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Citations de Pierre Janet (29)


Certains philosophes, à l'exemple des cartésiens, se sont représenté la conscience comme quelque chose d'invariable et d'immuable sans nuances et sans degrés. Pour Descartes, la pensée existait complète avec le doute, la réflexion, le raisonnement et le langage, ou bien n'existait pas du tout et se trouvait remplacée par le mécanisme pur et simple, par l'étendue et le mouvement. Leibniz au contraire, dans cette philosophie profonde, à laquelle aujourd'hui toutes les sciences physiques et morales semblent nous ramener, avait une toute autre conception de la conscience. Il admettait un nombre infini de degrés et certaines de ces formes lui semblaient tellement inférieures à la pensée normale « que les esprits humains étaient comme de petits dieux auprès d'elles ».
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Pendant vingt ans à peu près, l'hypnotisme méprisé fut abandonné aux charlatans : quelques guérisseurs l'exploitaient encore en secret et plusieurs montreurs faisaient des exhibitions publiques de sujets plus ou moins réellement hypnotisés. Les hommes de science n'osaient plus s'occuper de l'hypnotisme : on le confondait avec le magnétisme animal de mauvaise réputation, on sentait vaguement que cette étude serait compliquée et difficile et pour ne pas s'avouer cette répugnance, on préférait répéter qu'une telle étude était rendue impossible par le danger perpétuel de la simulation ; on considérait comme admis que toutes les erreurs commises étaient dues à la faute des sujets et à leurs simulations de mauvaise foi.
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Pour assurer le succès de l'hypnotisme et lui donner un rôle immédiatement pratique on essayait surtout de s'en servir pour déterminer l'anesthésie chirurgicale. Malheureusement la découverte de l'anesthésie par l'éther beaucoup plus facile et plus certaine vint porter un coup fatal à ces recherches. Un très petit nombre de travaux, comme le petit livre de Demarquay et Giraud Teulon furent encore publiés et vers 1865 la suggestion et l'hypnotisme semblèrent oubliés comme l'était le magnétisme animal lui-même.
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Le magnétisme animal tout à fait déconsidéré en France depuis les jugements des Académies ne disparut cependant pas entièrement ; il se transforma peu à peu et donna naissance aux pratiques de la suggestion hypnotique.
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La mémoire a pour but de triompher de l'absence et c'est cette lutte contre l'absence qui caractérise la mémoire.
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La mémoire est une réaction sociale dans la condition d'absence. En réalité, l'acte de mémoire est une invention humaine, comme tous ces actes que nous considérons comme des tendances banales et dont nous faisons le fond de notre vie, alors qu'ils ont été construits peu à peu, par des hommes de génie.
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Par conséquent, se souvenir, pour un homme isolé, est inutile, et Robinson, dans son île, n'a pas besoin de faire un journal. S'il fait un journal, c'est parce qu'il s'attend à retourner parmi les hommes. La mémoire est une fonction sociale au premier chef.
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On arrive à la même conclusion en examinant ce problème à un autre point de vue ; au lieu de partir des sentiments et de chercher si les modifications viscérales concordent toujours avec eux on peut partir des modifications viscérales elles-mêmes et chercher si elles déterminent toujours des sentiments concordants. « Dans la théorie de James, disait Stumpf, les phénomènes organiques devraient tous devenir des émotions ».
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Malgré la richesse et la valeur réelle de ces études qui ont beaucoup contribué à débrouiller un grand nombre de faits, cette conception philosophique a toujours été accueillie avec un certain mépris et a toujours été considérée comme plus littéraire que scientifique. On lui reprochait d'être une description et une classification artificielle, qui groupait les faits en leur appliquant quelques idées préconçues et qui ne les examinait pas en eux-mêmes : cette critique n'est pas sans importance car elle s'adresse à la méthode même de la psychologie philosophique.
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Dans les études sur l'esprit humain l'ensemble des faits que l'on réunit sous le nom de sentiments a toujours occupé une grande place : les anciens philosophes distinguaient déjà les passions de la raison et la psychologie classique donnait aux sentiments la seconde place dans le tableau des trois facultés de l'âme.
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Un des grands avantages que l'observation d'autrui présente sur l'observation personnelle, c'est que l'on peut choisir les sujets que l'on étudie et prendre précisément ceux qui présentent au plus haut degré les phénomènes que l'on désire examiner.
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Ce sont presque toujours les formes les plus élevées de l'activité humaine, la volonté, la résolution, le libre arbitre, qui ont été étudiées par les philosophes. On s'intéressait naturellement aux manifestations de l'activité qu'il était le plus utile de connaître pour comprendre la conduite des hommes, leur responsabilité et la valeur morale de leurs actions. Mais, quoique cette façon d'aborder la question soit peut-être la plus naturelle, elle est cependant la plus difficile et la plus dangereuse : les phénomènes les plus élevés et les plus importants sont loin d'être les plus simples ; ils présentent au contraire bien des modifications, des développements accessoires qui empêchent de bien comprendre leur véritable nature. Les faits les plus élémentaires, aussi bien en psychologie que dans les autres sciences, sont recherchés aujourd'hui de préférence, car on sait que leur connaissance plus facile à acquérir éclaircira beaucoup celles des formes plus complexes. C'est l'activité humaine dans ses formes les plus simples, les plus rudimentaires, qui fera l'objet de cette étude.
