"L' artiste et le musée"
Pour cette séance inaugurale aux cours d'histoire de l'art, les "Paris de l'Art" 2019/2020, organisés par les musées de la Ville de Paris, Pierre Wat, professeur à l'université Panthéon-Sorbonne, s'attarde sur le lien entre l'artiste et le musée.
Séance organisée le 10 octobre 2019 dans l'auditorium du Petit Palais.
En savoir plus sur les Paris de l'Art : http://www.parismusees.paris.fr/fr/les-paris-de-l-art
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Je travaille comme jamais, et à des tentatives nouvelles, des figures en plein air comme je le comprends, faites comme des paysages. C'est un rêve ancien qui me tracasse toujours et que je voudrais une fois réaliser.
0n se souvient de la célèbre définition de l'Action Painting donnée, 1952 , par Harold Rosenberg: "Pour chaque peintre américain il arriva un moment où la toile lui apparut comme une arène offerte à son action - plutôt qu'un espace où reproduire, recréer, analyser ou "exprimer" un objet réel ou imaginaire. Ce qui devait passer sur la toile n'était pas une image, mais un fait, une action. Ce n'est plus avec une image dans l'esprit que le peintre s'approchait de son chevalet; il y venait, tenant en main le matériau qui allait lui servir à modifier cet autre matériau placé devant lui. L'image serait le résultat de cette rencontre."
Je n'apprends pas la peinture, c'est elle qui m'apprend ce qu'elle est.
"Nous avons été d'autant plus fidèles à la peinture américaine que nous nous en faisions une idée fausse"
Claude Monet n'avait qu'un seul luxe : Son jardin, était un des plus beaux du monde. Il en décidait la couleur quelques mois à l'avance. Ils réunissait tous ses jardiniers, leurs disait : " Je veux que cette année tout mon jardin soit mauve."
L'instant d'après, il avait disparu. Pourtant je ne l'avais pas vu partir. Et, par cette absence aussi soudaine que sa présence était forte, je ressenti physiquement, cette évidence: j'étais dans le monde de Claude Monet. pas simplement parce qu'il m'était donné e pénétrer dans sa maison, de fouler l'herbe de son jardin, mais parce que dans cette cuisine où deux femmes semblaient s'être remises à respirer, il m'apparut que, comme l'agneau de l'ait qui rôtissait maintenant dans la cheminée, le monde entier tournait autour d'un point fixe, un dieu barbu qui aimait tout façonner, jardin, maison, plats et tableaux.
En fait, c'est Renoir qui avait raison, il y avait quelque chose de beau, dans ce dénouement. On peignait à partir de rien, comme si on n'avait jamais vu le monde auparavant. On peignait comme des aveugles qui ont recouvré la vue, on peignait comme des affamés.
l'artiste, me dit il, est comme un grand guetteur qui tente de capturer les instants que la nature lui accorde.