L'air maintenant, parfois, semble porter,
tremblante, une charge invisible.
Mais nous, il faut que nous nous contentions
du visible ; si grand que soit notre désir,
d'atteindre, derrière les jours et la vie,
Jusqu'à ce souffle imprégné de retour.
Comment peut-il, le lointain, être si proche
et ne pas approcher pourtant ? pas jusqu'ici ?
Un jour déjà ce fut pareil. Mais sans,
timide, épars dans le vent, ce bonheur
d'avant-printemps. Peut-être le très-grand n'a-t-il
nul droit d'approcher plus : ainsi croîtrait l'année.
Ainsi l'âme croîtrait, quand monte la saison
de l'âme... Nous ne sommes rien de cela.
Par le lointain, ici, nous sommes arrachés,
élevés et à distance anéantis.