'on observe certains flottements dans ses écrits) s'en est généralement tenu aux dates 2020-2030 pour la fin du Manvantara.

(1) La même indulgence se retrouve dans la tradition musulmane : « Au début de I'Islâm, celui qui omet un dixième de la Loi est damné, mais dans les derniers temps celui qui en accomplira un dixième sera sauvé. » Voir aussi, dans l’Évangile, la parabole des ouvriers de la onzième heure qui reçoivent, lorsque l'heure du salaire (c'est-à-dire du Jugement dernier) est arrivée, le même denier que ceux qui avaient « supporté tout le poids du jour et de la chaleur ». (pp. 35-39)
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Nous n'attraperons jamais l'Eveil car nous sommes l'Eveil. C'est une joie si insupportable que nous préférons encore inventer un dieu, un diable, un maître, n'importe qui, n'importe quoi mais pas ça, pas cette chose toute simple et qui nous ferait brusquement rire et pleurer. Alors nous retardons, nous éludons, nous remettons à demain, à après-demain ou - chimère suprême - à une autre vie, nous proclamons que les hommes autrefois avaient l'Eveil ou que les hommes du siècle prochain l'auront. Ou bien nous reconnaissons à certains êtres privilégiés le droit d'avoir l'Eveil et pas nous.
Ainsi passe la vie et cela n'a pas vraiment d'importance. Même quand nous le refusons, l'Eveil est toujours là, dans la pénombre, souriant. Il n'attend pas son heure car il n'a pas d'heure. En chacune de nos joies il se glisse, en chacune de nos douleurs il se glisse.
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Dans les Tantras, la Devî personnifie la Puissance totale, la divinité dans toute sa plénitude(1). La femme est Dieu ; Dieu est une femme. Non seulement la Shakti symbolise la Substance universelle, la Nature complémentaire de l'Esprit, comme dans d'autres systèmes, mais elle absorbe tous les attributs qu'on rapporterait plutôt, théologiquement, à son compagnon Shiva ou, métaphysiquement, au Brahman suprême des Upanishads : Conscience absolue, Connaissance illimitée, pouvoir de manifester, de conserver et de détruire l'univers, d'illuminer son adorateur en le soumettant à de terribles souffrances, de le sauver en paraissant le perdre.

(1) Voir, par exemple, cet extrait du Shaktisangama-tantra (II, 52) : « La femme produit l'Univers, elle est le corps même de cet Univers. La femme est le support des trois mondes, l'essence de notre corps. Il n'existe pas d'autre bonheur que celui donné par la femme, pas d'autre voie que celle que la femme peut nous ouvrir. Il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais, ni hier, ni maintenant, ni demain, d'autre fortune que la femme, ni de royaume, ni de pèlerinage, ni de yoga, ni de prière, ni de mantra, ni d'ascèse, ni de plénitude autre que celle prodiguée par la femme.» (p. 46)
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On voit ainsi qu'un Tantra peut couvrir un champ immense d'informations, depuis la plus haute métaphysique (développée surtout dans la tradition du Cachemire) jusqu'au détail le plus concret de nature juridique, hygiénique, médicale, astrologique, architecturale, iconographique, sexuelle, voire culinaire, relevant de l'art floral ou de l'art des parfums. Le fait que tous ces aspects soient presque mis sur le même plan, sans hiérarchie apparente, ne gêne pas le chercheur oriental qui attend de tels livres moins une structuration intellectuelle qu'un support pratique de Libération et d’Éveil. Dès lors tout fait écho, tout peut être bon et rien n'est à négliger (...) alors que l'enseignement védique était réservé aux mâles « deux fois nés », le tantrisme se veut ouvert à tous, sans distinction de caste de race, de sexe ou de croyance ; cette apparente « démocratie » extérieure est néanmoins compensée par une très grande exigence initiatique, une discipline du secret et une ascèse spécifique (...) celle-ci constitue bien, comme on l'a écrit plus haut, une « ascèse» - au sens grec d'entraînement méthodique - mais non un « ascétisme » car les tantristes ne croient à l'efficacité ni des jeûnes ni des mortifications ni de tout ce qui en général brime le corps au lieu d'en épanouir les possibilités ; enfin, en une société fortement patriarcale comme pouvait l'être la société indo-aryenne, le tantrisme introduit ou réintroduit le culte de la Femme divine, ou Shakti, non seulement Mère universelle mais Amante initiatrice.

