Il doit bien y avoir des millions d’hommes qui vivent avec une femme qui rêve de les tuer, et des milliers de femmes dont le mari veut se débarrasser. La seule différence dans ton cas, c’est que tu t’es laissé hypnotiser jusqu’à commettre l’acte.
Elle n’éprouvait aucun amour pour lui – du moins pas l’amour dont elle avait pu entendre parler dans les magazines – mais il était gentil, prévenant. Elle ne fut pas amèrement déçue de constater que Lloyd ne valait pas grand-chose au lit.
Sur le moment, ça n’eut pas d’importance. Elle avait enfin la sécurité, le confort. Lloyd dépensait sans compter, la couvrait de cadeaux, l’inquiétait un peu parce qu’il portait toujours sur lui des sommes énormes. Il buvait aussi, mais en gentleman. Et puis l’alcool avait fait son œuvre, il y avait eu la crise cardiaque et…
Personne au monde, même en bonne santé, ne pouvait supporter une telle dose d’alcool quotidienne, moins encore un homme qui avait le cœur malade.
Il avait une gueule de bois et, à l’insu de sa femme, il avait bu sept ou huit whiskies secs. De plus, il n’avait rien mangé depuis la veille. Et il avait passé au moins huit heures sous un soleil accablant. N’importe qui se serait effondré. Mais son cœur n’était pas en cause. Il n’avait besoin que d’un peu de repos.
Une jolie femme, mariée avec un homme qui avait vingt ans de plus qu’elle. Le mari avait eu une crise cardiaque grave, et cependant ils continuaient à habiter une maison sur une falaise où il fallait monter un escalier épuisant. Est-ce qu’une femme attentionnée l’aurait permis ?