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Citations de Pierre Girard (11)


"... Ils ne disparaissent jamais. Leurs livres reviennent obstinément dans les boîtes des bouquinistes, comme les poissons morts que ramène le flot. L'an passé, j'ai vu un appointé qui lisait, au corps de garde, Chaste et Flétrie. Les gens n'ont pas tous du goût, mais ils sont curieux. Curieux des êtres, des choses, d'eux-mêmes. Et les livres sont pour eux des miroirs à trois faces.

Francis de Miomandre disait un jour qu'on pouvait écrire n'importe quoi, et que ce n'importe quoi trouvait assurément des lecteurs. Comme ces peintres qui n'ont peut-être personne à leur vernissage, mais qui sont entourés, tandis qu'ils peignent dans la rue, de jeunes boulangers approbateurs et de petites blanchisseuses admiratives. (On sent si bien cela chez Breughel, la présence, derrière lui et en demi-cercle, de ses petits personnages bruns.)"
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C'était un beau matin de mars et d'Angleterre. Le vent soufflait de l'Est et les navires faisaient route vers l'Amérique, entourés par leur fumée, comme les poètes par leurs pensées.
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Seul M. Bien n'avait pas désarmé. Les mâchoires tirées vers les oreilles, il maniait son couteau avec des mouvements d'assassin. On le voyait lancer sa fourchette dans le flanc des dindes comme un harpon. Il se coiffait de son chapeau, dans le vestibules, avec la violence désespérée de ceux qui, les cheveux enflammés, sortent hagards et fumant de l'incendie.
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Anaïs est digne du génie ou du meurtre. On aiguise pour ces femmes les poignards ou les adjectifs, et un jour, elle sera l'héroïne d'un roman à grand tirage ou coupée en morceau.
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Il entra dans la salle à manger, s’installa pour dîner. On lui servit un beefsteak. C’était son plat préféré.
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Que les départs sont secs à présent qu'il n'y a plus de vapeur ni de fumée autour des trains. Cette odeur blanche qui a été pour notre enfance, celle même de l'espoir ou du chagrin, nous est refusée aujourd'hui. Les soupirs des locomotives, leurs brusques effusions, leur âme pleine de brouillard et de plaintes, on nous les a ôtés. Les trains partent aujourd'hui sans effort, mus par un désir comme des poèmes.
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- Oui, j'ai dit: "les femmes". Qu'avez-vous fait dans ce domaine? A Paris, moi, j'ai rencontré une petite brune. Elle s'appelait Laurence, et je lui ai tout expliqué: les règles du base-ball, du cricket, du hockey. J'ai oublié de lui parler du rugby, je vais lui écrire. Et vous?
- Moi?
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Il pleuvait. Un peuple de désespérés sortait des cinémas, j'aime le noir mélange de la ville, de l'automne et de la mi-nuit ; les mouvements du ciel, les migrations de courlis, les raies de lumière qui passent sous les portes. C'est comme si on surprenait un secret. Les maisons avouent enfin leur crime. Dans les vitrines, les objets éclairés par la douloureuse lumière de la rue nous hypnotisent. Poussé par les milles mains grises du vent, au milieu du rire étouffé de novembre, j'entrais une feuille collée à mon chapeau, dans le bar du Hardi Zébu.
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J'adore l’Angleterre, sans y être allé. La connaissance et l'adoration sont deux choses opposées. Ce serait beaucoup demander que d'adorer ce que l'on connaît. Il y avait dans l'adoration des Rois Mages un élément de curiosité,et, sans doute, d'imagination. “ Aime ton prochain comme toi-même ”, ce n'est pas du tout : “connais-toi toi même ”. Je crois qu'il y a dans l'amour de la découverte, de la divination. Or, il n'y a que cela dans l'amour que je porte aux îles Britanniques. C'est par ses produits que j'en approche, le tabac, le whisky, le curry… Tout cela a un goût, sui generis dont j'ai parfaite connaissance, car je fume des cigarettes Capstan depuis ma tendre enfance. Il y a, dans toutes les choses anglaises, comme dans le bois de santal, ou la laque, un “revenez-y”, sinon tout à fait de Sumatra, du moins de la Tamise. J'imagine que les mouchoirs de la reine Victoria en étaient imprégnés, et qu'on retrouve ce parfum dans les gares et églises. Galsworthy parle, quelque part, de cette substance que ceux qui ont étudié à Oxford semblent avoir respirée et pour toujours, et gardée dans les cavités de l'arrière-nez, ce qui leur donne, pour toujours, un air de délectation.
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On croit les malades inertes, séparés du monde, insensibles. Au contraire, ils sont parcourus par ces lames de fond qui n'écument pas. À l’hôpital, tout ce qui tombe sous les sens est dégusté par les connaisseurs. Ce sont des égaux de Michel-Ange qui apprécient le clair-obscur. C'est l’œil de Léonard qui caresse le visage de l’infirmière, c'est le cœur de Rembrandt qui s'émeut quand les chirurgiens s'assemblent autour du lit. Tout est délicat, ailé, délicieusement vertigineux. Les sons qui viennent de la ville ont effleuré Mozart, les rumeurs qui montent de l'intérieur sont wagnériennes. Le patient, sur son matelas, est enfin un homme libre. Il est là, gisant, mais conscient d'être le lieu géométrique où toutes les forces de l'univers s'équilibrent et se neutralisent…
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