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Aujourd'hui, dans les manuels, on vous répète tout le temps : « La mémoire est une faculté qui nous permet d'utiliser l'expérience ». C'est un enfantillage. L'utilisation de l'expérience est une conduite très compliquée, très difficile et très tardive. Si on avait attendu l'utilisation de l'expérience pour avoir la mémoire, elle ne se serait jamais constituée. La mémoire a commencé pour des raisons beaucoup plus modestes. Elle a eu d'abord des buts très élémentaires, puis ces buts se sont compliqués à mesure qu'elle même se perfectionnait. Il en est ainsi de toutes nos actions qui commencent modestement par acquérir quelques petits résultats immédiats et qui se développent de plus en plus. La mémoire a été au commencement le simple ordre donné, à des absents. Le commandement, si utile avec les hommes, s'exerçait mal quand l'homme était un peu loin, quand le soldat n'était pas présent ; il y a eu une complication du langage quand on a parlé à des absents. Il s'agit d'ordres donnés à des absents et il n'est pas question d'expérience.
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On m'a promis un château. Quel intérêt y a-t-il dans cette promesse C'est de recevoir le château. Si je ne le reçois pas, la promesse est un mot vide de sens qui n'a aucun intérêt. Mais comment est-ce que je puis recevoir le château ? À la condition que la personne qui a fait la promesse s'en souvienne, ou bien il faut au moins que je m'en souvienne et que je puisse le lui rappeler.
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Descartes, à qui l'on attribue la considération de la pensée comme point de départ de la vie de l'esprit, ne parlait du "cogito" qu'au point de vue philosophique. Il a été aussi l'un des premiers à étudier un autre phénomène comme primordial quand il décrivait dans un schéma célèbre un homme assis auprès d'un feu qui retire sa main quand elle est brûlée. Ce mouvement élémentaire si bien étudié par Descartes et par Malebranche est devenu "l'acte réflexe", et toute une psychologie a été édifiée qui prend cet acte réflexe comme point de départ. Griesinger commençait déjà à dire que tous les mouvements de l'homme n'étaient que des complications de l'acte réflexe. Depuis cette époque, un grand nombre d'écrivains ont développé cette idée, on peut rappeler entre autres les noms de Laycock, 1844, de Carpenter, de Horwicz, de Bonatelli, de Herzen, de Charles Richet, et surtout de Bechterew. Ce dernier a soutenu formellement que tous les phénomènes psychologiques pouvaient être présentés comme des complications de ces réflexes primitifs.
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Une hypothèse très intéressante a eu jusqu'à nos jours une grosse influence sur les études psychologiques, c'est l'hypothèse de Condillac qui fait commencer toute l'activité de l'esprit avec le phénomène que l'on a désigné sous le nom de "sensation". On appelle sensation la couleur bleue de ce papier telle qu'elle est dans notre conscience et non dans le monde extérieur, c'est un élément conscient, abstrait de la perception du papier, c'est ce qui reste dans la conscience de cette perception quand on retire l'extériorité, la forme de l'objet, le schéma de cet objet et tous les actes qui dépendent de ce schéma perceptif. Toute la psychologie est fondée sur cette sensation et, quand on a voulu appliquer les méthodes scientifiques à la psychologie, c'est cet élément abstrait de la perception, cette sensation que l'on a voulu mesurer, dont on a cherché les relations avec les phénomènes physiques extérieurs.
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La première source de l’angoisse se trouve donc dans les insuccès. Passons maintenant à la seconde source : les émotions. Nous disions, il y a quelques années, qu’il n’y a pas à proprement parler d’action dans une émotion. Dans l’émotion, disions-nous, nous sommes surpris, mais nous ne faisons rien, nous n’agissons pas : l’émotion ne se traduit que par le désordre, le désarroi.
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Le sentiment du vide est souvent accompagné du sentiment de la perte de l’intérêt, qui normalement remplit toute notre vie, qui est la cause de toutes nos perceptions. Quelquefois il y a seulement la diminution de l’intérêt sans sa disparition totale.
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J'aurais désiré ajouter à ce livre les formes dérivées des sentiments, quand ils se combinent avec les diverses tendances de l'esprit pour former les sentiments sociaux et les sentiments religieux. Mais les observations des malades qui présentent des troubles des sentiments sociaux et religieux et les interprétations nécessaires demandent de beaucoup trop longs développements. Ces études doivent à mon grand regret être écartées pour le moment et réservées pour un autre ouvrage.
Pierre Janet
Paris, 22 juin 1927.
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Ces études ne peuvent pas porter sur tous les phénomènes appelés à tort ou à raison névropathiques, mais elles doivent se borner à étudier les plus importants et les plus fréquents et surtout les mieux connus. La première partie de ce livre présentera une description rapide d’un certain nombre de symptômes qui me paraissent devoir rester longtemps encore dans le cadre des Névrose et qui se rattachent à deux maladies névropathiques fréquemment étudiées aujourd’hui. Dans la seconde partie, j’essayerai de tirer de ces études quelques notions d’ensemble sur ces deux névroses intéressantes, l’Hystérie et la Psychasténie et une conception au moins provisoire de ce qu’on peut appeler en général une névrose.
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