En cela il corrige une certaine misogynie, voire un certain puritanisme perceptible dans le bouddhisme primitif aussi bien que dans le Vedânta classique. La femme cesse d'être l'ennemie, l'obstacle, la tentation, la grande Illusion qui détourne de l’Éveil ; elle devient l'énergie de l'adepte, sa puissance opérative, son alliée (la « meilleure moitié de lui-même »), voire parfois son guide (...) les maîtres tantriques hindous, pour leur part, se sont toujours évertués à présenter leur enseignement comme une adaptation de la doctrine védique, rendue nécessaire par l'occultation partielle de cette dernière et l'incapacité des hommes d'aujourd'hui de la pénétrer : même si dans cette révérence il a pu entrer quelque prudence et dans cette humilité une discrète ironie, on doit en tenir compte. En somme, les véritables témoins et héritiers de la tradition authentique, ce seraient eux qui savent reconnaître les « signes des temps » et non ces brahmanes qui s'accrochent à la lettre du Veda , comme si l'on vivait encore à l'âge d'or, ou ces ascètes qui nient la réalité du corps sans comprendre que celui-ci, à notre époque, est devenu le seul instrument possible de la Délivrance. (p. 22-24 & 29)
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A la fin du kali-yuga, « lorsque tous les rois seront devenus des voleurs » il apparaîtra, tel le Cavalier de l'Apocalypse, monté sur un cheval blanc (on le figure même souvent comme un homme à tête de cheval), couronné d'un triple diadème et brandissant un glaive flamboyant comme la queue d'une comète. Il châtiera les impies et restaurera l'âge d'or pour l'humanité nouvelle, la huitième. Dans le bouddhisme Mahâyâna, on évoque en termes non moins vibrants un sauveur nommé Maitreya, encore présentement bodhisattva avant de devenir le Bouddha du monde futur. Au Tibet, on parle d'un héros exterminateur des méchants, Gesar, qui naîtra à Shambala, ville sacrée du Nord, et mettra fin à l'âge ténébreux. Comment ne pas penser aussi au « Grand Monarque » de la tradition chrétienne, lequel combattra l'Antéchrist et précédera le « Grand Pape » (le Christ du Second Avènement ?) ? Ou encore aux conceptions islamiques relatives au Mahdî (le douzième Imâm, l'Imâm « caché » des chiites) qui luttera contre le « Messie menteur », avant le retour glorieux de Seyidna Aïssa ?

Toutes ces eschatologies, où la spéculation ésotérique et l'espérance populaire se rejoignent, pointent dans la même direction. Si j'ai fait allusion en dernier lieu à la religion musulmane, c'est qu'une affinité mystérieuse, conflictuelle et complémentaire à la fois, existe entre l'hindouisme et l'islamisme. Astrologiquement du reste, on peut observer que l'hindouisme est placé sous l'influence de Saturne, au dernier ciel planétaire, tandis que l'Islam est régi par la Lune, qui occupe le premier ciel, comme si un axe mystérieux reliait une tradition que l'on a toute raison de considérer comme « primordiale » par rapport à notre humanité - à condition de ne pas donner au mot « Inde » un sens trop étroitement géographique - et la dernière des religions révélées, dont le Prophète Muhammad est appelé le « Sceau des Prophètes » pour souligner ce caractère ultime. La conjonction de ces deux extrêmes - quelle que soit la forme temporelle ou spirituelle, difficilement prévisible, qu'elle prendra - devra donc reconstituer une totalité originelle et mettre fin au cycle humain actuel. (pp. 40-42)
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